#P8 Celtic meeting

Tous les matins tu respires le jour. Tu reconnais l’odeur de la mer, les algues, le sable, la digue, les barques des pêcheurs. Tu respires à plein poumon, ça te donnera du souffle pour ce soir. Tu marches le long de la côte, tes cheveux gris filent vers tes épaules. Tu aimes ce sentier. D’un côté la lande, de l’autre Continuer la lecture#P8 Celtic meeting

#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

Cet été-là elle venait rejoindre la famille en vacances au village, elle n’en avait pas réellement envie, aurait préféré passer août à Paris avec P, mais n’avait osé se soustraire à l’autorité maternelle, avait fait le voyage en train de Paris à Marseille, avait depuis la gare Saint-Charles rejoint à pied la Joliette où elle avait embarqué de nuit sur Continuer la lecture#L9/ du feu, des mazzeri, de la rue Droite…

#P5 non pas au fusil

fatigue impuissante, yeux ouverts même fermés, cinémascope sans image, toile noire et brouillée, rien ne se crée : je pourrais dire paroi, je pourrais dire cerveau, morsure de douleur, à la tenaille, et si je sombre sans réveil, tant pis pour les matins  membres raidis, fourmillements, qu’on me tire, non pas au fusil : aux extrémités, les mains les pieds pour que je m’étende, de tout mon long éreintée, faire que je dorme ; la chose émerge et je me Continuer la lecture#P5 non pas au fusil

#L9/ documenter c’est écrire

Le terme « bicoques » désigne des habitations typiques d’ici. Accrochées aux pentes abruptes au-dessus de l’anse où s’est développé le port, elles ont été construites de façon anarchiques par toutes les petites mains arrivées avec l’exode rural depuis les Hauts Plateaux. Paysans pauvres, souvent jeunes, partis pour embaucher sur les docks, sur les cargos, sur les chalutiers, dans les petits commerces Continuer la lecture#L9/ documenter c’est écrire

#P9 File le temps

C’est une photo en noir et blanc fermée aux quatre coins par de petits triangles transparents. C’est la nuit ou le soir. Il fait sombre en tout cas tout autour. Seuls sont éclairés deux enfants au premier plan. Au-dessus d’eux des guirlandes de lumière. Peut-être pour les fêtes de fin d’année, des illuminations se reflètent dans le regard du petit Continuer la lecture#P9 File le temps

L 9 – Les lilas du Jadis

Elle (mon personnage-mystère) s’émerveille : le parfum des lilas resurgit, tel autrefois dans le jardin de sa grand-mère. C’est elle, c’est moi à travers elle, qui s’émerveille ? Je laisse place à Pascal Quignard. En 2002, dans son traité Sur le Jadis, il écrit : « À chaque saison, lors de la contemplation de ce qui resurgit, l’âme récapitule. Le corps repasse Continuer la lectureL 9 – Les lilas du Jadis

P#9 Les photographies

C’est une photographie. Ses bords ont été découpés, on n’a visiblement plus le cadrage original. Cette photographie a été collée sur un calendrier fait comme un cahier à spirale, au mois de février. En dessous, les semaines et les numéros des jours sont inscrits à la main. Chaque fin d’année, nous avons droit à un nouveau calendrier pour l’année qui Continuer la lectureP#9 Les photographies

L’ivraie

Et telle fut sa rentrée dans ce grand casernement gris avec au centre, des carrés de pelouse comme des tapis de jeu, et sur ces tapis insérés entre les terrains de basket, de raides vestales en pierre, et à leurs pieds, la masse mouvante et susurrante des élèves, énorme grappe de gamins de son âge mal réveillés, le cartable calé Continuer la lectureL’ivraie

P#6 Jours à l’envers

Dimanche                                                                                                                               Les deux assises sur un banc face au port, devant elles passent des touristes, assez peu pour un dimanche. L’une fait remarquer que Port-Vendres est moins fréquentée que les autres villes de la côte. L’autre pointe le fait que ses plages ne sont pas directement accessibles à partir du centre-ville. Elles trouvent, un peu bêtement, que c’est une chance. Continuer la lectureP#6 Jours à l’envers