Surtout l’océan

Surtout l’océan, l’océan avant tout, davantage que la mer, que les lacs même l’orgueilleux Baïkal, que le lavabo, le tuyau de douche, la stagnation de la baignoire, bien que la baignoire tout de même quelquefois, rarement, très rarement mais l’océan ;  c’est surtout l’océan, il  se joue de tous, il est le grand maître ; il vous roule et vous déroule dans Continuer la lectureSurtout l’océan

Les gouttières de Dantzig

Aucune tristesse ne montait en moi et rien ne tombait du ciel. La larme sur ma joue était pure réaction physique au vent. La longue jetée de Gdynia s’avançait dans la Baltique, et l’œil s’enfonçait loin. La mer avait une couleur de zinc, comme les gouttières vues le matin même à Gdansk, et dont les formes bizarres de poissons mécaniques, Continuer la lectureLes gouttières de Dantzig

Chez les grenouilles

Au commencement, c’est juste un petit bruit de grelots sur la capuche. Vous tendez la main pour accueillir les premières gouttes, vérifier au toucher ce que les yeux devinent. L’air est plus frais, les odeurs montent de la terre, ça sent l’humide, le chaud, odeurs lourdes de terre ou de pierres, pas encore de mouillé. Vous respirez mieux. Les oiseaux Continuer la lectureChez les grenouilles

Âme russe.

Je suis là, sur le pont d’un bateau, quelque part entre les lacs Ladoga et Onega. Le ciel, suspendu entre jour et nuit, se reflète dans l’eau calme qui coule, depuis des siècles, sous mes pieds. Il est deux heures du matin. Un vent doux souffle sur la rivière. Ma tête baigne dans l’air où mon esprit vagabonde. Le long Continuer la lectureÂme russe.

Bouchon

Eau qui coule et penser d’abord à celle-là, une eau qui bouge, glisse, fuit, qui n’est jamais la même. Le bouchon orange fluo qu’elle emporte entraînant le regard, de la main retenir la ligne un peu par un fil transparent, invisible, finir par le sortir de là pour le rejeter en amont précisément à l’endroit d’où il vient et ce Continuer la lectureBouchon

Est-ce l’exil que tu chuchotes?

Quand l’été s’abat en ville, les volets baissés font de la pièce close un puit de fraîcheur. Il parle rarement de la Méditerranée au bord de laquelle il a grandi. Quelle place occupe-t-elle dans son corps? Une mer natale ne s’oublie pas comme ça. Le bleu qui l’habite trouve écho dans des fragments de ciel aperçus depuis une fenêtre. Il Continuer la lectureEst-ce l’exil que tu chuchotes?

Puis le silence

L’infini bleu. Les pétales de rose de tes orteils tutoient le ciel, poussent les nuages. Le sable berce ton corps. L’oreille indolente suit la régularité du flux : diastole et systole de la mer trouées par les cris des enfants et des mouettes rieuses. Suspension temporelle. La nature en pause. Un silence d’eau delà. La mer a disparu crie quelqu’un. L’écume Continuer la lecturePuis le silence

#L0 | prologue | Eau lourde

Elle avance le nez au sol, le sable humide de la grève aspire le pied qui bataille pour se désenliser dans un bruit de succion. La grève est d’un sable noir volcan. Elle tourne la tête à gauche, découvre ce qui l’oppresse : une muraille liquide figée en un surplomb qui avale toute la lumière. Dans ce monde-là, la vague règne Continuer la lecture#L0 | prologue | Eau lourde

L’eau qui brûle

L’eau qui ne lave plus, pourtant bien claire mais ne peut plus rien faire, elle coule, laisse faire, ne blanchira rien. Pas mieux que l’eau qui stagne à en moisir, cette eau propre qui ne peut plus te nettoyer, qui brûle, eau-feu sur tes écorchures vives, eau bénite évaporée, eau lustrale bien trop noircie, eau du ruisseau des insouciances du Continuer la lectureL’eau qui brûle