#LVME #02 | La ville et ses fantômes

Sur la devanture d’entrée de l’immeuble, un ouvrier agenouillé frotte vigoureusement le mur pour tenter d’effacer un tag, épais et tourmenté, peint en noir la nuit précédente. C’est le propriétaire de l’appartement du rez-de-chaussée qui l’a remarqué le premier en sortant faire ses courses ce matin et qui l’a signalé à la Mairie. Le netttoyeur porte une combinaison tachée d’anciennes Continuer la lecture#LVME #02 | La ville et ses fantômes

#LVME #01 | A sept heures cinquante, comme chaque lundi, tout recommencera

A sept heures cinquante, comme chaque lundi, tout recommencera, mais pour l’instant tout est calme. La lumière rasante du soleil d’hiver révèle peu à peu la grande structure métallique surmontée d’une sorte d’aile qui pourrait aussi faire penser à un navire. Des ombres commencent à franchir la grille d’entrée qui donne sur la esplanade légèrement pentue, qui mène à l’entrée Continuer la lecture#LVME #01 | A sept heures cinquante, comme chaque lundi, tout recommencera

#LVME #02 l un homme de passage

Peut-être qu’il est là, dans l’embrasure de la porte du sept. Peut-être que, malgré tous ses efforts pour se fondre dans le décor, la petite fille du quatrième le voit, sans comprendre, avec cette légèreté étrange qu’ont les enfants quand ils frôlent l’invisible. Il avance. Ou plutôt, il suit. Le rythme, c’est celui d’un autre. Peut-être qu’à force de marcher Continuer la lecture#LVME #02 l un homme de passage

#LVME #02 | l’homme au blouson

À cette heure de la matinée le parking de l’immeuble est presque désert. Sans difficulté il peut garer sa Renault Mégane sur une des places, côté gauche. Une jambe d’un pantalon sombre, puis une seconde s’extraient de la voiture. Le haut du corps assez grand qui se déploie ensuite arbore un blouson en suédine marron. Dans les mains il tient Continuer la lecture#LVME #02 | l’homme au blouson

#LVME #02 I Laissez tomber les p’tits papiers…

Il, est plusieurs. Jamais le même sous l’habit orange visible depuis toutes les fenêtres qui l’entourent. Il, est aussi elle. L’habit leur donne la même démarche lourde et pesante dans la terre. Habit de pluie, habit de saisons froides et humides quand iel pique avec une sorte de longue épée les papiers gras abandonnés sous les bancs. La chorégraphie est Continuer la lecture#LVME #02 I Laissez tomber les p’tits papiers…

#LVME #02 | le technicien de l’eau

Trois coups de sonnette, un employé de la Saur, compagnie des eaux, demande où se trouve le compteur. La femme l’ignore. L’homme d’une cinquantaine d’années porte un tee-shirt noir, un pantalon noir et un gilet sans manches vert fluo avec le nom de la compagnie imprimé. Il part explorer le garage, l’arrière cuisine, le jardin. Son corps est souple. Quasiment Continuer la lecture#LVME #02 | le technicien de l’eau

#LVME #01 | la Bergerie

Appartement du treizième étage arrière gauche, le 15 janvier 1962 -en réalité le 14 janvier 1963 comme nous le découvrirons plus tard- il est 9 heures du matin. Elle range ses courses, le lait et le pain sur le plan de travail dans la cuisine, la charcuterie dans le frigo. En entrant, elle a posé sur la table de la Continuer la lecture#LVME #01 | la Bergerie

#LVME #01 | en ce jour et à cette heure

Quel jour sommes-nous ? un lundi autour de dix-sept heures…  entre la lumière dorée et les ombres s’étirant vers le soir Le chat imperturbable souverain a retrouvé son royaume domestique sa chatière et ses jeux familiers, les croquettes sont tombées avec une ponctualité horlogère, ont tinté dans la gamelle métallique, un son rond résonnant comme un écho d’éternité tranquille. Dans le salon Continuer la lecture#LVME #01 | en ce jour et à cette heure

#LVME #02bis | présence

Un filet de vapeur vaguement blanchâtre qui s’échappe du soupirail d’une cave dans le jardin désert, file entre les montants en bois d’une chaise longue abandonnée, court sous la table ronde et s’enfuit au coin du bâtiment. Vue de l’espritle courant d’air aime jouer avec la poussière et avec l’imagination de celui qui le surprend. Il y avait ici même, avant que Continuer la lecture#LVME #02bis | présence

#LVME #02 | Le tap-tap

Ils sont deux le plus souvent pour le tap-tap dans le lotissement ; à deux c’est plus facile de frapper aux portes, on a moins peur, on vit moins mal le refus, on s’ennuie moins, on peut même rigoler. « Vendre votre maison, y avez-vous pensé ? avez-vous de projets ? » C’est peut-être plus difficile à dire que « votre toit n’aurait-il pas besoin d’un Continuer la lecture#LVME #02 | Le tap-tap