#anthologie #40 | quatre: une dernière fois

1.Une femme écrit toute sa vie. Elle écrit pour un oui pour un non disent les autres. Pour quoi faire ? Et la valeur de tout ça ? Elle range ce qu’elle écrit. Ce qu’elle écrit dérange. Prend de la place. Dans une malle, au lieu des tiroirs d’Emily. Dans le ventre de l’ordinateur, prend moins de place. Plus facile à effacer. Continuer la lecture#anthologie #40 | quatre: une dernière fois

#anthologie #36 | le dictaphone

Le dictaphone est sorti, sorti de l’armoire, dictaphone gris, large, large comme les premiers walkmans, rectangulaire, avec des angles qui dénotent une époque, comme le plastique, comme la couleur, comme la matité. Objet technique réduit à une seule fonction à la manière du coupe-papier. Enregistrer, conserver, restituer. Trois verbes, une seule fonction en réalité. Le dictaphone est là, sur le canapé. Le carnet est prêt, le carnet pour consigner, pour enregistrer sur la feuille les mots parlés, pour enregistrer avec l’écriture les mots prononcés. Le carnet est prêt pour retranscrire sur le papier les mots, le grain, les silences, l’accent, les tournures, ce qui se dit, ce qui se tait, ce qui se devine. Continuer la lecture#anthologie #36 | le dictaphone

#anthologie #36 | Défilement incontrôlable

Elle est assise devant la table ronde, concentrée. Elle prend chaque photo, les années défilent, en arrière, toujours en arrière. Du plus loin, cette femme sur la photo encadrée de bords blancs dentelés, la mère de sa grand-mère, un bouquet de dahlias posé sur les genoux, au moins quatre-vingt ans, une vieille femme plus jeune qu’elle maintenant, elle n’en a Continuer la lecture#anthologie #36 | Défilement incontrôlable

#anthologie #40 | un livre, cent pages

Le genre de l’auteur fluctue comme son âge L’auteur qui écrit le matin dit que ses idées qui sont plutôt des histoires , lui arrivent en écrivant, celui de la nuit le dit aussiL’auteur du matin doit se méfier de son imagination celui de la nuit aussi Si l’auteur n’attend pas l’inspiration il entend des phrases ; elles lui arrivent brusquement Continuer la lecture#anthologie #40 | un livre, cent pages

Anthologie #3# Ma porcelaine

Sur ma table de nuit, dans ma chambre d’enfant, il y a une porcelaine. L’ovale doux dur mouillé miroitant ruisselant immortel de mon objet se love naturellement dans le creux de ma main. La partie bombée bien calée contre la paume, l’échancrure dentelée plaquée sur le lobe de mon oreille. Taches brunes et veloutées au contour indistinct mystérieusement incrustées dans Continuer la lectureAnthologie #3# Ma porcelaine

#anthologie # 40 | retour sur…

Il y a plusieurs textes ici, pour lesquels bien certainement les auteur.e.s diffèrent. Une fiction réunionnaise • Un journaliste publie un roman dont l’écriture lui a été inspirée par un double drame : le scandale, de 1962 à 1984, de la déportation d’enfants réunionnais en métropole et un fait divers – la fuite une nuit d’un automobiliste qui vient d’écraser Continuer la lecture#anthologie # 40 | retour sur…

#anthologie #19 | les années disco

La tête de François Mitterrand, en gros pixels bleu blanc rouge, apparaissant  sur l’écran de la télévision le soir du 10 mai 1981. On avait commencé par dévoiler son crâne ce qui avait prolongé le suspens de quelques secondes puisque Giscard lui aussi était chauve. L’enseigne rouge du supermarché Suma et les boules oranges qui éclairaient les allées. Mamouth écrase Continuer la lecture#anthologie #19 | les années disco

#anthologie #39 | collection…

« Les onze heures de voyage en avion lui avaient semblé le double tant ce retour l’oppressait, tant les conditions de ce retour étaient oppressantes. » À Tunis. Le désordre de la foule ; les escaliers comme des avaloirs régurgitant leurs proies devant le poste de police ; l’attente longue, poussant négligemment du pied la valise trop lourde ; les têtes que l’on compte pour Continuer la lecture#anthologie #39 | collection…

#anthologie #35 | en voiture

Elle est assise à l’avant de la voiture, une 504 blanche. À la place du mort. Rue étroite, hauts murs aveugles sur la droite. 

Voix off : on serait un dimanche probablement, après le repas dominical, le repas traditionnel, on l’aurait aidé à débarrasser la table, elle irait rejoindre sa belle-soeur. 

La voiture dépasse une église moderne, qui tient plus lieu de la villa de lotissement que du monument historique. Église moderne dans une ville médiévale. On est dans la partie neuve de la ville. L’avenue est large, on y circule en voiture. 

Voix off : Elle penserait peut-être aux paroles de l’homélie entendue la veille au soir.  Les écoutait-elle attentivement les homélies? Elle parlerait au conducteur. Elle lui parlerait du repas, elle lui parlerait parce qu’elle aime parler, elle lui parlerait parce qu’elle craindrait peut-être aussi le silence, le silence entre eux. Elle parlerait. Elle parlerait tandis qu’il la conduirait, tandis qu’il la conduirait au verger. Continuer la lecture#anthologie #35 | en voiture