#anthologie #20 | ta photo sur l’autel

Tu sembles sorti d’un autre temps. Il faut dire que tu viens de si loin que je peine à situer d’où exactement. Peut-être as-tu été photographié avec un daguerréotype, au milieu du XIXe siècle. D’habitude, sur les autels, il n’y a que des portraits concentrés sur le visage. Difficile de se faire une idée des silhouettes. Mais toi, tu es Continuer la lecture#anthologie #20 | ta photo sur l’autel

#anthologie #27 | Incipits

Mon enfance fut des plus banales. Partagée entre la capitale où mon père avait son travail, ma mère ses habitudes, et une maison de campagne dans un village champenois habitée par une grand-mère et l’ombre de son époux mort trop jeune. Autant Paris était le lieu du confinement, autant le jardin champenois fut celui de l’éveil. Ma grand-mère, institutrice, prenait Continuer la lecture#anthologie #27 | Incipits

anthologie #27 | doux rêves

1 Un homme en tongues et bermuda s’approche de lui et lui dit Vous me faites penser à quelqu’un qui est, en ce moment, à l’autre bout du monde. Comment ça vous me faites penser ? Mais c’est moi et il n’y a pas dix minutes, nous parlions ensemble en regardant la mer. Vous veniez de sortir de l’eau avec Continuer la lectureanthologie #27 | doux rêves

#anthologie #22 | avenue Albert 1er

Avenue Albert 1er, on la prend en voiture, rue qui n’a de l’avenue que le nom, rue à sens unique, chaussée défoncée, la pharmacie à l’angle, à l’entrée de la rue, il faut que ce soit une pharmacie pour qu’encore ouverte, encore fréquentée, pour combien d temps, sans parking, sans aucune des commodités pour se garer, qui pour la tenir, qui pour la conserver, qui pour y aller sinon les pauvres gens qui se déplacent à pied, habitent le quartier, la plus proche est éloignée, d’où l’intérêt que le nombre soit contingenté, ignorer les règles des officines, mais croire que leur installation relève de certaines règles, il faudrait vérifier, savoir déjà qu’on ne vérifiera pas, pour quoi faire, nul projet d’acheter une officine, nul moyen, nul intérêt, mais apprécier toutefois la permanence de cette pharmacie dans ce quartier populaire, Continuer la lecture#anthologie #22 | avenue Albert 1er

#anthologie #24 | dans le TER

Dans le TER qui rejoint Lyon à Valence.En face de moi, une jeune femme souriante. Après consultation obligatoire de son smartphone, elle s’endort. Son visage si plaisant éveillé se transforme, ses mâchoires se serrent pour ne laisser qu’un filet de lèvres et surtout, elle fronce les sourcils si fort que de profonds sillons courent du front jusqu’aux ailes de son Continuer la lecture#anthologie #24 | dans le TER

#anthologie #24 | ils dorment

Ils dorment le dos courbé, front posé sur les bras croisés sur la tablettel’arrière du crâne plaqué à l’appui-tête, gorge déployée et bouche ouvertela tête penchée vers le magazine tombé sur les genouxaffalé sur l’épaule du voisinle front sur les genoux remontés sous le mentonun masque noir cache les yeuxla tête ballotée contre la vitreluttant, la tête s’alourdit, sursaut, se Continuer la lecture#anthologie #24 | ils dorment

#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

Oublié au fond de la mémoire, au fond du tiroir familial, ton vieil album photos est figé dans l’ailleurs. Il attend qu’on vienne te chercher. Qu’on déchiffre le nom des rues, les lieux effacés pour ne pas qu’on t’oublie. Il sera là jusqu’à ta disparition. Il est une image de toi qui attend, inchangée, qu’on te reconnaisse. https://www.tierslivre.net/ateliers/anthologie-12-les-laisses-pour-compte/ Il faudrait Continuer la lecture#anthologie #27 | Trois images de la vie d’une femme

#anthologie #25 | Hyperosmie

CarnetÀ l’appel de cette proposition inspirée par Ryoko Sekiguchi, je vais regarder mon carnet de l’hiver 2022. Surprise, il s’ouvre par ce mot : « L’odeur ».Je le parcours rapidement. Je repère une seule autre occurrence : « Les pieds en l’air – l’odeur de l’herbe – et ce serait l’été. » Verbeen latin, sentireen français, sentir : par le nezen italien, sentire : par les Continuer la lecture#anthologie #25 | Hyperosmie

#anthologie #16 | L’armée

Lui la guarda da dietro i suoi occhiali chiari, ha lo sguardo cristallino dei Carpazi, e le mostra i « soldatini », il generale, il sergente maggiore, il caporale, il tenente, sono tutti pronti, dice agitando le avanbraccia e le braccia in aria in movimento scomposto, come se l’esercito fosse in ritirata e i soldati segretamente spaventati avessero preso la fuga, presto, Continuer la lecture#anthologie #16 | L’armée

#anthologie #27 | trois fois rien = plus

Par la vitre du train remontant la foule, cette femme noire tenant son enfant à bout de bras L’homme était là depuis au moins six heures, penché sur le loquet de la porte de la chambre qui ne voulait pas s’ouvrir et, voyant ma figure désolée, il avait dit : si vous envisagiez ne serait-ce qu’un instant la chose du point Continuer la lecture#anthologie #27 | trois fois rien = plus