#été2023 #04bis | Insomnies

La nuit du samedi au dimanche, elle ne dort pas, tout ce qu’elle voit c’est que tout se déglingue, elle passe sa vie à remettre de l’ordre, ranger, épousseter, aspirer, jeter, payer les factures, remplir les papiers et tout se défait sans cesse, ça la mine. Lundi elle ira à la CAF, au flan parce que sur leur site, pas Continuer la lecture#été2023 #04bis | Insomnies

#été2023 #04bis | Les jours du cahier

Premier jour A présent, j’ai trois objets dans ma chambre bien à moi que je peux faire bouger à ma guise : le gros cahier noir, le bouquet de crayons et les chevaux de jade. Je place le cahier sur la table et les crayons à côté, j’en fais glisser un de l’élastique qui les serre ; les autres sont plus à Continuer la lecture#été2023 #04bis | Les jours du cahier

#été2023 #04bis | sept fois le onze mars

La première fois c’est au petit matin, la nuit vient de commencer que déjà elle s’efface. Pour Elle en souffle court puis lent puis brutal puis doux, pour Lui en attente et crainte et espoirs, pour Eux en drôle de rêves avec les rires d’abord un peu nerveux, Ils sont chez les voisins ou chez les grands-parents à l’autre bout Continuer la lecture#été2023 #04bis | sept fois le onze mars

#été2023 #04bis | Week-ends non homologués

1| STRUCTURE :  ce qui résiste au changement.  Structure narrative : ce qui persiste malgré les changements. Dans un vieux carnet rouge de ses dix- SEPT  ans, lors d’un exil volontaire, elle avait noté quelque chose, entendue ou lue. Toujours à court de papier à cette époque. C’était dans ce même carnet à spirales qui avait perdu son dos de couverture qu’elle Continuer la lecture#été2023 #04bis | Week-ends non homologués

#été2023 #04bis | Terre battue

1 – Dans la nuit de samedi à dimanche j’ai dansé le gwoka. J’ai dansé toute la nuit dans le lewoz de Philippe Badine. Il possède un restaurant qu’il a baptisé le Mahogany parce que le petit ajoupa qu’il y a planté pour recevoir ses clients à ses débuts, était adossé à un Mahogany. Ce qui a commencé comme une Continuer la lecture#été2023 #04bis | Terre battue

#été2023 #04bis | dans la nuit de samedi à dimanche elle rêve

Dans la nuit de samedi à dimanche elle rêve d’une biche à terre qu’elle voit ensanglantée depuis un tronc d’arbre sur lequel elle marche en équilibre chaussée de ballerines en velours ocre et terre de sienne. Dans la nuit de samedi à dimanche elle a vu brûler ses vaisseaux et l’a prévenu au réveil qu’elle n’arriverait plus à faire semblant Continuer la lecture#été2023 #04bis | dans la nuit de samedi à dimanche elle rêve

#été2023 #04bis | précisément.

Copyright Anne Dejardin
  1. Dans la nuit de samedi à dimanche, et non pas celle du vendredi au samedi, c’est à ça qu’elle pense au réveil, ce n’est pas la nuit de vendredi à samedi, et à l’instant de reprendre pied dans la réalité, le soulagement peut commencer l’envahissement du corps qui est resté dans le contexte du cauchemar, parce que ce n’est pas la nuit de vendredi à samedi, et alors le soulagement peut continuer à progresser dans les muscles, dans la chair, dans la tête, la respiration redescendre dans le ventre, ce n’est pas un rêve prémonitoire, de ce qu’elle disait la mère, l’inéluctable du terrible en préparation dont on venait de vivre un avant-goût, parce que c’était le rêve de la nuit du vendredi à samedi. Elle entend la phrase dans sa tête. Essaie de s’assurer qu’il s’agit bien de la nuit du vendredi au samedi, essaie de prononcer les mots, la nuit du vendredi au samedi, mais elle doute à présent. Parce que c’est même sonorité. Même la nuit du jeudi au vendredi. Elle hésite. Il faudrait lui demander. Depuis qu’elle ne peut plus l’interroger, le monde a perdu toute stabilité.
  2. Dans la nuit de samedi à dimanche, et si elle veut y rester dans ce nouvel habitat, ce ne devra pas surtout pas y dormir pour la première fois un lundi. S’agit-il de la nuit du dimanche au lundi ou du lundi au mardi. Elle l’ignore et personne à interroger. Des balises dont elle n’a pas mémorisé les codes.
  3. Dans la nuit de samedi à dimanche l’odeur étrangère, bizarre, qui n’est pas familière comme celle de mazout qui vous sautait à la gorge dès qu’elle entrait dans sa maison, à la gorge, au ventre, qu’elle était la seule à sentir, tu ne sens rien, tu t’en souviens quand même, non, il n’a pas remarqué, elle a le nez qui gâte, pour reprendre une expression entendue dans l’enfance. Malgré la porte bien fermée sur le garage accolé à la maison et le petit couloir et tout le salon et encore le corridor, l’odeur de mazout, à peine la porte poussée qu’il a fallu soulever un peu à cause de l’humidité, depuis l’enfance c’est la même voix qui parle de l’humidité à cause de la rivière au fond du jardin en bas des escaliers.
  4. Dans la nuit de samedi à dimanche, la même odeur d’humidité on pourrait penser, et donc il y aurait quelque chose de familier, de rassurant, et non, chaque humidité a sa particularité odorante. Elle a plongé son nez dans le t-shirt qui lui sert de robe de nuit. L’odeur de sa peau la rassure. Si elle ne s’habitue pas, elle pourra toujours partir, lui rendre la clé et le remercier.
  5. Dans la nuit de samedi à dimanche, elle se tourne et se retourne. Le lit est large, l’hôtel luxueux. Il dort à côté d’elle. Demain il repartira. Il ne donnera pas signe de vie jusqu’à la prochaine fois. Son corps à elle est en paix. Sa tête moins. Il la fait toujours jouir. Ça reste un mystère. C’est peut-être pour cela qu’elle vient le retrouver, pour comprendre. L’alcool et le spectacle l’ont épuisé. L’amour aussi peut-être. Elle a chaud. Elle voudrait boire. Sa gorge comme fichée d’aiguilles. Elle a peur de le réveiller. De se cogner dans le noir aussi. On lui a donné une suite. Elle est arrivée tard, elle ne sait même pas dans quelle direction est la salle de bains.
  6. Dans la nuit de samedi à dimanche, elle marche dans la neige. Elle est hors du froid qui resserre tout le paysage et le sol sous ses pas. Il faut prendre garde à ne pas déraper. Elle est hors tout raisonnement commun. Elle pleure à gros hoquets. Elle sent que c’est de cela qu’elle a besoin. Elle est hors de la peur du noir, de la peur de ne pas retrouver son chemin, de la peur de se faire agresser. Elle est seule dans la nuit. Close sur sa peine.
  7. Dans la nuit de samedi à dimanche, elle n’est pas née. Ils ont attendu le matin pour la césarienne. Elle était un gros bébé. Un beau bébé. C’est ce qu’on dit des nourrissons qui n’ont pas fait le trajet eux-mêmes, qui n’ont pas dû se frayer un chemin, à qui on a ouvert la porte. Est-ce pour cette raison que tout lui demande du temps ? Qu’on l’a toujours traitée de rêveuse ? Qu’on l’a éduquée à coups de dépêche-toi ? Qu’elle a choisi de photographier plutôt que de filmer ? Arrêter le temps sur l’image. C’est un art qui lui convient, la justifie toute entière. Écrire aussi si la narratrice le décide ainsi.

#été2023 #04bis | Dans la nuit…

/ 1 / Dans la nuit de samedi à dimanche, nous finissons de ranger les affaires, bouclons les cartons, frigo dégivré, ménage sommaire, on finira la semaine prochaine ; pendant ce temps de travail ensemble, pas un mot plus haut que l’autre, pas un regard triste ou féroce, on s’est même souri en scotchant à deux les gros cubes où appuyer Continuer la lecture#été2023 #04bis | Dans la nuit…

#été2023 #04bis | Dans la nuit de samedi à dimanche (la partie immergée de l’iceberg) 

1— La nuit de samedi à dimanche, mais la quelle, elle ne se souvenait plus. Elle avait répondu vite, mais quand, quel week-end. Bien sûr elle se souvenait de « la nuit » c’était aussi un samedi, mais depuis elle fuyait tous les samedis. Elle ne savait pas si cela avait été une chance de commencer à boire quelques mois plus tôt, Continuer la lecture#été2023 #04bis | Dans la nuit de samedi à dimanche (la partie immergée de l’iceberg)