#ecopoetique #06 | souviens-toi

je roule à contre vent dans ce K-Way de marin déchiré et trop grand; mon bonnet pèse comme la fonte ; l’eau trempe ma poitrine, elle inonde ma bouche ; je vois trouble. Loin devant c’est la brume; l’air aux relents de varech et de laine mouillée fume. Les flèches cinglent, je ruisselle . Mes mains endurcies au guidon semblent Continuer la lecture#ecopoetique #06 | souviens-toi

les mardis #03 | L’enfant

L’enfant boit un chocolat chaud dans un bol de porcelaine bleue sur laquelle il est écrit son prénomL’enfant met ses vêtements, il se presse, attrape son cartable et sort de chez luiL’enfant marche vite dans la rueL’enfant arrive à l’école quand la sonnerie de la fin de la récréation retentitL’enfant monte les escaliers, Untel pousse l’enfant sans raisonL’enfant ne répond Continuer la lectureles mardis #03 | L’enfant

#ecopoetique #05 | Ermitage

Entre deux trous une maison rouge. Juillet 2015 elle avait des fleurs et des rideaux. Septembre 2024 à l’angle de la rue du général Leclerc et de la rue de l’Ermitage un volet pend. Croissance démographique post confinement: on abat. Trous sur trous la ville monte en parpaings. Plus de trous – comme dans un gruyère-, plus de propriétaires. Appartements Continuer la lecture#ecopoetique #05 | Ermitage

#écopoétique #03 | Moune en tablier

Œillets de poète, pivoines, dahlias, et roses. Lilas. Terrasse décatie, lézarde de murs. Un escalier de ciment floqué de mousse – je m’y asseyais, je l’observais . La pente du chemin de pierre court vers la route où vont mourir les chats. Le pommier a fleuri ; elle se redresse ciseaux en main: ciboulette et menthe, le jasmin dort encore. Le Continuer la lecture#écopoétique #03 | Moune en tablier

#mardis #03 | Argence

Le moment où elle s’éveille. Chez elle.
Le moment où elle s’éveille. Ici. 
Le moment où elle ne sait comment la porter, la journée
Le moment où l’on frappe, entre, Bonjour, pose café, biscottes. Part.
Le moment où il faut se lever, se hisser, se traîner
Le moment où il faut traverser la chambre, arriver jusqu’à la cuisine. Du studio.
Le moment où il est trop tôt pour téléphoner
Le moment où l’assaillent les idées
Le moment où entre la voisine. 
Le moment où seule avec cette folle Continuer la lecture#mardis #03 | Argence

les mardis | #01 | La voiture couchette

L’odeur du skai se mêlait à celle de la cendre des cendriers argentés ouverts, de la cendre froide. Au froid des vitres, des courants d’air et des rebords métalliques des strapontins, répondait la tiédeur du revêtement de formica des parois beiges. L’insomnie fiévreuse des nuits du départ combattait le répétitif rouleau sur les rails. Les vitres étaient ouvertes pour que Continuer la lectureles mardis | #01 | La voiture couchette

#écopoétique #06 | Hard Rain

Tiens, la pluie, je profite de t’avoir à portée de clavier : la prochaine fois qu’un hôtel sordide brûlera, essaie d’être là à temps pour éteindre l’incendie. Elle et son fils s’en sont sortis salement amochés, sa fille est morte. La pluie, please, ready ?Fais des claquettes, la pluie ! danse sur mes souvenirs. La pluie de Madagascar, tous les Continuer la lecture#écopoétique #06 | Hard Rain

# écopoétique # 06 | variations pluies

Froides diagonales métalliques, ne barrez pas le passage, l’enfant malgré tout se risquera et traversera pieds nus sans parapluie sans paradis. Le monde habite les flaques. Laisse-là, ne la gonfle pas avec tous tes ruissellements, tes fuites en avant, tes fontes des neiges qui la débordent. Arrête-toi, laisse couler la rivière, tranquille comme elle l’est dans nos rives, dans nos Continuer la lecture# écopoétique # 06 | variations pluies

#écopoétique #05 | Maquignons et Egalité

Si on passe par là maintenant, on ne peut pas savoir. C’est au niveau de l’angle droit formé par la rue de l’Egalité — autrefois, rue du Cimetière, mais ça mettait mal à l’aise les élus alors l’Egalité, ça renvoie à Citoyenneté, il fallait y penser — et la rue des Maquignons — on peut se dire qu’il y avait Continuer la lecture#écopoétique #05 | Maquignons et Egalité

#écopoétique #04 | fissures

Revenir à pied : de la gare en bas, monter jusqu’ au plateau. Chaque fois, tu te dis que c’est la dernière. En haut, la ferme, en cours d’écroulement. Prise dans des filets, un piège. Ils font   semblant de maintenir les murs des granges en train de s’ébouler, Pareil pour le toit bâché, change donné, misère cachée. On s’occupe d’elle, ça Continuer la lecture#écopoétique #04 | fissures