#été 2023 |#08 | expansion

Mes parents avaient laissé à ma sœur et moi, la seule chambre de l’appartement. Ils dormaient dans le salon, dans un canapé dépliable, qui restait la plupart du temps ouvert, et qu’ils recouvraient de coussins et couvertures. En cas d’anniversaire ou d’évènement spécial, on fermait le canapé, on poussait la table au centre du salon et on installait les invités Continuer la lecture#été 2023 |#08 | expansion

#été2023 #01 | d’où on écrit

Elle se rêve écrire dans une pièce aux murs lourds de livres, pas de fenêtre, sinon une petite lucarne, il y a des tas de papiers partout, sur le sol, sur le bureau, placardés aux morceaux de murs épargnés par la bibliothèque, autour d’elle, on entendrait l’ennui dans les bruits étouffés derrière une porte fermée, y trainerait une machine à Continuer la lecture#été2023 #01 | d’où on écrit

#été2023 #08bis | cœur gravé

Florida touche le cœur qu’elle avait gravé dans la molasse. C’est friable mais ça n’a pas bougé. C’est un cœur un peu grossier qu’un bout de branche avait dessiné, un bout de branche que la petite fille tenait de sa main et qui s’enfonçait dans le mur, montait puis redescendait, s’incurvait, recommençait le même geste de l’autre côté, à l’envers, Continuer la lecture#été2023 #08bis | cœur gravé

#été 2023 #8 | dans le vestibule

Dans la pénombre du long vestibule, la faible lumière du jour s’endormant qui franchit la porte de la cuisine caresse le mur gris, le bois sculpté et doré du grand cadre, laisse deviner entre les colonnettes-tiges bornant les côtés avec leurs petits branchages s’échappant irrégulièrement, et sous l’épanouissement des épis explosant et des pampres rampant au sommet, signant une interprétation Continuer la lecture#été 2023 #8 | dans le vestibule

#été 23 #9bis |L’eau a coulé…

De l’eau a coulé sous les ponts : cliché et superposition. C’est ce qu’elle se dit, de là où elle est, elle-même sur le pont. Revenue de loin. Revenue pour voir. Celui qui la regarde se demande ce qu’elle fait là, un peu trop penchée sur le parapet.  Inventorier ce qui reste, ce qui a disparu : peut-être. Ce qui reste ? L’écluse Continuer la lecture#été 23 #9bis |L’eau a coulé…

#été2023 #09 | désir de jonques

Presque nuit, il pleuviote, vers le sud l’île et la baie ont disparu. Un groupe d’oiseaux passe, une vingtaine, noirs, incapable de dire à quoi ils ressemblent, pas gros, hirsutes, ils arrivent du nord-ouest Islande, Groenland vont vers le sud-est, la mer, la baie, vous allez certainement plus loin les amis, vous raconterez là-bas des histoires glanées là-haut. Si vous Continuer la lecture#été2023 #09 | désir de jonques

#été 2023 #8bis Un sillon d’encre bleue

La taille de l’obus est vraiment impressionnante, on imagine mal l’engin qui peut propulser quelque chose comme ça. Joseph pose sa main droite sur la forme allongée en cône de l’arme de guerre. Le pouce est replié sur la pointe comme s’il était en train de gratter la couverture métallique, les quatre doigts sont appuyés sur le revêtement lisse du Continuer la lecture#été 2023 #8bis Un sillon d’encre bleue

#été2023 #09 I parc-gare-monument aux morts

C’est un jardin public, un parc – c’est le plateau des poètes – c’est le terrain de jeu de son enfance, sa première expérience initiatique de liberté. Petit portillon d’entrée en métal peint sur le côté, face à son immeuble. Juste la rue à traverser, rue peu fréquentée par les voitures parce que plutôt étroite. Accueil sur une petite place Continuer la lecture#été2023 #09 I parc-gare-monument aux morts

#été 2023 #7bis | Clarisse 2

Mehdi se lève, s’étire, boit un peu de soleil, tourne la tête, sourit, et avance, dans l’odeur de terre chaude, dépasse un arbuste au parfum aillé, avance vers sa femme « Je me souviens quand nous étions assis côte à côte dans notre groupe adolescent de l’odeur de savonnette au lait d’amande, je me souviens de sa sueur mêlée aux nôtres, Continuer la lecture#été 2023 #7bis | Clarisse 2