#été2023 #04bis | nuits de la grotte

  1. Dans la nuit de samedi à dimanche, ils ont dormi comme ils ont pu, à quatre sous la couverture. Quant à la grand-mère, elle est restée debout devant la porte.
  2. Dans la nuit de samedi à dimanche, des jeunes ont fait la fête. Ils ont allumé un feu, bu des bières et de la vodka, des couples se sont formés puis déformés, puis ils sont partis en laissant tout sur place.
  3. Dans la nuit de samedi à dimanche, le loup est passé par là. Il pleuvait. Il avait besoin d’un abri.
  4. Dans la nuit de samedi à dimanche, il a creusé. La molasse est une roche friable, il n’a pas eu besoin d’outils très sophistiqués. C’était la pleine lune. Ça aidait, pour la lumière.
  5. Dans la nuit de samedi à dimanche, elle est venue avec du pain et du fromage. Ils dormaient tous. La grand-mère n’était pas là. Elle a déposé le panier, les a observés quelques instants puis elle est rentrée dormir ailleurs.
  6. Dans la nuit de samedi à dimanche, il s’est emmailloté dans un sac de couchage, a promené sa lampe de poche sur les parois, a déchiffré des inscriptions qu’il a transcrites dans son carnet.
  7. Dans la nuit de samedi à dimanche, il est mort. Ils ne sont plus que trois sous la couverture.

#été2023 #03bis | quatre par quatre

Les parents aimaient s’amuser, boire des verres à la terrasse des cafés, préparer des pique-niques, se déguiser entre amis. Les garçons avaient grandi dans cette ambiance festive d’après-guerre. Des photos en témoignent. Sur l’une d’entre elles, ils sont quatre, devenus adultes. C’était au début des années 60. Ils étaient tous réunis dans la grande maison. Éclats de rire, déguisement, poses Continuer la lecture#été2023 #03bis | quatre par quatre

#été2023 #05 | celle qui s’échappe

Une femme ferme la porte de ce qui n’est plus sa maison derrière elle. Elle porte un sac en tissu. Les yeux au sol, elle marche un peu trop vite. Elle descend les escaliers de la ruelle sans doute pour la dernière fois. En bas la rue, en bas la casquette de celui qui l’attend. Au nuage qui encadre la Continuer la lecture#été2023 #05 | celle qui s’échappe

#été2023 #04bis | dans la nuit de samedi à dimanche B. est mort de sa belle mort

Dans la nuit de samedi, heure du décès 4H30 —à cette heure-là c’est déjà dimanche—, B est mort de sa belle mort ; ça ne lui disait rien de partir un dimanche — de Pâques en plus—: avec les cloches tu vois le truc? Tu parles d’une belle mort aurait dit B. 95 ans, sourd décharné sans dents — un Continuer la lecture#été2023 #04bis | dans la nuit de samedi à dimanche B. est mort de sa belle mort

#été2023 #04bis | aux équinoxes

Quand on commence à creuser, les dates c’est le cauchemar. Chacun la sienne. Les écarts pour un même fait se comptent en mois, parfois en années. C’est que l’approche est mauvaise, je veux dire fausse, mais également perfide : les dates sont impropres à rendre le temps du Sérail. Monsieur aura été la seule à m’en fournir de précises au Continuer la lecture#été2023 #04bis | aux équinoxes

#été2023 #05 | le printemps des gardiens

 Il y a des instants où tout converge, où tout fait sens. Comme si tout était à ce moment-là concentré en un seul point au centre de l’univers. On ne reconnait pas cet instant vertigineux seul.Les autres sont comme des porteurs de miroirs qu’ils vous tendent désespérément, comme s’ils vous criaient silencieusement : « vas-y ! A toi de jouer ! »L’entité Continuer la lecture#été2023 #05 | le printemps des gardiens

#été2023 #05 | des témoins de nos vies

Il faut chercher loin pour trouver un événement qui aurait troublé le fil du temps qui passe. Le fil du temps qui passe, ils pourraient le restituer pour leur propre vie ( et encore). Pour cette sorte de vie collective, juxtaposée, qu’ils vivent, ils en sont incapables. Le temps passe sans repère. Quand même, retrouver des souvenirs communs cela devrait Continuer la lecture#été2023 #05 | des témoins de nos vies

#été2023 #04 | superposer le temps

L’air est lourd et humide dans le train IC à destination de Luxembourg. Eric et Liliane sont assis chacun à une extrémité du compartiment, l’un près de la fenêtre, l’autre côté couloir. Entre eux se trouvent Rose, Samuel, Edgar et Marceline. Personne ne bouge, ils attendent patiemment.Le coup de sifflet retentit, ils soupirent et le train démarre. Ils se connaissent Continuer la lecture#été2023 #04 | superposer le temps

#été2023 #03bis | quatre à quatre

Ils attendent debout, patiemment, l’air de ne pas se regarder tout en s’observant du coin de l’oeil. Dehors, il fait chaud mais un ventilateur leur permet de respirer. Le premier dans la file est habillé d’un training Adidas, d’un polo Scapa, de baskets Vega et d’une casquette Ricard. Il ressemble à une publicité pour des marques qui ne se connaissent Continuer la lecture#été2023 #03bis | quatre à quatre