#voyages #04 | Cimetières – Voyages plus ou moins réels

La halte Au virage, deux hommes sont accroupis sur un sol pelé et caillouteux. Un ruban que tendent de minces tiges de métal délimite une surface rectangulaire. C’est au virage. Ce sont deux hommes. C’est comme dans Blake et Mortimer. C’est que c’est l’Irlande peut-être. C’est qu’au virage on est au sommet de la butte et au sommet de la Continuer la lecture#voyages #04 | Cimetières – Voyages plus ou moins réels

#double voyage SV

# 05 Nicolas Bouvier Voiture : réussir à faire passer un fil avec un nœud au bout, accrocher le bitonio (la tirette) qui bloquait la porte en position fermée, les clés restées sur le tableau de bord, et après de nombreuses tentatives réussir l’exploit. Prendre enfin la route pour l’étape Plymouth- Hayle. Ville morte : zigzaguer dans les rues à la recherche Continuer la lecture#double voyage SV

#voyages | Voyage A

Permis de conduire perse avec tampon du Congo belge d'Annemarie Schwarzenbach, toujours pas lue. Infos non-vérifiées, mais même juste comme ça, fait écho-echo-tango. J'aime bien. Crédit photo: By Unknown photographer - Driving licence (from Pinterest account of Roberta Craiola), Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78423380

#5 NB, neuf

Ligne droite

J’avais pourtant vérifié du haut de l’écran de l’ordi, ça paraissait facile. C’est en le faisant en marchant sur mes deux pieds, l’un après l’autre, que rejoindre Dolus du Chateau s’avéra…un poil plus long que prévu. Plus monotone que dans mes souvenirs, plus froid qu’anticipé. Continuer la lecture#voyages | Voyage A

#voyages #05 | Quelques points presque solides

Quelques points presque solides Pourquoi lorsque je dis « je suis allée en Iran » j’ai du mal à me croire? Téhéran, Tabriz, Yazd, Ispahan, Shiraz ; c’était pourtant là que tu étais avec moi. Sur la carte les villes sont des points qui ne bougent jamais, dans la mémoire les distances fondent, les lieux déteignent. Un soukPassé la frontière tee-shirt sur Continuer la lecture#voyages #05 | Quelques points presque solides

Le double voyage #3 Le lieu forteresse

Un jour, il a fallu quitter la grande ville grise, la grande ville triste, pour ne pas devenir cendre soi-même. Il a fallu imaginer des toits bas aux tuiles rouges qui pouvaient exister ailleurs. Et si on ne m’avait pas laissé partir ? Et si on avait craint un départ pour toujours ? Dans la lâche débâcle de mon voyage, il y Continuer la lectureLe double voyage #3 Le lieu forteresse

#voyages | 1 | 1. 2. 3. 4.

  1. J’ai ouvert les dossiers dont j’ai hérité et j’ai étalé tous les calques des cartes sur lesquelles tu te brûlais les yeux à force de traits minutieux. Je voulais retrouver celle qui nous avait menés en Italie, ta carte du Quattrocento à cause de laquelle nous nous étions perdus dans la banlieue de Turin. Ironiquement le voyage a commencé par un contretemps. Le chat avait disparu. Les chats devinent les départs et ils se vengent. Comme s’il fallait signifier le sentiment d’abandon en partant le premier. Puis ils reviennent constater avec désinvolture le trou béant qu’ils ont laissé. Je connais cela. La soirée s’est étirée dans un silence tendu à peine ponctué de mots feutrés. Puis la nuit. La porte-fenêtre entrouverte grinçait sur ses gonds. De rares voitures faisaient glisser un faisceau lumineux à travers les rideaux, réveillant les ombres. Tu dormais à poings fermés comme si toi aussi tu t’étais évadé dans une contrée lointaine, me laissant tendue, aux aguets, aux prises avec des visions de fourrure sanguinolente dans un fossé. Je me souviens être sortie dans le quartier, prononçant son nom devant chaque buisson, chaque tronc d’arbre, chaque trou d’ombre, revenant sur mes pas, levant les yeux sur chaque branche, me hâtant en apercevant une silhouette qui aurait pu juger mon comportement incongru. J’imaginais la route que nous aurions dû prendre depuis des heures, son tracé précisément dessiné sur ta carte, avec les noms italiens qui étaient associés pour toi à tous ces personnages que tu faisais revivre: les Sforza, la dame de Forli, Federico de Montefeltre duc d’Urbino. Je suis rentrée. J’ai dû m’endormir sur le canapé. Au matin, le chat dormait à tes côtés

  2. Nous n’avons pas trouvé Moncalieri. Nous l’avons cru avalé par la banlieue ouvrière de Turin. Pourtant je suis allée à Moncalieri il y a quelques années, sous un doux soleil d’avril. Moncalieri est traversé par le Pô mais je n’ai rien trouvé qui aurait pu expliquer pourquoi nous devions aller à Moncalieri, en tout cas rien sur le Quattrocento. Et tu n’es plus là. Nous nous sommes approchés de Turin par la route qui vient de Susa. La montagne était derrière nous, nous avions roulé des heures, insouciants. Nous sommes entrés dans la nuit, dans un quadrillage d’avenues et de rues à angle droit, a destra, a sinistra, nous n’avons rien vu des avenues de Lingotto, peut-être nous sommes nous perdus dans Mirafiori ou dans Nichelino ou bien nous sommes nous retrouvés au nord vers Pozzo Strada ou Parella. Nous n’avons rien vu de Torino. Ni Torino ni Moncalieri, ni le Torino d’aujourd’hui ni le Moncalieri du Quattrocento. Peut-être étions-nous entrés par erreur dans un temps hors du temps où les noms s’étaient perdus. Mais à ce moment-là en suivant les faisceaux des phares de la voiture, un sentiment d’irréalité nous a envahis, comme si nous nagions entre deux eaux; deux scaphandriers, le regard protégé par leurs visières transparentes. Le Quattrocento avait sombré sous les algues du temps, nous ne faisions que passer, côte à côte dans le silence de la nuit.

  3. C’était comme une longue chevauchée. Des ombres glissaient sous les voûtes enténébrées. On longeait le fleuve nappé d’une brume plus dense, des fumées flottaient sur des espaces à découvert. Notre capsule de verre allait d’elle-même poussée par son propre élan. Les rubans des rues se tordaient en cercles concentriques dont les rayons menaient à d’autres murs qui s’échafaudaient devant nous et que nous contournions au dernier moment. Le silence était impossible à briser. Il nous enserrait chacun dans les méandres d’un rêve qui n’en finissait pas. Nous avions abandonné toute velléité de décision. La ville nous digérait lentement.

  4. Est-ce -ce qu’on peut imaginer le souvenir de l’autre compagnon de voyage? Trente-cinq and après tu as évoqué cette halte dans un village du Piémont. Comme dans toutes nos premières escapades, nous nous étions arrêtés quelque part. Tu as dit: on était dans le Piémont. Comme à chaque étape, nous nous étions arrêtés un peu par hasard, quand la lassitude nous prenait ou que l’après-midi était déjà bien avancée, ou qu’un village nous conviait pour une raison où une autre. Tu m’as rappelé ce bord de route ou était-ce juste une petite place devant l’albergo où nous avions dîné. Comme à chaque étape nous avions dormi dans notre chambre improvisée à l’arrière du break dont j’occultais les vitres par des tissus indiens. C’était peut-être entre Aoste et Ivrea. On a pris cette route tant de fois. Mais toi, tu te souvenais de cette après-midi particulière où nous nous étions arrêtés dans un village où plutôt sur le bord d’une route, devant cet albergo tenue par un couple un peu âgé, on dit d’âge mûr. Casalinga. On avait dormi là, la matinée était écoulée, tu dormais encore. Des heures plus tard nous étions toujours là. Repus de soleil, alourdis par le long trajet à travers les Alpes, aux portes de voyage qui nous mènerait à Urbino par des détours que nous ignorions encore. Ce dont tu me demandais de me rappeler c’était de cette aubergiste. Elle était venue bavarder avec moi. Mais je ne parlais pas italien a cette époque-là. Que disait-elle? Tu as dit qu’elle nous avait vu jouer nos parties de go toute l’après-midi, là devant chez elle. Et elle était venue voir ce jeune couple, la porte arrière du break ouvert, installé de chaque côté du go-ban avec ses pierres noires et blanches. Ce jeu qu’elle ne connaissait pas. Ce couple qui n’avait pas l’air de touristes, qui s’était arrêté par hasard, là devant chez elle. Devant son auberge qui ne recevait d’habitude que quelques travailleurs le temps du déjeuner, et rarement plus car on sait que les vacanciers s’arrêtent dans les villes, à Aoste ou à Ivrea où mieux à Cremone. Je me souviens du matin à Cremone. Je me souviens de toutes ces parties de go tout au long du parcours. Elles sont au dos du goban. Entre le 22 juillet et le 29 août 1980 j’en ai compté 54. J’ai réussi à passer de 7 à 5 handicaps. J’ai l’impression de voir un carré d’herbe ensoleillé. Mais je ne me souviens pas de cette femme que tu avais vue venir me parler si gentiment. Ce souvenir si précis que tu l’avais gardé précieusement.


#voyages | métamorphoses

le double voyage #04 | la halte forcée Vous comprendrez je l’espère, les raisons pour lesquelles j’ai été amenée à délivrer deux versions de cette halte forcée. Certaines personnes commençaient à avoir des craintes sur l’état mental de la voyageuse. Il faudra réaliser un bon aiguillage. Un incident technique avait encore ralenti le voyage en train de Cochin à Chennai. Continuer la lecture#voyages | métamorphoses

#voyages #05 | L’autre voyage

L’asile  L’ours bleu  La baleine  Le zèbre L’agneau mystique  Le bal infernal  Il avait vanté les haltes du voyage. L’Italie, Sienne, Venise… Mais elle connaissait l’oiseau et sa chanson déjà, déjà à ce moment-là, oui, et elle n’avait pas là une fameuse connaissance. Les départs du centre de la France vers onze heure du soir pour rallier Amsterdam, rasé de Continuer la lecture#voyages #05 | L’autre voyage