#L8/ Les cavaliers

…et soudain, alors que l’haleine givrait sur le bord des écharpes, leur mère claironna : « C’était un soir… » et toute la fratrie se mit en position, joyeuse, une jambe arquée devant, l’autre tendue derrière, les feuilles mortes collaient aux semelles, gluantes de terre lourde, et dans les mouffles ramenées à hauteur de poitrine, dans cette imitation du geste des cavaliers, Continuer la lecture#L8/ Les cavaliers

#P8 Petit garçon

Tu regardes les montagnes. Les gens de la plaine les tiennent à longueur de bras. Ils marchent sur terrain plat et ils travaillent la terre. Alors toi aussi tu es paysan. Mais tu regardes les montagnes. Tu es le fils aîné. Tu as deux sœurs puînées. Tu n’as pas de frère. Tu as une chatte qui dort avec toi sous Continuer la lecture#P8 Petit garçon

#L9 Pause 3

Alors comment avance ton affaire ?Mal, très mal, l’écriture ne m’intéresse plus, je me perds dans la documentation. Tout recommencer ou m’arrêter. Cela ne sert à rien. La rentrée littéraire apporte ses nouveaux produits et me décourage encore plus. Diop se penche sur la colonisation avec l’histoire des amours d’Adanson, Adanson le botaniste qui a laissé son nom à Adansonia digitata, Continuer la lecture#L9 Pause 3

#L3 Voix intérieures

Voix intérieure 1 Cette femme est belle en face de moi — On s’est installés en face d’elle — On dirait qu’elle dort — Mais moi je sais qu’elle a pas de sommeil — Que son sommeil est faux — Il est pas vrai — Elle fait pas semblant — Elle est juste prise entière par son manque de sommeil — C’est tout — C’est pas la question de faire semblant ou pas — Tout entière elle est prise et Continuer la lecture#L3 Voix intérieures

#L9 PROPOS SUR LES GLACES VANILLE, LES MANTEAUX DE FEUTRE, LES RADIATEURS & LES ÉCUELLES

PROPOS DE ZÉPHON (…) ne pouvant, quant à lui, qu’accepter ça (se voyant mal, quant à lui, refuser ça) (gardant en mémoire, en dépit de son aversion, le coup de sang, à chaque fois que quelqu’un – elle ou quelqu’un d’autre, souvent un ami, un être bienveillant, désireux de te plaire, dit-il, de te faire plaisir, te filerait entre les pattes quelque chose, dit-il, une Continuer la lecture#L9 PROPOS SUR LES GLACES VANILLE, LES MANTEAUX DE FEUTRE, LES RADIATEURS & LES ÉCUELLES

#L6 Les seuls

Voix 1 Dans la nuit, c’est lui qui me sauve. Le dos à lui tiède. Il retient le froid de m’envahir dans la nuit. Du sable froid par les pieds, par les pieds du béton de sable, dans la nuit, c’est du béton. De la poussée de froid sous les étoiles. Il n’y a plus d’insectes volants moites de la Continuer la lecture#L6 Les seuls

#L9 – Il était une fois le ciel ou comment le toucher du bout des doigts.

Le mot ciel vient du latin caelum qui implique une forme circulaire et contient une connotation de pureté et de perfection harmonieuse. Le ciel est l’étendue visible au-dessus du sol depuis la surface de la Terre, de l’horizon au zénith. Il est à la fois l’atmosphère terrestre dans laquelle volent les oiseaux et courent les nuages et la sphère céleste, au-delà de Continuer la lecture#L9 – Il était une fois le ciel ou comment le toucher du bout des doigts.

#P7 Antonia (prononcer paresseusement la dernière syllabe, en diérèse, comme s’il y avait deux l entre le i et le a)

variation 1 La fenêtre de la petite chambre nord de chez l’Antonia est une discrète position de vigie. À gauche, la vue rassurante sur l’arrière de l’auberge des quatre-routes. On pourrait toucher l’ardoise gris-bleu sombre des murs et des toitures qui se détache sur un nuancier de verts dominant. Au premier plan, le pré. En deuxième ligne, l’écran des hauts sapins Continuer la lecture#P7 Antonia (prononcer paresseusement la dernière syllabe, en diérèse, comme s’il y avait deux l entre le i et le a)

#P8 | La maladive exhalaison ou Le dytique(2)

(…) Parmi la maladive exhalaison De parfums lourds et chauds, dont le poison —Dahlia, lys, tulipe et renoncule— Noyant mes sens, mon âme et ma raison, Mêle, dans une immense pâmoison, Le Souvenir avec le Crépuscule. Paul Verlaine, Crépuscule du soir mystique, Les Poèmes saturniens Des odeurs âcres de pierre, d’urine et d’étoffes mal lavées imprègnent les couloirs et les Continuer la lecture#P8 | La maladive exhalaison ou Le dytique(2)

P#3 Mange le feu

Manger l’ardeur à belles dents. La croquer sans retenue, sans frilosité. Jouir de l’éclatement, puis de la pulvérisation des sensations du feu. Mange le feu. Faire rougeoyer les muqueuses de la bouche fait trembler tout le corps. Le mental également est feu par extase. Allumer l’interne de la langue au palais. Le feu. Mange le feu. Remonter de saut en Continuer la lectureP#3 Mange le feu