#6 sept jours

MERCREDI matin vers 8 h 30 – La camionnette. Un homme en combinaison blanche, cigarette au bec et sourcils froncés, déroule un tuyau près d’une camionnette blanche surmontée du panneau « travaux publics », garée sur le trottoir. Du véhicule sort du rap à fort volume. Je m’arrête pour écouter. Aussitôt, l’homme plonge à l’intérieur et coupe le son. Le regard coupable Continuer la lecture#6 sept jours

Celle dont tu portes le nom

Je n’ai de toi que ce portrait sans rides, tu es morte bien avant de savoir que j’allais un jour exister, aucun sourire sur tes lèvres fines, les yeux sont cerclés de cernes profonds, les cheveux adroitement attachés en chignon sur ta nuque, un long collier de perles sur la robe noire, les mains délicates et blanches posées sur les Continuer la lectureCelle dont tu portes le nom

#P8 -TOI

Tu habites une jolie petite maison derrière une porte verte à la peinture écaillée, une porte de ferme que tu ne fermes d’ailleurs jamais et dont on peut apercevoir, lorsque l’on s’arrête devant ou quand on ne fait que passer, les premières pierres d’une grange, dans laquelle tes outils pendent aux murs dans l’attente d’être utilisés. Tes outils, qu’il semblerait, Continuer la lecture#P8 -TOI

#P7 | C’était à Vieux-Fort

S’apercevoir qu’on a ressassé un cadre, qu’on a posé régulièrement une fenêtre – visuelle, mentale puis photographique – sur un même petit bout du monde comme pour capturer la sensation de plénitude chaque fois étonnamment vive, tenter d’épuiser la beauté du lieu, en saisir les nuances, éveiller les souvenirs, ranimer le paysage quand le besoin s’en ferait ressentir et que Continuer la lecture#P7 | C’était à Vieux-Fort

#P8 Dans quoi tu te lances ?

Pause 1 — D’où parles-tu, toi ?De Vichy bien sûr, la reine des villes d’eau, la station thermale que Napoléon III a tant aimée ; celle où était en cure le futur gardien de Dreyfus quand il fut rappelé à Cayenne. De Vichy bien sûr où est né Valéry Larbaud dont le père possédait la source de St Yorre, qui fut l’ami de Louis Continuer la lecture#P8 Dans quoi tu te lances ?

#P8 – pas cent ans

Tu occupes, dans le grand appartement (assez grand pour que le ménage de votre fils aîné le partage avec vous) qui fut votre dernier adresse – votre dernier achat, votre couronnement, bien plus haut que les abords du port –, la grande chambre, celle qui fait suite aux pièces de réception et s’ouvre sur le parc de Galland, et maintenant Continuer la lecture#P8 – pas cent ans

#P8 Toi de Tulle

Qu’est-ce que tu as fait Angèle, tu aurais pu avoir une autre vie, tout en la passant à Tulle. Quand on descend à Tulle, on croit descendre aux enfers dit-on. Toi, tu y as vécu l’enfer, l’enfer que tu as construit. Qu’est-ce qui t’a pris d’écrire toutes ces lettres? Tu l’as aimé? Tu aurais voulu en faire ton mari, qu’il Continuer la lecture#P8 Toi de Tulle

#P8 T’es bancal

Tu es là perdu, certainement perdu, on te regarde tous, près à te soutenir, comme un château de sable prêt à être dévorer par l’océan, tu ne nous regarde pas, tu souris en jouant, tu portes un jean, des basket, un sweet-shirt, pourtant tu sais, tu es grand maintenant, enfin presque, tu as compris, tu feras avec, on fait tous Continuer la lecture#P8 T’es bancal

#P7 – Forêt sans soleil

La chambre d’hôtel douillette aux allures écossaises s’ouvre sur une mince et haute terrasse pavée de dalles gravillonneuses aux nuances sableuses. Une petite table de bar avec deux chaises en paillage plastique crème attendent sous la pluie que quelques fesses viennent se poser sur elle pour admirer la futaie au Sud ou de l’autre côté le versant ouest de la Continuer la lecture#P7 – Forêt sans soleil