#été2023 #00 | Fulgurance

J’avais douze ou treize ans, j’aimais fouiner dans la bibliothèque de mes parents. J’y avais découvert des romans policiers, des livres de poche illustrés de couvertures aguichantes, je les prenais en douce et les lisais en cachette, planquée sous mes draps, armée d’une lampe de poche ; ces lectures nocturnes n’étaient pas de mon âge et me terrifiaient parfois. Mais un Continuer la lecture#été2023 #00 | Fulgurance

#été2023 #00 | La mérule

Il y a ceux qui embarquent, qui ouvrent. Elle en retient, les paysages, la tension, la fiction, les personnages, les couleurs, les matières. Il y a ceux qui accompagnent. Elle en retient : la voix. C’est avec cette voix qu’elle entre en conversation, il y a vingt ans. La chaleur monte du parquet dans la salle ancienne. Le livre est Continuer la lecture#été2023 #00 | La mérule

#été2023 #00 | mot de passe

Il n’avait guère plus de deux ans, je devais en avoir seize ou dix-sept. Plus d’un demi siècle et je garde toujours encore le nom du héros dans les éléments des mots de passe qu’exigent nos ordinateurs. Les premiers pas en lui ne furent pas faciles. Lis celui-là d’abord avait dit mon mentor dans l’été en m’offrant l’édition Livres de poche. Plus Continuer la lecture#été2023 #00 | mot de passe

#été2023 #00 | l’embarras du choix

Lequel sera condamné à l’aube, lequel extraire de l’oubli de sa cellule, lequel aveugler de lumière crue, lequel empruntera le corridor menant à l’arène, lequel choisir pour agiter la cape, lequel pour se pomponner, se costumer, petit collant moule-bite, petit haut à strass, chapeau biscornu ? Ce matin l’aube est grise et l’embarras du choix pèse. En choisir un serait Continuer la lecture#été2023 #00 | l’embarras du choix

#été2023 #00 | des gosses

Et puis, plus tard, plus intimement, la lecture qui arrive sur le tard et fauche, tremblants, deux textes : un roman sur les années d’internat et puis « la h. … » parce qu’on ne parle jamais honnêtement des blessures encastrées jusqu’à l’os, substance stagnante, cicatrice qui palpite son petit sillon, continue de creuser ses boursouflures de taupe, je ressens de loin Continuer la lecture#été2023 #00 | des gosses

#été2023 #00 | Prologue

J’ai mis du temps à te découvrir. Longtemps, tu es resté un mystère, je connaissais ton existence, à peine ton titre. Tout commence en classe de sixième, le prof. de français, absent, nous envoie son « assistante » (heureux temps où un prof disposait d’une assistante… ) pour meubler cette heure vacante. Politesses ; elle ouvre un livre et commence la lecture. Continuer la lecture#été2023 #00 | Prologue

#été2023 #00 | Comme un premier livre

Ce lieu n’existe pas mais il est mien, dés les premiers mots, les premiers pas. Les noms claquent, les finales en o disent si fort le sud de mon enfance, obscurci et magnifié. Les lumières sont comme voilées mais l’or perce, se fait jour dans une langue qui fait fusionner le trivial et le chant profond. C’est une histoire d’hommes. Continuer la lecture#été2023 #00 | Comme un premier livre

#été2023 #00 | littérature du cadastre

On appellera ça littérature géographique, cartographique, cadastrale — une littérature qui se penche sur le sol, l’observe, le retourne, et n’oublie rien de ce qu’elle constate en chemin — écriture du terrain sans doute proche de celle que composent les cartographes de l’IGN — littérature des toponymes, aussi : villages, bourgs, hameaux, lieux-dits et villes, loin, très loin, hors-cadre presque. Une Continuer la lecture#été2023 #00 | littérature du cadastre

#été2023 #00 | Matrice

un été matriciel suspendu au quatrième étage d’une résidence bordelaise avec vue sur le parc châtaigniers immenses et velus de feuilles soyeuses — un été matriciel suspendu aux pages de l’éphéméride tournées de force presque arrachées à la torpeur du temps qui ne bougeait pas d’une ligne — un été de classiques Vaubourdolle suspendu aux pages jaunies cornées du temps Continuer la lecture#été2023 #00 | Matrice