#P7 (vers #P8) Au bois d’avril

C’est au bout d’un chemin après qu’on a quitté les pins — leurs fûts peignés de rose, d‘orange Fauve. Tu dépasses sur ta gauche le grand chêne scarifié. L’écorce brûlée vive comme un Soulage cylindrique. C’est après le grand chêne, que tu la vois enfoncée dans  le hallier— sa bécane avec son guidon en bélier—  et lui se perdre dans Continuer la lecture#P7 (vers #P8) Au bois d’avril

#P8 Agnès

Tu quittes ce monde comme tu y es entrée, les piedsnus.Le sol, sa chaleur, sa minéralité sont pour toides liens précieux au monde, pas seulement celui que tu parcours de ton pas lent et puissant chaque jour, pas seulementcelui que ton regard embrasse tout autour, pas seulementcelui que tu devines caché au-delà de la colline cette frontière quotidienneque tu sais Continuer la lecture#P8 Agnès

#P8 | Elle est signée de ton nom

Tu es la cadette du microcosme, longtemps. C’est ce qui fait ta singularité. Tu as le sentiment qu’une ligne est tracée. Qu’il est possible de s’en éloigner pour quelques pas, puis d’y revenir. De toute façon tu le sais bien, on t’appellera. Les regards toujours se tournent vers toi. Minuscule, tu fais tes premières nuits dans un lit bateau. Dans Continuer la lecture#P8 | Elle est signée de ton nom

#4 Sentimenthèque : lire où souffrir

Avant d’écrire, d’abord, lire où souffrir.Rêver n’être que mystère, justicière masquée la nuit. Double vie.Rêver n’être que désir, quand le saphir se pose sur le vinyle, les toilettes très loin au bout du couloir qui annoncent la solitude à deux quand, bientôt, on ne s’aimera plus.Caresser l’idée de n’être plus que chienne, dans la liesse de la laisse, attachée à Continuer la lecture#4 Sentimenthèque : lire où souffrir

#P8 Caravelles

Tu t’appelleras Vasco de Gama mon fils et tu auras un destin exceptionnel.Quelle fée s’est donc penchée sur ton berceau pour marquer ton front bas d’un coup de baguette tordue?Ce front, c’est vers l’immensité des océans, que tu le tournes invariablement, dès tes premiers pas. On te l’a chuchoté à peine né: rien n’est trop grand, trop beau pour toi. Continuer la lecture#P8 Caravelles

Chaque soir

Que tu n’as pas eu d’enfant. Des canaris et, toi, un air aussi, un peu canaille. Qu’est-ce qu’ils laissent d’eux, les morts? D’elles, les grandes tantes? Un portail fou. Ta voiture comme dans les bandes-dessinées, qui tressaute pour trois mètres. Et puis ta voiture plus jamais, une pièce de plus dans l’allée, où fourrer ton fatras. Ma mère encore plus Continuer la lectureChaque soir

#P7 Paysage d’arbres

Matin 8h – Images soutenues par une force végétale assurant le passage de l’œil, lumière du premier champs, les troncs s’alignent suivant une diagonale établie en vertu d’une autre diagonale, celle de la lumière traversant le premier plan dans l’ordre inverse, perfection des lignes, l’arbre planté par un géomètre faisant du champs une cathédrale à ciel ouvert, les deux lignes Continuer la lecture#P7 Paysage d’arbres

#L7 | carnet du 9 août 2021

Le sous-titre du carnet pourra être  » Poinçons ». Cette question des premières impressions auditives m’a travaillé. Peu à peu l’idée du bloc s’installe. Lyrisme en langue étrangère, lyrisme étranger (et pourquoi les impressions qui m’ont saisi en arrivant au Maroc seraient-elles fondamentalement étrangères à celles ressenties par ce jeune homme de 20 ans débarquant à Alger ? Je peux mettre à Continuer la lecture#L7 | carnet du 9 août 2021

#P8 | Anne Marie Straboni

Tu grandis en deçà des monts, tu es née trop tôt pour aller à l’école mais tu écorces les châtaignes pour payer le maître qui apprend l’écriture à ton frère. Tu es une fille des sentiers, ta mère ça la rend folle, elle dit qu’un jour il t’arrivera malheur, elle fait pour toi bien des prières, elle craint que tu Continuer la lecture#P8 | Anne Marie Straboni