Eaude scéne(2)

« Petit cheval. Petit cheval », chante l’enfant sot. C’est une pièce en morceaux. Une caserne. Une place. Une chambre. Et l’orée d’une forêt au bord d’un étang. Avec un meurtre.  W tue Marie sur la scène. L’étang est un grand seau de fer plein d’eau. W voit la lune dans l’eau. W dit le couteau perdu qui l’accuse. Les spectateurs croient Continuer la lectureEaude scéne(2)

Eau de scène(1)

Lucrèce va mourir. Le viol l’a déshonorée. Elle s’avance. Elle ne contourne pas le petit bassin qui lui fait obstacle, traverse l’eau. Sa robe rouge se traine. Mouillée devient noire. L’eau s’éparpille en reflets, des murs de la scène aux murs du théâtre. L’eau entre dans leurs yeux. Lucrèce lève le couteau. Se frappe en plein cœur. Tombe longue sur Continuer la lectureEau de scène(1)

A verse

Vaste et ample rumeur du vent dans les feuillages comme une vague. Et puis d’un seul coup d’un seul. Ca crève crépite tambourine fracasse trombe vacarme tôles et têtes, ça délave brouille efface l’horizon soluble tout barbouillé de gris de grains de gouttes drues à verse, ça ruisselle dévale court cascade, ça remue déluge déborde terre et ciel en crue Continuer la lectureA verse

La mer et la mare

Impitoyable et bornée dans la répétition éternelle de ses va-et-vient, parfois on lui trouverait presque un air las, pas très motivé quand la vague mollit un peu. Elle y met tant d’énergie et de fureur, d’habitude. Elle fascine et on se nourrit de cette agitation, de ce rythme. On allait pas ailleurs, ni lacs, ni rivières. Pour nous, il n’y Continuer la lectureLa mer et la mare

considérations sur les solubles et les insolubles

refusant, quant à lui, de n’être qu’une ébauche, qu’un succédané d’humain, incolore, insipide & inodore (dit-il), secouant ses mains, à toute blinde, au-dessus de la table, laissant tomber, provisoirement, l’épluchage des carottes, ne supportant pas, n’ayant (de tout temps, i.e. depuis sa naissance, depuis qu’un jour, pan !, sans crier gare, il est devenu ce qu’il est : une conscience Continuer la lectureconsidérations sur les solubles et les insolubles

L’empreinte

J’ai traversé l’océan atlantique. J’ai détesté l’océan pacifique. Je cherchais l’océan indien. Quelqu’un m’a dit les ruisseaux se jettent dans les rivières, les rivières dans les fleuves et les fleuves dans l’océan, qu’il y avait une différence entre une mer et un océan. Je me suis dit toutes les eaux ne se valent pas mais souvent les eaux reflètent le Continuer la lectureL’empreinte

Éponge, Francis!

Éponge, Francis, éponge ! Toute cette eau, cette maudite eau qui pénètre de partout ! Là ! Par en-dessous la porte, éponge, Francis, éponge ! Mais ne la vois-tu pas ? Suis-je folle ? Ah, elle monte ! Elle rampe, je la vois couler jusqu’à moi. Elle veut me noyer. De partout elle arrive, se glissant, s’immisçant par le moindre Continuer la lectureÉponge, Francis!

Gouttes

J’aime ses sons ses chants variés ses chuchotements envoûtants ses énigmatiques rythmes boiteux — Ploc plic   plic plic Ploc — présence incongrue gouttes qui s’échappent et qui surgissent soudain du silence étrange berceuse nocturne ou diurne  questions inutiles et vaines pourquoi est-ce donc présentement maintenant que ce goutte à goutte devient perceptible existait-il déjà hier —plic— et si non — Continuer la lectureGouttes

#Prologue La princesse aux salmonelles

Eau. Plus loin: non potable. Vague de déception, presque de désespoir. Je meurs. De soif. Je n’exagère pas. Pas mon genre. Ma langue gonflée et monstrueuse en témoignera une fois mort. De soif. Oui, on peut mourir de ne pas se sustenter mais on meurt plus certainement de déshydratation. J’hésite, puis m’enhardis. Le filet d’eau claire qui ruisselle du bec Continuer la lecture#Prologue La princesse aux salmonelles