#été2023 #09 | traversée

Camille a laissé un mot sur le seuil de la porte. Elle laisse toujours un mot. Aucunes paroles. Elle aime être « de passage ». Elle plisse les yeux vers l’océan tout proche. L’air sent l’iode et les relents de la dernière pêche. Les sirènes des grues d’un chantier se mêlent aux cris des goélands, aux chargements des navires. Un paysage brutal Continuer la lecture#été2023 #09 | traversée

#été2023 #10 bis | la conversation

—  Pendant que tu te reposais, j’ai sorti tous les carnets. Il n’y a pas assez de place sur la table alors j’ai préféré les poser sur le tapis…— Il y a une boîte. Des carnets, une boîte, des carnets.— Oui, c’est un magnétophone.— Un gramophone ?— Comme le gramophone du Sérail, mais plus moderne.— Elle t’a parlé du gramophone Continuer la lecture#été2023 #10 bis | la conversation

#été2023 #07 | Les clés de l’église

Comme d’habitude il est plus de cinq heures et nous entrons en somnolence, n’ayant pas mangé de la journée, excepté la collation pain beurre et le café toutes les heures, il faut pourtant se soumettre à l’injonction du mouvement, le sang tape dans les artères du cerveau, le corps endolori, amorphe, sort péniblement du canapé, des draps, le ventre se Continuer la lecture#été2023 #07 | Les clés de l’église

#été2023 #10 | faire son lit

Dilettre prend le transistor bordeaux, un cadeau, le bouton positionné en permanence sur France Musique. La musique peut faire croire que ce qu’on écrit est mieux et elle sait que quand il n’y a plus la musique en fait le texte ne tient pas toujours. La musique est assez indicative dans le gai ou le triste. C’est une manière de Continuer la lecture#été2023 #10 | faire son lit

#été2023 #10 bis | coup tordu

Je ne voulais pas acheter ton livre, il sentait à plein nez le coup tordu. Une amie me l’a offert, ignorant qui tu étais pour moi. Tu es gonflé, Sif, t’emparer d’un moment de ma vie pour faire ta sale besogne de vengeance masquée. Soi-disant parler de moi, me déshabiller sans me voir comme d’habitude, avec des trémolos, des larmes Continuer la lecture#été2023 #10 bis | coup tordu

#été2023 #10bis | Où l’on cherche son chemin

MJ- C’est de l’opportunisme, vois-tu ? R- Correct, ajouté à un plaisir masochiste d’aller fouiller dans la merde. MJ- On est d’accord. Gerbant et révoltant. Me faire revenir d’entre les morts pour ces misérables gribouillages ! Je préfèrerais ne pas, comme dirait l’autre. R – Ah ? Moi, je ne suis pas mort, j’ai une vie parallèle dans ses pensées et textes. Mais, Continuer la lecture#été2023 #10bis | Où l’on cherche son chemin

#été2023 #10bis | persona

Posés, oubliés sur le banc du centre de soins ? Ces feuillets écrits m’interrogent. Je parcours ces pages noircies. Elles me capturent. J’avance entre ces lignes. Un labyrinthe que je m’efforce de déchiffrer. Je deviens l’encre, le papier. Je mâche les mots et leur saveur amère. Tout me paraît familier. Qui en est l’auteur ? La suissesse que je viens de croiser Continuer la lecture#été2023 #10bis | persona

#été2023 #10 | le personnage ne vous appartient pas

Île s’asseoit, sur une chaise en bois, dans une cuisine, dans un salon ou dans une chambre. Quelque part. Les mains se posent sur ses jambes, presque sans vie. Les yeux fixes fixent. Île n’attend pas, Île n’est pas fait pour ça. Pas d’émotions, d’envies ou quoi que ce soit qui lui permettrait d’initier un mouvement vers. Rien. Île est Continuer la lecture#été2023 #10 | le personnage ne vous appartient pas

#été2023 #08 | de ce côté-ci du monde (5)

Si j’en parle c’est qu’elle avait le même prénom qu’elle; elles ne se connaissent pas, ne se sont jamais vues tout en connaissant l’existence l’une de l’autre En bas de la maison, un sous-sol entier transformé en studio d’enregistrement, plus loin une pièce aveugle ou quelque chose de similaire à une cave (« derrière les bouteilles, il y a un endroit Continuer la lecture#été2023 #08 | de ce côté-ci du monde (5)