Les monts et la nuit germent dans l’ombre

Lorsqu’il brûle, l’oxydation du papier abandonne sa blancheur à l’obscurité de la cendre mais la mèche de la bougie attend la raréfaction de son essence, cire, huile, pétrole, alcool … La fin qui suscite l’éveil peut-elle intervenir à temps ? À la pointe du jour déclinant, le mont Wuhan retient son souffle. L’oiseau file les dernières notes de son chant Continuer la lectureLes monts et la nuit germent dans l’ombre

#L9

La petite chèvre de Monsieur Seguin La chèvre est a été aux yeux des enfants de nombreuses générations le symbole de la super maman sauvant ses chevreaux du grand méchant loup, l’héroïne menteuse, la nymphe rêveuse. Celle de Monsieur Seguin se singularise des autres chèvres dont on raconte les histoires. Bien nourrie et protégée dans son enclos, elle  vit de Continuer la lecture#L9

#P9-Comptine

C’est une photo en couleur, trois visages occupent l’image. Au premier plan, la tête d’un nouveau-né, légèrement inclinée vers le bas, la peau encore rouge. L’enfant est vêtue d’un pyjama de velours blanc avec capuche, parsemé de motifs bruns. Ses yeux fermés sont deux petites boursouflures qui font écho avec le rebondi des joues. Ses cheveux sont noirs, le front Continuer la lecture#P9-Comptine

#L9 – amplifier un monologue

Poursuite du monologue de Lui qui attend dans le jardin public, il en a marre de faire les cent pas dans ce jardin suranné. Des lilas, des lilas, encore des lilas. Leur odeur entêtante. Il se souvient des brassées de lilas au pied de l’autel. L’homélie affligeante du curé, ses effets de manche. Envie de hurler. Un an déjà depuis Continuer la lecture#L9 – amplifier un monologue

#L8 Pfizer Solo

Marcher le long de l’allée de tilleuls en fruit, cette ombre reposante, évacuer le poids de la journée, le trop plein de la Ville, le trop plein de la vie, se laisser aller à l’ombre des tilleuls, à leur présence silencieuse, silencieusement encombrante et se sentir encombrée. Et là voir quelques rares micocouliers qui alternent les tilleuls dans cette allée, Continuer la lecture#L8 Pfizer Solo

#L6 Double solitude

Elle ferme la porte qui claque. Pourquoi claque? C’est peut-être en silence. Elle ne se souvient pas. C’est sûrement mieux comme ça, qu’elle referme en silence. Elle reste un moment là, à l’entrée, sans pouvoir avancer. Elle attend un instant. Ne sait pas si elle pourra aller plus loin. Mais rester là, plantée là, c’est ridicule : elle avance comme Continuer la lecture#L6 Double solitude

#P7 Ligne après ligne

Lever gris souris Nuages qui s’emmêlent, se démêlent sans langueur sur une toile de fond grise. Ce matin, Zeus s’est levé tôt, en kit, la barbe sale. Les rayons de soleil tentent une percée, on espère les voir dissoudre le voile matinal mais le tapis de coton tient ses moutons bien serrés. Aucun passage ne s’esquisse. La tristesse est aussi Continuer la lecture#P7 Ligne après ligne

Une année à déborder

C’est une photo sillonnée, une photo des sillons, une photo de l’écart, éventrée de part en part. Un rectangle débordé d’un rectangle plus grand, bavant sur le côté en un premier écart de crème. Trouée en son centre quelque peu déporté, une trouée de ligne claire, trou d’un tissu noir et d’une sangle en travers. Deux photos l’une à l’autre, Continuer la lectureUne année à déborder

#L6 | Nuit aveugle

La nuit est parfaitement aveugle. Résurgence du petit garçon qui sentait ses cheveux se hérisser quand il descendait au sous-sol, rempli de fantômes, d’esprits, de vampires, de goules, de monstre, de tout ce qui était consubstantiel à l’ombre, cet énorme Ça, cette présence informe, innommable et dangereuse. Il ne fallait pas allumer tout de suite, pour laisser le temps de Continuer la lecture#L6 | Nuit aveugle