#été2023 #01 | Vers le bleu

Le ciel est bleu. Tous les matins ces derniers jours, le ciel est bleu. Il est bleu longtemps déjà avant qu’il ne s’assoit, avec pour seul compagnonnage les hoquets et les râles de la cafetière. Tout se joue de l’autre côté derrière les vitres. Comme souvent les arbres gîtent, instables, pleins des rumeurs d’un vent qu’il devine dans le balancement Continuer la lecture#été2023 #01 | Vers le bleu

#été2023 #01 | 41° 45′ 33″ nord, 70° 00′ 01″ ouest

Une machine à écrire. À côté une boîte en bois. Le couvercle est ouvert. Entre cette boîte et la machine à écrire : une voix off pendant que sur le papier enroulé autour du cylindre, au-dessus des barres de caractère, chariot au repos, on devine les phrases d’un journal. C’est un scénario. Chaque objet de la boite lui a appartenu. Continuer la lecture#été2023 #01 | 41° 45′ 33″ nord, 70° 00′ 01″ ouest

#été2023 #01 | Inventer l’auteure

La nuit elle longe les récifs qui bordent une cité engloutie : la littérature est un monde passé qui continue de vivre sous les flots du temps. Elle erre de maisons en parkings, elle cherche une voiture, un enfant, quelque chose, un sens, une rencontre : l’écriture est une quête. Au matin, elle espère se souvenir, quand elle accostera au Continuer la lecture#été2023 #01 | Inventer l’auteure

#été2023 #01 | bienvenues tentatives de sérieux

Le fond d’un couloir assez large, juste après les portes des deux dernières pièces qui se font face, une table de chêne d’une parfaite banalité mais qui de sa largeur presque strictement égale à celle de cet espace tirait des proportions d’une discrète beauté, supportant une bibliothèque vitrée abritant des livres anciennement lus affichés comme des témoins, et ne laissant Continuer la lecture#été2023 #01 | bienvenues tentatives de sérieux

#été2023 #01 | Le bruit de l’eau

Le vent tombe au matin. C’est le moment où elle monte sur la terrasse couverte de sable. Cet instant est nécessaire. Se nourrir du dehors. C’est plus fort qu’elle. Il fait sombre à l’intérieur dans la pièce principale. Pas de bureau de « chambre à soi », mais la banquette à ras de sol, la table basse d’un mauvais bois teint d’un Continuer la lecture#été2023 #01 | Le bruit de l’eau

#été2023 #01 | Organiser la solitude

Elle avait d’abord pensé la solitude comme la solution. Que ceux avec qui elle vivait acceptent – elle ne leur demandait pas de comprendre, elle s’engluait dans leur empathie – acceptent l’idée qu’elle ne se sente pas délaissée s’ils partaient sans elle. Elle avait mis du temps, elle, à comprendre que leurs protestations trahissaient leur peur et leur rancune à Continuer la lecture#été2023 #01 | Organiser la solitude

#été2023 #01 | se trouver un soir

Christine and the queens, elle a vu la fille qui écoute ça doucement le soir dans le jardin d’à côté. Les matins, elle la croise au marché devant la fromagerie, à gauche. Elle a peur de lui parler, pourtant elle aimerait bien mais elle ne sait pas, pas plus que quand elle venait ici très jeune. D’ailleurs, elle ne parlait Continuer la lecture#été2023 #01 | se trouver un soir

#été2023 #01 | instants et murmures

L’écrivain comme un patient, son bureau est une chambre d’hôpital. La pièce est encadrée de murs blancs, la lumière est blanche, les rideaux sont blancs, tout est blanc. Il règne là un silence si particulier qu’on entend les fragments de vie dans un murmure constant. Ce pourrait être les pulsations d’un électrocardiogramme, le rythme d’une respiration, la trotteuse d’une pendule Continuer la lecture#été2023 #01 | instants et murmures

#été2023 #01 | non, mais qu’est-ce que c’est

ici le signet (mais non, ce n’est pas Capo di Monte) je vais tenter de me souvenir des divers lieux et places où il s’était installé pour voir écouter complimenter l’armée – il avait été à l’armée, ça avait été un fiasco mais qu’est-ce que ça peut bien faire ? Il en était arrivé à devenir quelqu’un d’autre, on l’avait nommé Continuer la lecture#été2023 #01 | non, mais qu’est-ce que c’est

#été2023 #01 | Elle est prête… ou pas

Un matin comme tant d’autres Les paupières descendent lentement devant les pupilles rétrécies par un trop plein de lumière. Le calme revient, une douce quiétude se répand dans son corps tendu par le besoin d’écrire. Le présent disparait. Sur l’écran noir veiné de rouge derrière ses paupières, un visage émerge lentement, comme un tirage photo sous l’effet du révélateur. Elle Continuer la lecture#été2023 #01 | Elle est prête… ou pas