#anthologie #31-1 | mort-danse

{suite du texte #anthologie #05} Est-ce que je suis morte ? Est-ce que je suis vraiment morte ? Si je suis morte, alors, pourquoi je peux parler ? Si je suis morte, alors, pourquoi est-ce que tu peux m’entendre ? Parce que tu m’entends ? Hein, tu m’entends ? Tu n’es pas morte, tu es un souvenir. Ce n’est pas la même chose. Parfois un souvenir Continuer la lecture#anthologie #31-1 | mort-danse

#anthologie #24 | femme qui dort

Elle dort. Je crois qu’elle ne fait pas semblant. Ses paupières tremblent, s’entrouvrent furtivement avant de se refermer, comme si le rêve était trop à l’étroit derrière ses yeux fermés. Son récit cherche une porte de sortie. La bouche articule des phrases incompréhensibles. Parfois, un mot plus clair émerge, mais il est rapidement englouti par le flot incohérent des paroles.C’est Continuer la lecture#anthologie #24 | femme qui dort

#anthologie #29 | pas un simple oubli

…Il voulait lui dire, n’avait pas réussi, elle viendrait, elle verrait. Je quitte la nationale pour le petit chemin Il y a trois façons d’arriver au village je choisis de préférence le petit chemin qui est goudronné seulement au début et qui n’est pas entretenu je suis secouée dans les ornières Je n’aime pas la route du bas qui quitte Continuer la lecture#anthologie #29 | pas un simple oubli

#anthologie #31 | parti

Il y a presque quarante ans, je suis mort. Mais aujourd’hui on dirait plutôt : il est parti. Ce n’est pas faux, puisqu’il y a ceux qui restent. Et toi en particulier. Comme tous ceux dont j’étais proche, tu n’y as pas cru: quand tu as appris, tu as pleuré, la nouvelle a tourné dans ta tête, tu as tourné en Continuer la lecture#anthologie #31 | parti

#anthologies #31 | remugles

Je parle d’où l’on m’a couchée un matin qu’il pleuvait, fardée, la mâchoire ceinte d’un cordon, vêtue de cette robe grise prise au magasin des indigents et chaussée : « parce qu’on ne part pas sans chaussures — bottines recousues à gros points qui m’entraient dans l’os – sous peine d’errer sans repos sur la terre », avait dit la bouche au-dessus de moi. Continuer la lecture#anthologies #31 | remugles

#anthologie #23 | sous la surface

Sous le béton, chaque étage révèle un oubli. Au moins un, un empire de rongeurs prospère. Nous, on est à leur service, sans identité aucune. On passe notre temps à trier des déchets, des restes de vie. Chaque geste nous éloigne de notre volonté. Chaque acte nous transforme en rouages anonymes. Pour y échapper, on peut tenter de s’engouffrer dans Continuer la lecture#anthologie #23 | sous la surface

#anthologie #31 | Les pieds devant

Avant de mourir, il aurait fallu se dire une dernière fois les choses, c’est ça qu’il aurait fallu faire, ne rien attendre de l’avenir puisque qu’on n’avait plus le temps de se raconter des histoires, alors j’ai dit à ton père que je voulais mourir, qu’il ne fallait pas compter sur moi pour vivre avec elle, enfin plutôt crever, oui Continuer la lecture#anthologie #31 | Les pieds devant

#anthologie #17 | de sa voix grave

J’étais en vacances à la Martinique, et comme une évidence, je devais passer au Diamant. Il m’avait donné rendez-vous, quand on s’était rencontrés à la Maison de l’Amérique latine, « tu peux passer me voir si un jour tu te décides à traverser l’Atlantique ». J’avais répondu évasivement, entre deux conférences que je suivais sur ses travaux. J’avais l’impression que c’était une Continuer la lecture#anthologie #17 | de sa voix grave

#anthologie #26 | La voix rauque de Piera, le témoignage

Je suis dans le bureau de fra Mauro. J’ai attendu des mois avant qu’il se décide de me présenter Piera.  Tout le monde attend que je parle mais par l’heure aucun son sort de ma bouche.  Je viens de m’extraire du marasme, de cette chaleur, des pétarades en l’honneur du disparu. Une série de feux d’artifices ont été lancés de la Continuer la lecture#anthologie #26 | La voix rauque de Piera, le témoignage

#anthologie #28 | rencontres

#8 Il reste la trace blanche de l’affiche de Cabaret, il reste l’image de Liza Minelli son chapeau, son justaucorps, ses cuissardes et le tabouret, aussi le souvenir de Liza de dos sur le quai de la gare, l’adieu de sa main aux longs ongles rouges. #12 Dans le vieux bazar de Skopje, marcher entre les arches du Kuršumli An, Continuer la lecture#anthologie #28 | rencontres