#été2023 #07 | au matin

Elle est debout devant la fenêtre de cuisine, la paume posée sur la poignée ovale. Sa robe parme boutonnée jusqu’au cou éclaire son visage. Elle a les yeux bleus, les lèvres fines et mille taches de vieillesse sur le dos de la main. Dans la cour, les géraniums tremblent à la rosée du matin, les dahlias enroulent leurs pétales à Continuer la lecture#été2023 #07 | au matin

#été 2023 |#08 bis | dans la maison de l’ogre

Maman, sortant de l’obscurité de la salle de bain, menton bas. Papa, sa main sur l’omoplate, le regard appuyé. Maman, la tête en arrière, le coude en l’air, arrachant la clope de sa bouche entrouverte. Papa, l’air ailleurs, les mains qui cherchent, qui prennent ce qu’elles trouvent aux alentours. Maman, le corps maigre, peu appétissant mais toujours disponible. Papa, le Continuer la lecture#été 2023 |#08 bis | dans la maison de l’ogre

# été 2023 #9 | au loin, le regard

Dès que les rêves se sont réfugiés sur les rives de l’au-delà, Mafalda se lève, sans bruit pour ne pas réveiller Gildo qui dormira encore une heure ou deux. C’est le moment qu’elle préfère quand elle est seule à se déplacer dans la maison. Elle enfile très vite sa tenue pour aller dans le jardin, une robe de coton toute Continuer la lecture# été 2023 #9 | au loin, le regard

#été 2023 |#08 | expansion

Mes parents avaient laissé à ma sœur et moi, la seule chambre de l’appartement. Ils dormaient dans le salon, dans un canapé dépliable, qui restait la plupart du temps ouvert, et qu’ils recouvraient de coussins et couvertures. En cas d’anniversaire ou d’évènement spécial, on fermait le canapé, on poussait la table au centre du salon et on installait les invités Continuer la lecture#été 2023 |#08 | expansion

#été2023 #01 | d’où on écrit

Elle se rêve écrire dans une pièce aux murs lourds de livres, pas de fenêtre, sinon une petite lucarne, il y a des tas de papiers partout, sur le sol, sur le bureau, placardés aux morceaux de murs épargnés par la bibliothèque, autour d’elle, on entendrait l’ennui dans les bruits étouffés derrière une porte fermée, y trainerait une machine à Continuer la lecture#été2023 #01 | d’où on écrit

#été2023 #08bis | cœur gravé

Florida touche le cœur qu’elle avait gravé dans la molasse. C’est friable mais ça n’a pas bougé. C’est un cœur un peu grossier qu’un bout de branche avait dessiné, un bout de branche que la petite fille tenait de sa main et qui s’enfonçait dans le mur, montait puis redescendait, s’incurvait, recommençait le même geste de l’autre côté, à l’envers, Continuer la lecture#été2023 #08bis | cœur gravé

#été 2023 #8 | dans le vestibule

Dans la pénombre du long vestibule, la faible lumière du jour s’endormant qui franchit la porte de la cuisine caresse le mur gris, le bois sculpté et doré du grand cadre, laisse deviner entre les colonnettes-tiges bornant les côtés avec leurs petits branchages s’échappant irrégulièrement, et sous l’épanouissement des épis explosant et des pampres rampant au sommet, signant une interprétation Continuer la lecture#été 2023 #8 | dans le vestibule

#été 23 #9bis |L’eau a coulé…

De l’eau a coulé sous les ponts : cliché et superposition. C’est ce qu’elle se dit, de là où elle est, elle-même sur le pont. Revenue de loin. Revenue pour voir. Celui qui la regarde se demande ce qu’elle fait là, un peu trop penchée sur le parapet.  Inventorier ce qui reste, ce qui a disparu : peut-être. Ce qui reste ? L’écluse Continuer la lecture#été 23 #9bis |L’eau a coulé…

#été2023 #09 | désir de jonques

Presque nuit, il pleuviote, vers le sud l’île et la baie ont disparu. Un groupe d’oiseaux passe, une vingtaine, noirs, incapable de dire à quoi ils ressemblent, pas gros, hirsutes, ils arrivent du nord-ouest Islande, Groenland vont vers le sud-est, la mer, la baie, vous allez certainement plus loin les amis, vous raconterez là-bas des histoires glanées là-haut. Si vous Continuer la lecture#été2023 #09 | désir de jonques