#été2023 #01 | Le roman commence par en inventer l’auteur

Toujours la question du choix du pronom, avant tout éclair de langue, avant toute poussée de fiction. Si je choisis il, c’est pour me diluer dans le blanc de la page, pour qu’il ne reste personne, plus un bout de moi, plus une syllabe de mon nom qui n’en contient qu’une seule. Je tire un trait sur ces deux lettres, Continuer la lecture#été2023 #01 | Le roman commence par en inventer l’auteur

#été2023 #01 | visualisation

J’écris du futur.De la maison qui sera mienne et qui sera l’écrin de mes livres à venir.Je peux me transporter là bas rien qu’en fermant les yeux.J’y vois ma maison, située dans l’un des plus beaux villages de France. Le décor extérieur y est immuable. Le soleil se lève et se couche sur des collines éternelles. Aucun projet immobilier n’est Continuer la lecture#été2023 #01 | visualisation

#été2023 #01 | Village déborde

Le lieu-dit, gonflé de gens de partout, est au milieu du village, c’est la salle de bal qui fait face à la ferme. Toute la nuit jusqu’à cinq heures, au moins trois nuits par semaine, l’orchestre bat son plein, musique rock, voix déformée du chanteur, rires à gorges déployées, les jupes des filles, la batterie poisseuse frappée en sourd-dingue, les Continuer la lecture#été2023 #01 | Village déborde

#été2023 #01 | fenêtre intérieure

La solitude, voilà ce qu’elle ressent à ce moment-là au creux des plis de son corps. Un être solitaire, c’est ce qu’elle pense être devenue. Chez elle ou ailleurs, surtout à l’intérieur d’elle-même, elle l’emporte partout ce sentiment, il l’habite au quotidien, voyage avec elle. Aujourd’hui, le regard tendu vers l’horizon, elle en perçoit tout le poids. Et pendant ce Continuer la lecture#été2023 #01 | fenêtre intérieure

#été2023 #01 | En écrivant, oui, mais où ?

Pas de cabane dans un endroit improbable, pas de bureau digne de figurer dans un bel ouvrage recensant les lieux d’où ont émergé, telles des vérités sortant du puits, les œuvres les plus encensées de la littérature mondiale. Jamais sa maison ne figurera dans la catégorie « maisons d’écrivains », celles qui vous rendent un peu fou d’envie et de frustration mêlées. Continuer la lecture#été2023 #01 | En écrivant, oui, mais où ?

#été 2023 #01 | A minima

Écrire n’importe où, mais sur du papier. C’était la conclusion surprenante de la formation minutieuse que Sasha donnait sur l’usage du web. Il avait décrit par le menu les procédures indispensables pour se préserver des intrusions, effacer ses traces, disparaître des recherches les plus approfondies, cacher dans les profondeurs de la mémoire des machines des messages codés… pour en arriver Continuer la lecture#été 2023 #01 | A minima

#été 2023 #01 | Je suis le Contrôle

Les archives sont au 4e sous-sol. Nul ne peut y accéder sans accréditations. Une par étage négatif, à quoi s’ajoute la carte indispensable pour entrer dans le hall du bâtiment. Le nombre de cartes disponibles sur le territoire est limité au nombre exact de Serviteurs du Secret. Les équipes de recherche ne sont pas autorisées à s’en voir attribuer, c’est Continuer la lecture#été 2023 #01 | Je suis le Contrôle

#été 2023 #01 | Face mer.

Il ne pouvait que l’imaginer. Et forcément elle aurait écrit. Elle ne pouvait qu’écrire, marcher, photographier et écrire. Sinon qu’aurait-elle fait d’autre, enfermée dans cette caravane aussi confortable qu’une épave, y vivant seule avec son chien. Pour le chien, il hésitait encore, depuis qu’il avait lu le blog de Fabienne Swiatly et pourquoi elle avait fait le choix de se Continuer la lecture#été 2023 #01 | Face mer.

#été2023 #01 | Corps arrêté

Je suis corps vous êtes voix, je suis corps lesté vous êtes voix délivrée, je suis corps lesté à chaise-table vous êtes voix délivrée de grammage, je suis corps lesté à  chaise-table les mains légères, vous êtes voix délivrée de grammage contrainte plat dos, je suis corps lesté à chaise-table les mains légères à quérir en gorge, vous êtes voix Continuer la lecture#été2023 #01 | Corps arrêté

#été2023 #01 | Écriture et procrastination

L’une ne peut aller sans l’autre, comme le décrit si bien Annie Dillard. Isolement, coupure avec le monde, habitudes et refuges monacaux, autant de murs épais et solides par où néanmoins arrivent à pousser les herbes de la distraction. Sans procrastination, il ne peut y avoir d’écriture ; on peut croire qu’elle retarde tout le processus, pourtant, elle en est une Continuer la lecture#été2023 #01 | Écriture et procrastination