P#10 | …poussières

C’est fou comme cela se salit vite. Comment ça ? Et bien regarde autour de toi. Tu vois la poussière, là et encore là. Je balaie des heures durant et rien n’y fait. Élise lève la tête, dirige son regard vers les zones sommairement indiquées par la pointe du menton de Zoé. Son regard croise le verre sur la table et Continuer la lectureP#10 | …poussières

#voix | Qui perd ses dents

Voix basse marmonnée, grave sans gravité, faible rugissement cotonneux bercé de courants d’airs, elle repose dans l’espagnol, s’excuse en français. Le basque rond y a laissé mille empreintes chuintantes, ronronnantes, peluchées, è, a, p, b, r enroulés. Assoupie dans la gorge et la bouche trouée, elle baisse les yeux, les commerçants froncent les sourcils, les amis tendent l’oreille, les enfants Continuer la lecture#voix | Qui perd ses dents

P8 Tu…

Tu es à terre. Tu n’as pas supporté ce brusque abandon, cette trahison, ce coup tombé du ciel comme un tonnerre après l’éclair. Tu ne t‘en doutais pas, enfin, c’est ce que tu dis, ce que tu crois, mais au fond, il n’y avait pas un petit soupçon, une appréhension dans tes réflexions ? Ton cœur n’était pas un petit peu Continuer la lectureP8 Tu…

L#10 Une si belle journée de septembre

C’est une très belle journée de septembre. Il a décidé de faire un petit tour dans Paris. Boulevard Saint-Antoine, il y a un attroupement devant l’école d’Eugénie, femme de napoléon III. Il a du mal à passer, des femmes monopolisent le trottoir, font blocus, un véritable mur de corps bronzés habillés comme en juillet alors qu’on est déjà en septembre. Continuer la lectureL#10 Une si belle journée de septembre

la fabrique | Écrire l’été VII

Dimanche Thibault s’en est donné du mal pour venir nous rejoindre, quitte à descendre une bière dans les cinq dernières minutes. Quand il arrive à Voltaire, comme une fleur sur son vélo pliant, il a fait son meilleur temps de puis chez lui : étonnamment peu de monde dans les rues. Là, ça bloque. Tout le quartier, des camionnettes de flics Continuer la lecturela fabrique | Écrire l’été VII

#P11 | le bruit que fait le temps

Il l’entend passer devant la porte de sa chambre sans y entrer. C’est pour cela qu’elle essaie d’être aussi silencieuse. Glisse plutôt qu’elle ne marche, descend l’escalier, lentement, en évitant le grincement de la quatrième marche à droite, là où le bois cède sous le poids du corps qui s’y appuie, puis elle continue, sur la pointe des pieds. La Continuer la lecture#P11 | le bruit que fait le temps

#L11 scénarios suites improbables

1. Le type regarde à gauche avant de traverser, et de la droite surgit une énorme caisse qui le renverse et prend la fuite – personne n’a rien vu ; ci-gît le type, son sac renversé, ses enveloppes plus ou moins éparses – et après (parce que c’est la onze et qu’il n’en reste qu’une, peut-être) 2. ça ne se peut Continuer la lecture#L11 scénarios suites improbables

#P11 Les jours de mugissements

Le ronflement du réfrigérateur en sourdine mais toujours présent, une respiration, quelques grincements. Les petits plop irréguliers des pois-chiches qui baignent dans l’eau. Le tintement du four micro-onde, un ding soudain qui perce le presque silence. L’éclatement du blanc d’œuf qui projette le beurre fondu sur les parois de la poêle. Les pas sur la latte du parquet, celle qui Continuer la lecture#P11 Les jours de mugissements