#P8 Caravelles

Tu t’appelleras Vasco de Gama mon fils et tu auras un destin exceptionnel.Quelle fée s’est donc penchée sur ton berceau pour marquer ton front bas d’un coup de baguette tordue?Ce front, c’est vers l’immensité des océans, que tu le tournes invariablement, dès tes premiers pas. On te l’a chuchoté à peine né: rien n’est trop grand, trop beau pour toi. Continuer la lecture#P8 Caravelles

Chaque soir

Que tu n’as pas eu d’enfant. Des canaris et, toi, un air aussi, un peu canaille. Qu’est-ce qu’ils laissent d’eux, les morts? D’elles, les grandes tantes? Un portail fou. Ta voiture comme dans les bandes-dessinées, qui tressaute pour trois mètres. Et puis ta voiture plus jamais, une pièce de plus dans l’allée, où fourrer ton fatras. Ma mère encore plus Continuer la lectureChaque soir

#P8 | Anne Marie Straboni

Tu grandis en deçà des monts, tu es née trop tôt pour aller à l’école mais tu écorces les châtaignes pour payer le maître qui apprend l’écriture à ton frère. Tu es une fille des sentiers, ta mère ça la rend folle, elle dit qu’un jour il t’arrivera malheur, elle fait pour toi bien des prières, elle craint que tu Continuer la lecture#P8 | Anne Marie Straboni

Celle dont tu portes le nom

Je n’ai de toi que ce portrait sans rides, tu es morte bien avant de savoir que j’allais un jour exister, aucun sourire sur tes lèvres fines, les yeux sont cerclés de cernes profonds, les cheveux adroitement attachés en chignon sur ta nuque, un long collier de perles sur la robe noire, les mains délicates et blanches posées sur les Continuer la lectureCelle dont tu portes le nom

#P8 Dans quoi tu te lances ?

Pause 1 — D’où parles-tu, toi ?De Vichy bien sûr, la reine des villes d’eau, la station thermale que Napoléon III a tant aimée ; celle où était en cure le futur gardien de Dreyfus quand il fut rappelé à Cayenne. De Vichy bien sûr où est né Valéry Larbaud dont le père possédait la source de St Yorre, qui fut l’ami de Louis Continuer la lecture#P8 Dans quoi tu te lances ?

#P8 T’es bancal

Tu es là perdu, certainement perdu, on te regarde tous, près à te soutenir, comme un château de sable prêt à être dévorer par l’océan, tu ne nous regarde pas, tu souris en jouant, tu portes un jean, des basket, un sweet-shirt, pourtant tu sais, tu es grand maintenant, enfin presque, tu as compris, tu feras avec, on fait tous Continuer la lecture#P8 T’es bancal