# Photofictions #02 | De temps en temps

Ici le proche des yeux n’est pas le proche des pieds. Pas de grandes étendues par où perdre la vue, pas d’horizon courbé. Ici, la peau de la terre est faite de pierres, de forêts, de montagnes. Ici le proche des yeux est bien loin pour les pieds tandis que le proche des pieds restera bien souvent, invisible pour les Continuer la lecture# Photofictions #02 | De temps en temps

#photofictions #02 | fin de voyage

Tu descends dans la cuisine et prépares du café. Tu écoutes les informations à la radio en respirant l’odeur du liquide noir, la météo, le tirage du loto. Tu laves la tasse avant de partir. Tu sors la voiture du garage plus tôt ce matin, tu as une course à faire avant d’aller au bureau. Son cul ! Son cul Continuer la lecture#photofictions #02 | fin de voyage

#photofictions #02 | blessures

Vendredi 19 nov 1999, il fait frais à Auxerre, le soleil brille. « Les travaux du chantier avancent bien », rassure t-il son client, « oui, ils seront terminés à Noël, bien sûr ». Depuis la semaine dernière, il s’est attaqué à la toiture: des pannes, des chevrons, des lattes, des tuiles, du ciment, un chéneau, une échelle. Il est jeune, il est pressé, Continuer la lecture#photofictions #02 | blessures

#photofictions #02 | ce n’est pas un musée

Si j’étais un passe-muraille je franchirais le grand portail de bois de la maison familiale près de l’étang de Thau, en face de Sète, dans un village entouré de vignes. Maison vigneronne ne m’appartenant plus depuis longtemps. Le portail n’a pas changé. Un détour par Google Earth donne à voir façade et portail. Mais j’en serais déçue. À l’intérieur tout Continuer la lecture#photofictions #02 | ce n’est pas un musée

#photofictions #02 | Instants volés

Il avait profité d’un instant d’inattention pour s’en emparer. La table était recouverte de vaisselle. On avait mis les petits plats dans les grands. La fête se devait d’être à la hauteur de l’événement: pas moins de trois générations étaient réunies autour de la table. Le repas s’étirait en longueur. Autour de moi les paupières étaient lourdes et les estomacs Continuer la lecture#photofictions #02 | Instants volés

#photofictions #02 | photos de la vie proche

J’observe les bouts de vie que l’on jette ; des carrés de moquette poussiéreux, tachés de gestes maladroits, des tiroirs orphelins, des plantes qui n’ont pas résisté à l’indifférence ou à l’oubli, une bassine en émail bleue, rouillée sur les bords. Une femme s’approche, retire de cette masse hétéroclite un tas de feuilles délavées et les lance rapidement dans la poubelle Continuer la lecture#photofictions #02 | photos de la vie proche

#photofictions #02 (3) | L’effacement (notes de)

Il suffit d’appuyer à plusieurs reprises sur la flèche  et de choisir la fonction sur l’écran. Tu appuies. L’icône de poubelle oscille. Formater ou lieu de basculer. Il est trop tard. Une pression, une seule et les images source disparaissent. Une centaine. Des virtualités: rues, parking, paysages… quelqu’un. Restaurer mentalement ce qui est passé devant le regard et a fait image: Continuer la lecture#photofictions #02 (3) | L’effacement (notes de)

#photofictions #02 | Le baiser 2

La rue s’étire. Le long trait d’asphalte se heurte à la façade carrée d’une demeure bourgeoise. Les réverbères sont éteints. Elle cuisine. Réverbère : c’est un beau mot. Un goût de métal, subreptice et incertain envahit la langue. Sous ses doigts puis le long du poignet, monte le toucher rêche de l’assiette en fer blanc. Une salive épaisse se répand Continuer la lecture#photofictions #02 | Le baiser 2

#photofictions #02 | L’extrême proche du bois

Mars 2020. Vous pouvez sortir de chez vous, autant de fois que vous le souhaitez, il n’y a pas de limite périmétrique, les librairies restent essentiellement ouvertes, mais il est interdit de vous arrêter, vous devez absolument être en mouvement, vous ne pouvez pas vous asseoir, nulle part, hors de question, c’est bon pour une fois, circulez ou je verbalise, Continuer la lecture#photofictions #02 | L’extrême proche du bois

#photofictions #02 | cette photographie, ma préférée

Cette photographie, ma préférée. Je me souviens à peine de ce visage, ou plutôt de cette époque, j’aurais voulu la photographier encore, j’aurais voulu retrouver cet abandon. Dans l’appartement de Bastia un matin, des murs clairs, des meubles en bois d’érable massif, miellés de cires, volutes de fumée, son visage, celui du matin. Elle allumerait sa cigarette, dans ce geste Continuer la lecture#photofictions #02 | cette photographie, ma préférée