#P5 De la dentelle sans trame

Le corps, c’est des bouts de napperons que l’on raccroche l’un à l’autre, des assemblages de tissus musculaires, de tissus nerveux, de tissus adipeux. Ajusté à la main, à l’aiguille, au crochet, l’être s’habille d’étoffes de squelette, se ficèle de broderies de chair. Des bords en dents referment l’ensemble au niveau de l’échine en courbe. C’est un ouvrage très régulier, la dentelle : un travail de la Continuer la lecture#P5 De la dentelle sans trame

#P5 | démoulage

Une béance scintillante dilate l’atmosphère — la douleur lèche les secondes — la langue ne se reconnait plus — absolument tout est étranger. Au loin une voix métallique rose et blanche annonce ce qui va suivre ; écartez-vous du quai s’il vous plaît. Les organes creusent des tranchées, coordonnent la mêlée, le temps remué s’épaissit déjà. Tout autour de vagues Continuer la lecture#P5 | démoulage

#P5 Comme un serpent

Une sensation de mort qui survenait juste avant le sommeil, c’était récurrent, sans régularité particulière mais récurrent, c’était il y a longtemps, ça n’arrive plus. Déjà dormi ou pas quand ça survenait, comme un lent engourdissement, c’était à la fois lent et rapide, tout d’un coup ça saisissait la cage thoracique, montait, prenait à la gorge, s’emparait de la mâchoire Continuer la lecture#P5 Comme un serpent

#P5 / chair adverse

la chair adverse déchiquette ; en elle vacillent radicelles ; l’être l’os tressaille une plainte s’enfuit l’être l’os tressaille frémit dans la nuit fragmentée dénervée là dans la coulure elle sent que cela coule inévitablement   temps et choses deviennent liquides évanouis dans le flou .démembrement. toute eau retenue du corps tout liquide émotion rentrée désincarnée chancelante fragile roseau retourné tremblant dans Continuer la lecture#P5 / chair adverse

#P5 | C’est pas moi

Tomber, dégringoler, se retourner de terreur, la mort juste en face. aplati, démembré, rien. Me retourner, regarder en arrière, la mort en face. Voir plus vite que penser. cerveau figé, gelé, subjugué. Les yeux vont plus vite que la tête, comment font-ils ? VOIR ! Ils entrainent le corps, sa torsion, sa tension. Les bras et les jambes se replient, Continuer la lecture#P5 | C’est pas moi

#P5 | tempête

plexus solaire dense, bloc de nerfs empêchés s’accumulant en un coussin replet, à la fois appui-tête et compression du diaphragme, petit plongeoir pour rejoindre les bas-fonds de l’âme chair noueuse éclate en mille cristaux de verre qui s’en vont lacérer le visage d’un autre miroir à briser. Voix qui gonfle et se gorge des rancœurs accumulés, le corps se fait Continuer la lecture#P5 | tempête

#P5 | Point corps.

Point effleuré. Point fleur. Point de soi. Pointe de soi. Lieu si minuscule qu’il n’existe pas sur les cartes corps. Passage permis, bref mais retentissant. Corps perdu retrouvé, ramassé, retendu, revenu, depuis l’unique point enfin remué. Doigts furtifs, déjà disparus, qui laissent après leur départ les traces du passage, appliqué et précis. Paradoxe de la durée. L’instant se fait écho Continuer la lecture#P5 | Point corps.

#P5 / Le vertical s’effondre, l’horizontal danse, tu luttes

C’est d’abord des sons qui s’éloignent pendant que le paysage s’étire, s’aplatit, se défigure. Tu perds du vertical, comme ça ! Il s’enroule en dedans, t’aspire, tu ne sais comment. Tout se désorganise. Tu prends une forme brouillée, tu te dissipes, tu t’étales, ton regard vacille. Bras et jambes en lutte pour rassembler ce qui s’égare dans la spirale du Continuer la lecture#P5 / Le vertical s’effondre, l’horizontal danse, tu luttes

#L5. Affolement

Il y a en moi un autre, papillon de nuit aveuglé par la lumière obscure réverbérée par les murs de sa prison, affolé de ne pouvoir trouver la sortie, et l’autre qui l’enferme à double tour, gardien amnésique ayant perdu la clé, sanglé dans sa sévérité sans but, centré sur sa tache, accomplie sans désir, juste pour ainsi maintenir la Continuer la lecture#L5. Affolement

#P5 |Trembleur comme une flamme

La lanière qui claque, s’enfonce et glisse, le picotement et la brûlure, la lueur jaune, incandescente, rouge puis jaune et la fonte enfin, du corps et des entrailles au beau milieu d’un seau, un seau plein d’un métal crémeux comme du miel. Espace entre haut et bas, entre air et peau, entre passé et présent, entre identité et univers, entre Continuer la lecture#P5 |Trembleur comme une flamme