LeÇon

Cyanea Lamarckii, Charles-Alexandre Lesueur, 1804-1810 Il le prend et il le jette. Vol plané cœur figé miroitement bleu blanc la boule au ventre. Contact. Déchirement de l’onde frais silence subaquatique. Facile remontée merci Archimède. Oscillations en surface. Tiré au fond panique de l’abysse. Gesticulations effrénées battements désarticulés frêle corps animal englué. À peine à flot. Le maître fait danser la barre. Continuer la lectureLeÇon

Bulles

Mon souffle sous l’eau éclate en chapelets de bulles à mon oreille. A chaque expiration, le bleu de la piscine engloutit la cascade d’air. Rythme appuyé du corps qui se tend bras en avant, tête entre les bras, la transe s’installe et étire le plaisir liquide. Zambullir, ce mot espagnol qui veut dire immerger, plonger, cogne à mon cerveau. Zambullir… Continuer la lectureBulles

Eau de scène(4)

Il y a un robinet sur le côté gauche de la scène. À jardin. Un robinet perché sur un tube de métal. Comme une arrivée d’eau de cour ou de jardin à laquelle on branche les tuyaux d’arrosage. C’est l’enfant du deuxième rang qui le remarque.  Il n’écoute pas les acteurs, tous ces mots qu’ils disent dans leurs  voix tordues. Continuer la lectureEau de scène(4)

Où le chêne s’abreuve

Dans le désert il n’y a pas d’eau et pourtant le chêne est immense, c’est étrange, immense et touffu. Le chêne du quartier aussi est immense -ne dites pas que c’est un platane, pour la petite fille c’est un chêne- mais là il y a de l’eau, déjà il pleut et puis il y a les bouches d’extincteurs qui explosent Continuer la lectureOù le chêne s’abreuve

L’eau contenant et les contenants de l’eau.

L’eau ceint le bébé en dedans comme au dehors. Il baigne dans l’eau d’une mère qui marche sur la terre. L’eau ceint la terre en dessous comme au dessus. Autour de la terre il y a l’espace, dans l’espace il y a l’eau. L’eau coule vers les nuages et se déverse d’eux. La terre boit l’eau qui ensuite coule vers Continuer la lectureL’eau contenant et les contenants de l’eau.

les deux eaux

Entre brins d’herbe, ciment et crottes, descendre l’escalier en frottant une fleur de chèvrefeuille, rejoindre le canal qui émerge, passé l’échangeur, suivre la coulée dans l’ombre du large ruban moiré vert sombre glissant entre les parois moussues vers le chant liquide qui s’affirme en jouant avec la musique des branches de l’allée proche, atteindre la bouche rectangulaire ovalisée par le Continuer la lectureles deux eaux

Soif

Elle a un goût salé. Les larmes se sont taries depuis longtemps. Il les a lapées avidement, sa langue se tortillant maladroitement pour en recueillir chaque goutte. Elle coule de son front écrasé de soleil. A hauteur de sable, ses yeux secs suivent le ballet hypnotique de milliers de gouttelettes montées sur pattes qui avancent mécaniquement au rythme de la Continuer la lectureSoif

Jeûne

On raconte que Jésus jeûna quarante jours dans le désert. Admettons. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eût faim. Voltaire n’aurait pas dit moins. L’Evangile fait état d’une lutte contre des bêtes sauvages, mais ne dit rien de possibles mirages. Satan, lui proposa-t-il de l’eau ? Quelqu’un sait-il si Jésus but dans le désert ; la question reste Continuer la lectureJeûne

#prologue Piscine au large

Par l’étendue : un océan, ou au moins une grande mer, par ses rebords, géométriques, ses escaliers, son port carrelé : une piscine. L’eau est luisante polychrome ambiance bulle de savon. Les effluves du chlore remplacent les relents iodés. Des bateaux naviguent dessus, avec des règles spécifiques. L’eau pourtant si calme : est terrifiante, peut engloutir : tout, sans passion, sans vie, sans envie, sans vague. Continuer la lecture#prologue Piscine au large

Que d’eau!

Eau, ça alors, qu’est-ce que je vais écrire? Laisse couler me répond-il. Ah bon? en goutte à goutte, en cascade ou en eau de rose? demandé-je. Qu’importe, renchérit-il, ce qui est sûr, c’est que l’eau du bain n’est pas le Torrent des Glaciers, que ta mère a perdu les siennes un six mars alors que ton père pêchait le brochet Continuer la lectureQue d’eau!