#anthologie #32 | un rouge

Dix-huit ans qu’elle a quitté son appartement dans la vieille ville, les ruelles pavées, la proximité de la cathédrale gothique, le petit plan et l’ombre des platanes, les arènes romaines, les porches obscurs, pour ce quartier plus récent, ce quartier familier pourtant, à deux rues de celle de son enfance. Ville où elle est née, ville où elle mourra probablement. Une sous-préfecture. Quatre-vingt mille habitants maintenant. Une ville rouge, comme le midi, comme son mari, comme le neveu, comme tous ici. Un rouge, elle dit à propos du mari. Pas communiste, pas de gauche, non, un rouge. Continuer la lecture#anthologie #32 | un rouge

#anthologie #38 | semaine de rentrée

L’été a tenu ses promesses. On a soufflé après les dernières contraintes, résultats, répartitions des classes, à prévoir pour le mois de septembre. On a eu le temps de digérer l’intrusion des jeunes éméchés pendant le spectacle de juin, dédié aux peintres — et à ton peintre en particulier. C’est reparti. On entame une nouvelle année scolaire, il faut penser Continuer la lecture#anthologie #38 | semaine de rentrée

# anthologie # 37 | trois espèces de portes

Je vis ce que j’avais décidé de ne pas voir. J’étais partie à pied, dans l’espoir de me perdre un peu, pour mieux me retrouver et je pensais être arrivée à mes fins. La ville étrangère faisait de moi ce qu’elle voulait et c’est ce que je cherchais. J’avais échappé aux trajets fléchés, sans faire malgré tout l’économie de la Continuer la lecture# anthologie # 37 | trois espèces de portes

#anthologie #37 | ce qu’elle vit avec moi

JE VIS une femme avancer en s’appuyant sur son bâton de marche, une brume de chaleur enveloppait ses gestes. Le bitume fumait un peu, la pente s’accentuait, je me demandais si elle allait pouvoir continuer comme ça longtemps. Elle allait jusqu’à la ville, ce qu’elle me raconta quand je la dépassai en voiture. Elle ne voulut pas monter, elle dit Continuer la lecture#anthologie #37 | ce qu’elle vit avec moi

#anthologie #17 | histoire vraie

Le 9 octobre 2013, à 12h30 précises, je rentrais en voiture à l’Espiguette après quelques courses au Super U d’Aigues-Mortes. Les vacances à la Toussaint à l’Espiguette : un camping désert sous un ciel gris, blues de première classe. Avec la pluie, la route était glissante, et je ralentissais en passant devant l’entrée du Cimetière des Animaux du Grau-du-Roi. Là, Continuer la lecture#anthologie #17 | histoire vraie

#anthologie #37 | Distorsions

Je vis ma mère qui fumait une cigarette à la fenêtre. Elle recrachait toujours la fumée à l’intérieur quand elle parlait. Moi j’étouffais. Je faisais semblant de respirer. Elle ne sait pas que cette histoire me distord le ventre. Elle racontait j’ai le souvenir d’un jour où il est rentré au petit matin ivre mort, hilare en nous réveillant pour Continuer la lecture#anthologie #37 | Distorsions

#anthologie #37 | Je vis d’autres choses et d’autres encore se préparaient à être vues

Je vis Jane Pierny sur l’affiche de Champignol, puis en photo, puis en vrai. D’abord, je l’ai vue sur l’affiche, placardée sur le mur du théâtre. Ça faisait une mise en abyme qui me fascinait. Au rez-de-chaussée de chez madame Vial, la façade affichait en travers, sur toute la largeur du théâtre, THÉÂTRE DES NOUVEAUTÉS. Au centre, au-dessus de la colonne Continuer la lecture#anthologie #37 | Je vis d’autres choses et d’autres encore se préparaient à être vues

#anthologie #36 | au ralenti

Dans l’après-midi finissante, il marche, à travers les prés fauchés, épaules basses, cheveux détachés, d’abord attentif aux insectes – carabes dorés, sauterelles, criquets – comme s’il fallait fixer son attention sur quelque chose pour rester dans la réalité, son pas s’allonge, un souvenir l’assaille, sa jambe gauche fléchit légèrement, on pourrait croire qu’il va tomber, sa silhouette se désarticule dans Continuer la lecture#anthologie #36 | au ralenti

#anthologie #36 | travaux des champs

Visage à hauteur de champ. Champ de vision. Champ de forces. Champ de blé, juste avant la moisson. S’asseoir au bord, regarder. Alignés, blonds et droits, les épis, éclos au sommet de leurs échasses légères. Un peuple entier, prêt à être fauché, à donner le meilleur. Du grain à moudre. Une brise lente incline sans heurts la récolte à venir. Continuer la lecture#anthologie #36 | travaux des champs

#anthologie #36 | Miss Pardon ou le flamant rose

D’abord elle rougit, et se sentant rougir rougit plus encore, s’imagine que tous ne  voient que çà, ne pensent qu’à ça, qu’à elle et son teint de tomate confite, les autres la jugent, sans aucun doute ils la jugent, ah les autres… elle ne connait pratiquement personne ici, elle est mieux quand elle connait ne serait-ce qu’une personne, elle peut s’y Continuer la lecture#anthologie #36 | Miss Pardon ou le flamant rose