#été2023 #02 | un intérieur habité

Les yeux se noient d’abord dans cet étalage au sol de deux motifs, noirs et blancs, carreaux minuscules, recommencés, s’étalant à l’infini s’ils n’étaient arrêtés par des murs de part et d’autre, et des portes, faisant de ce premier espace un long couloir. Le regard se tourne alors vers la droite, puisqu’un autre petit couloir apparait dès l’entrée, comme un Continuer la lecture#été2023 #02 | un intérieur habité

véronique müller #été 2023

  • #été2023 #04bisbis dans la nuit d’s à d

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    Brouillon, les tentatives de Sonia pour répondre aux consignes.

    1. dans la nuit de samedi à dimanche, Sonia se figura qu’elle n’aurait rien à écrire sur aucune nuit jamais d’aucun samedi à aucun dimanche 
    2. dans la nuit de samedi à dimanche, Sonia admire la nuit, songe à la place de l’insomnie dans sa vie, se lève sans bruit, la nuit lui appartient, n’attend rien du matin 
    3. dans cette autre nuit de samedi à dimanche, à Paris, à songer au calvaire de sa mère eut peur de devenir folle, se rapprocha de Félix, eut envie de l’éveiller, que ses bras l’apaisent. se lève, apaisement par les  pieds dès qu’ils se posent au sol, les gestes lents, les gestes ralentis, écrira 
    4. dans une nuit de samedi à dimanche, se questionna une fois de plus sur ce qui en elle était de si mauvaise volonté, s’adressa calmement à l’entité inconnue. 
    5. dans la nuit de s à d, rêva, par 2 fois rêva, dormit. au réveil remercie le ciel des rêves reçus, les écrit.
      comment dire comment ces nuits toujours uniques toujours différentes, toujours tellement uniques, pourtant se ressemblent, s’assemblent, se superposent, se confondent, connaissent cependant une progression. s’apprivoisent. tout en restant chacune tellement une, tellement terriblement une, unique. et dans la perte déjà d’elle-même, une fois passés les somptueux moments d’éternité, ou désespérés, selon, aucune nuit qui ne soit éternelle, sinon. l’ennui, par ailleurs, de ces nuits qu’elle écrit, qu’elle décrit, nuit après nuit. un temps, elle a fait ça, Sonia.
    6. dans la nuit de samedi à dimanche, à Outrée, se prit par l’intérieur du ventre, sortit dans la nuit noire, s’éclaira d’abord de son téléphone, s’habitua, fit les mouvements de tai chi. caresser la nuit. splendeur de l’indifférence et de la vie. Sonia vit au loin le jour arriver, la rejoindre au bord du bassin.  
    7. dans une autre nuit de samedi à dimanche, elle ne comprend rien. elle voit que simplement une nuit se superpose à l’autre et que ça ne fait aucune sens. sa vie comme une longue nuit, qui pourtant lui est précieuse. appartenir à la nuit. cette réciprocité d’appartenance, cette identité, ce temps volé, ce temps reçu, ce temps d’exclusion, d’écriture. de silence. présence de la nuit. sans qu’il faille dormir à la belle étoile, présence perpétuelle du  ciel et son immensité, conscience sourde de la terre, de ses silences et des astres, de l’autre dimension, du hors-mesure. soi entre la gravité et la nuit des temps.

    de sam à dim, les nuits de Blanche

    1. Dans la nuit de samedi à dimanche, Blanche dans une chambre avec Yann et Theo, ses frères, le papier peint observé, parcouru au matin des doigts, quelques chambres plus loin, les parents 
    2. Dans la nuit de samedi à dimanche. Blanche au grenier du château avec tous les autres enfants le dortoir, au milieu du dortoir, le trapèze suspendu  
    3. Dans la nuit de s à d, Donat et les autres arrivent en retard les roues sur le gravier, les voix, revenaient d’un pays chaud. Le garçon Donat.
    4. Dans la nuit de sam à di, au dortoir Blanche et quelques autres se sont silencieusement rhabillés, relevés, les marches descendues, le gravier à la queue leu leu vers l’orée du bois, ont décidé de dormir dans la grange. Cela plaît beaucoup  à Blanche, l’odeur, la clandestinité, la nuit. elle dort, ça pique, et au matin, si drôle, de raconte l’escapade à Albane, le petit déjeuner dehors sur la grande table en bois.
    5. Cette année, Blanche a une chambre seule, dans la nuit de samedi à dimanche, vers la salle de bain quand elle se lève, le plancher grince, l’odeur pourtant forte de la cire, l’image aperçue d’elle dans le miroir, quand elle pousse la porte de la sdb. Poignée de porcelaine. Et le dimanche, cette chambre où elle est remontée, qu’elle pénètre en plein jour, grandeur étrange du lit ouvert et blanc, les oreillers, comme une solitude neuve et belle et folle dans la vastitude des fenêtres ouvertes sur la prairie qui descend vers le village, conversations entendues sur la terrasse. On y parle de l’intelligence de ses frères et de l’Allemagne.
    6. Une autre nuit de sam à dim, Blanche s’est trouvée dehors un endroit sous les rhododendrons où elle ira dormir seule 
    7. Dans la nuit de samedi à dimanche, Blanche ne dort toujours pas, redoute la rentrée, ne dort pas 

    On ne dit rien ici des inquiétudes de Sonia quant à, pense-t-elle, la multiplication des instances d’énonciation, là où, pense-t-elle, elle n’en voudrait qu’une et une seule. A la limite 2. L’auteur et le personnage. Qu’il n’y en ait qu’une, d’instance, n’empêcherait pas qu’elle ait plusieurs voix, que du contraire. Une à voix multiples. Comment alors les nommer ces voix. On constatera cependant déjà qu’il y a chez Sonia une grande attirance pour l’un et l’un seul, l’un tout seul, c’est qu’elle n’a pas grand chose de plus et que cet un peut facilement contenir le monde, c’est un est la marque une de l’illimité. le monde s’occupe pour elle de la diversité. Et les vaches seront bien gardées.

#été 2023 #08 | de ce côté-ci du monde (1) (2) (3)

Dans le même espace-temps disons, il y avait une femme (appelons-là D. par convention) (pour fixer les idées) qui elle aussi avait quatre enfants (comme si les idées pouvaient se fixer). Sûrement contemporaines. D. et elle ne se connaissaient pas, mais l’une comme l’autre étaient ce qu’on appelle femme au foyer. Il ne s’agit pas d’une profession, puisque l’activité n’est Continuer la lecture#été 2023 #08 | de ce côté-ci du monde (1) (2) (3)

#été2023 #08 | le mouchoir de coton blanc

Camille replie ses vêtements et les empile sur une étagère de l’armoire en chêne sombre. Comme prêts à reprendre leur place dans le sac à dos. Sur la tablette inférieure elle aperçoit un mouchoir de coton blanc ourlé de dentelle, repassé et plié soigneusement. Elle en caresse le tissu jauni par endroit, s’attarde sur la broderie tissé en relief par Continuer la lecture#été2023 #08 | le mouchoir de coton blanc

#été 2023 #9 l repérages

L’odeur puissante et le bruit n’ont rien à voir l’un avec l’autre. (D’ailleurs, il se peut que ce soit à l’origine de mon appétit pour ces images qui s’écartent de la bande-son, ou de ces voix off qui ne commentent pas ce qui est montré.) Une fois qu’on a en main ces trois prototypes, une suite de visuels, des sons, Continuer la lecture#été 2023 #9 l repérages

#été 2023 # 9bis | Faire bouger le temps

La maison de Gaspard était à étage, étroite, serrée entre deux autres maisons plus larges et beaucoup plus hautes qui semblaient la soutenir et la protéger. Je disais en riant à Gaspard que sa maison n’avait pas de toit, car on ne le voyait de nulle part, ni de la rue ni du trottoir en face même en se mettant Continuer la lecture#été 2023 # 9bis | Faire bouger le temps

#été 2023 #9bis | La méprise

De dos, il ressemble tellement à l’ancien directeur que mon cœur fait un bond dans ma poitrine et un élan de joie met aussitôt mes jambes debout prêtes à courir vers lui. Même veste serrée, même carrure, le même manque de cheveux sur la partie arrière de son crâne, le dos légèrement vouté comme à son habitude. Il est revenu, Continuer la lecture#été 2023 #9bis | La méprise

#été2023 # 08bis l cette porte de garage-là

Il y a cette porte, cette porte de garage, une porte blanche en bois peint. Une porte rudimentaire, à la clenche ancienne, une simple clenche de fonte noire. Il y a cette porte. Pendant longtemps cette porte ne représente rien. Ni pour la mère, ni pour le père, ni pour la petite fille. Pendant longtemps cette porte de garage n’est Continuer la lecture#été2023 # 08bis l cette porte de garage-là

#été 2023 #9bis | la maison sur la place

Elle est là la maison, sur cette coupure de journal jauni trouvée dans un tiroir, ou du moins un bout de la maison, le coin avec un morceau de fenêtre aux volets fermés à chacun des deux étages et la grille peinte de clair, à côté du café qui est l’objet de la photo, au dessus du titre d’un article Continuer la lecture#été 2023 #9bis | la maison sur la place

#été2023 #07 | corps à rebours

Cérémonies secrètes C’est comme un puzzle. Des images, des détails, des objets. Comme si à partir d’eux il fallait reconstruire une histoire qui n’est écrite nulle part. 1 Ça y est. le corps a disparu. pour de bon. 2 ils ferment le cercueil. comme un rituel. des gestes artisans et sacrés. le bruit seul des vis, des outils, objets devenus Continuer la lecture#été2023 #07 | corps à rebours