#été2023 #10 | Louise

Louise n’est pas un personnage de roman. Elle se moque bien de ce que je peux écrire sur elle, impénétrable au temps maintenant. Elle occupe l’espace qui compresse le temps dans des instants figés. Mais cette présence discrète détient encore l’autorité sur le reste. Elle est ce halo sombre qui l’entoure sur la photographie, elle est ce halo plus clair Continuer la lecture#été2023 #10 | Louise

#été 2023 #10 | Bertrand

Il coupe l’eau de la douche. Il entend le « sta in fronte a te » que son ventre poussait avec conviction. Ses oreilles protestent. Si faux. Il s’arrête. Il tend le bras et va chercher derrière le drap de bain une serviette qu’il fait tomber et ramasse. Il se frictionne en allant vers la fenêtre. S’arrête devant la chaise sur laquelle Continuer la lecture#été 2023 #10 | Bertrand

#été2023 #08bis | la main sur le drap

la main qui repose sur le drap blanc. doigts tordus par les gestes du métier, un peu repliés sur eux-mêmes qui savent sans doute encore serrer la cuillère, la fourchette, le couteau, la poignée d’une porte mais qui ne connaissent plus le dépli, ont oublié le plat de la main. et puis dans un effort inattendu le geste ralenti de Continuer la lecture#été2023 #08bis | la main sur le drap

# été 2023 # lire & dire | patronymes pseudonymes

C’était déjà quelque part – avec les noms des personnages choisis – une question morale probablement (je finis la 10 qui décrit une de mes connaissances, lointaines) : peut-on s’emparer de l’écriture pour régler des comptes ? Et plus, une de se soustraire à cette emprise ? En sous-texte, la raison de cette action, la prise de parole (mais ce ne sont Continuer la lecture# été 2023 # lire & dire | patronymes pseudonymes

#été2023 #10 | intermittent du spectacle

Plus de rôle, le marionnettiste a lâché les fils. Après valse-hésitation,  entre choix et incertitude, il prend la fille de l’air. Passe la porte de derrière. Se délie les cheveux. Se faufile à l’abri des regards en fugitif de la banalité. Traverse la route à quelques centaines de mètres, aventure infinitésimale. Ouvre le portail camouflé par la routine vers un éden Continuer la lecture#été2023 #10 | intermittent du spectacle

#été2023 #07 | Tenir

Ça y est, la vielle est partie, montée sur sa bicyclette, elle souffle déjà. Comme pour mieux ventiler ses narines qui se pincent à chaque inspiration, elle rabat la lèvre inférieure sur la lèvre supérieure. Elle souffle, elle sue déjà, de la sueur mouille son front et colle quelques mèches de cheveux. Elle ne sait pas aller lentement, elle ne Continuer la lecture#été2023 #07 | Tenir

#été2023 #10 | les circonstances

Je n’appartiens à personne. On me triture, on me fouille, on m’étire, on me grandit. J’attends sans consentement. Si ça ne tenait qu’à moi, j’effacerais tout, en tout cas cette partie de ma vie qui l’intéresse tant. Tout revivre comme ça, de l’intérieur, avec la « part de fiction distillée entre les lignes », non vraiment, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Continuer la lecture#été2023 #10 | les circonstances

#été2023 #10 l N’être plus rien en ce monde

C’est la nuit. Elle est allongée dans le grand lit. Seule dans le lit. Le lit ancien. D’un bois légèrement rosé. La tête de lit est courbe ; deux vagues qui s’élèvent et se rejoignent en formant une fleur d’écume. Elle pense. Comment supporter de dormir seule dans ce lit. Un lit choisi par lui. Pour nous. Elle l’avait aimé Continuer la lecture#été2023 #10 l N’être plus rien en ce monde

#été2023 #010 | les lettres d’Ulysse

Première lettre le 12 juin 2022, Cher auteur,Je profite d’un arrêt prolongé en gare de Gourdufle pour vous adresser cette missive. J’ai bien conscience de l’aspect exceptionnel de la chose, qu’un personnage de roman s’adresse à son auteur (je n’aime guère le terme de créateur qui, malgré l’incontournable réalité qui veut que je sorte de votre imagination, vous place en Continuer la lecture#été2023 #010 | les lettres d’Ulysse