#anthologie #35 | bored

C’est le matin. La caméra zoome très lentement sur une fenêtre ouverte au-dessus d’un évier. On distingue le plan de travail sombre, les carreaux de faïence blanche qui encadrent la fenêtre, les montants de bois couverts de peinture écaillée. Voix off : Quand on vit seule dans une ville touristique, les vacances d’été sont un moment difficiles à passer. Le rectangle Continuer la lecture#anthologie #35 | bored

#anthologie #31 | Les morts qui parlent

Au début de ce tournage, j’étais allée en pèlerinage au cimetière des Cappuccini, un lieu où je ne vais jamais, où se trouve mon père, mort il y a 28 ans. Un couple de gens âgés me dit que les morts, ‘votre père aussi’ m’assurent-ils  se mettrons à macher d’un coup vers le lieu fatal ou le Jugement, ils entendent le Continuer la lecture#anthologie #31 | Les morts qui parlent

#anthologie #32 | Palerme brule

 Palerme peut être chaude, brusque, extrème.  Souvent en été, Palerme est en proie à une météo étouffante. Selon la classification de Köppen, son climat ‘méditerranéen’ se caractérise par un hiver chaud et pluvieux et un été sèche et chaude. Entre le mois de juillet et le mois d’aout la ville tend à se vider. Les habitants qui restent sont les travailleurs, les pauvres Continuer la lecture#anthologie #32 | Palerme brule

#anthologie #34 | deux cafés, l’addition.

Elle m’agace. Elle m’agace. Sa manière de se victimiser en permanence. J’ai peur de ces gens qui veulent tuer des gens comme moi. Tuer des gens comme elle. Vraiment ? Quand dans sa vie, a-t-elle été persécuté par qu’elle est queer. Tu fermes ta gueule pour ne pas en rajouter. Sinon tu vas y avoir droit. Au couplet, toi qui es Continuer la lecture#anthologie #34 | deux cafés, l’addition.

#anthologie #31 | le voleur de nom

Coup d’oeil dans le miroir : t’es blanc ? Vérifions le nom quand même, au cas où je me sois trompé de corps : Ly, c’est bien ça. Je distingue quelques traits de chez moi mais jamais je n’aurais deviné seul que tu aies du sang chinois. Ly aussi était chinois. Me souviens encore de son visage, avant qu’on le Continuer la lecture#anthologie #31 | le voleur de nom

#anthologie #00 | à l’aube

À l’aube. J’ai été conçu. J’ai été arque-bouté entre quatre jambes. J’ai été catapulté dans un ventre pendant sept mois. J’y ai bu à la source. J’ai été à mon aise. J’ai été mal à l’aise. J’ai mordu la chair de ma mère dedans son ventre. J’ai joué avec ses nerfs. Je me suis emmêlé à ses veines. Je me Continuer la lecture#anthologie #00 | à l’aube

#anthologie #32 | fin du marché

À treize heures, le marché de la Libération touche à sa fin, et les marchands commencent à remballer leurs étals. Sur l’avenue Malausséna et la place Charles de Gaulle, les premiers comptoirs ferment. Au pied de l’esplanade de l’ancienne gare, enclavée entre les escaliers et les terrasses des cafés-restaurants, les commis poissonniers, le dos courbé, transportent les bacs de glace Continuer la lecture#anthologie #32 | fin du marché

#anthologie #39 | à peine rien

Avancer à rebours, ramener à la mémoire. Collecter, pas collectionner. Des albums de photographies ont survécu à d’autres vies que la mienne, legs involontaire avec images qui font retour : elle sur les marches de bois de la maison de bois à Quincy en Floride, lui étendant les bras quelque part au Congo et l’insupportable arrogance de son geste ; Continuer la lecture#anthologie #39 | à peine rien

#anthologie #37 | images persistantes

Je vis une ombre se dessiner sous la surface, comme une aile noire palpitante. C’était sur une plage déserte, de l’autre côté du globe, tout au bord de l’eau transparente et peu profonde, je pouvais voir distinctement le sable fin qui recouvrait le fond. J’étais assise, échouée et paisible. Je laissais juste mon regard rêvasser sur la mer, aucune pensée Continuer la lecture#anthologie #37 | images persistantes

#anthologie #29 | le photographe de la rue du Taur

Rue du Taur 2023 Lumière douce, fin de journée. Je positionne l’appareil à hauteur des yeux. Vérifie l’exposition. Capturer le narrateur qui déambule, silhouette contre la façade rénovée. La rue du Taur relie jonction de la place Saint-Sernin à la place du Capitole, en plein centre-ville. La place Saint-Sernin n’est plus un parking, elle est devenue piétonne, et le jardin Continuer la lecture#anthologie #29 | le photographe de la rue du Taur