la fabrique | Danièle Godard-Livet, à table

J’ai une pratique amateure de l’animation d’atelier d’écriture, bénévole et dans mon salon le dimanche après-midi (3h) avec à la mi-temps un goûter. Mon recrutement passe par une association culturelle où chaque adhérent peut proposer une activité; les participants sont donc des connaissances pour certains et des quasi-inconnu(e)s pour d’autres, adultes ou ados. Pendant quatre ans, j’ai proposé des ateliers Continuer la lecturela fabrique | Danièle Godard-Livet, à table

Who knows ?

Ouch. Machinalement, il porte la main à sa jambe. Machinalement, celle-ci refait le chemin inverse. Du sang. Le buisson de ronces qui s’est offert un bout de sa chair n’a pas l’air de s’en émouvoir. Ses épines vermeilles se dressent comme autant d’épées en guise d’avertissement : ton quelque part à toi, c’est notre territoire à nous. Clear off ! Au loin Continuer la lectureWho knows ?

la fabrique | Emmanuelle Cordoliani, des cuisines

Sorties tout droit de l’anthologie d’une certaine dose de poésie Quand on épluche les pommes de terre,            ça fait à peu près le même bruit            que quand on coiffe les cheveux d’un enfant.                        […]                        Quand on coupe le fruit de la passion, il s’ouvre parfois comme avec le soupir d’un être qui a été pendant longtemps abandonné.                        Quand on touche Continuer la lecturela fabrique | Emmanuelle Cordoliani, des cuisines

#L2 Ce qu’il aurait pu voir

Dans le train qui se remet en marche, l’homme voit que des places se sont libérées, hésite un instant, et puis descend son sac, le pose résolument sur le siège que la femme occupait, se renfonce contre le moelleux tissu de son dossier, allonge ses jambes, jette un coup d’oeil aux nuques devant lui, aux arbres qui glissent le long Continuer la lecture#L2 Ce qu’il aurait pu voir

Une île dans la ville.

Chapitre 1 Il y arrive seulement, mais il a toujours été là autant qu’il s’en souvienne. Il est là depuis des années, des dizaines d’années, pourtant, c’est la première fois qu’il y vient. Le hasard l’a voulu ainsi. Cette fois ci, il n’a pas eu à prendre ni le train, ni l’avion. Les emplacements sont pris. Il tourne et retourne. Continuer la lectureUne île dans la ville.

#L2 | Tant de pièces vides

Escalier C / Appartement 197 / Di Maggio Le carrelage vert dans la salle de bain, décollé, effrité, en éclats sur le béton nu. L’armoire à pharmacie ne tient au mur que par une seule vis. Une plaquette de Citalopram. Une brosse à dents Pocahontas. Un tube de Titanoréïne. Un gant de toilette racorni. Des tongs portant une marguerite en plastique. Continuer la lecture#L2 | Tant de pièces vides

Ce que sait son frère

Greg a regardé le break Volvo s’éloigner avec un pincement au cœur, même s’il sait que ce déménagement ne modifie en rien les sentiments qu’il éprouve pour sa sœur ni l’amour qu’elle lui témoigne. Elle continuera à lui rendre visite avec la même régularité dans son studio de Green Street, à s’inquiéter de sa santé mentale et à lui proposer Continuer la lectureCe que sait son frère

Et ce n’est que le haut de l’iceberg !

Elle passe la nuit dans l’hôtel. Ce qu’elle ne pouvait savoir hier en longeant le boulevard du bord de mer et le jardin du 27, celui devant la maison blanche embellie de bougainvilliers — c’est que derrière la haie, un jeune homme d’une vingtaine d’années se vidait de son sang. Ce qu’elle ne pouvait savoir dans la gare en choisissant Continuer la lectureEt ce n’est que le haut de l’iceberg !

#L2 Traits incrustés de l’égarement

Il faut attendre, encore, attendre l’autorisation pour rentrer, sourire platement à la sécurité, écouter les soignants sans trop en dire. Dans les couloirs, c’est un drôle de vacarme entre le rentre-dedans des hystériques et les hallucinations des psychotiques, ça pu l’humanité désinfectée comme un essai de sublimation entre les prises en charges. La souffrance prend corps dans les échecs du mieux. On dirait vaguement les tintements des verres et Continuer la lecture#L2 Traits incrustés de l’égarement

#L1 Echappatoire de la voie F.

Il a pris le chemin de la gare assez tôt ce matin pour profiter de la journée. L’air sent la pluie. Début mai déballe ses nuages. Le vent s’engouffre dans la voie. Pourtant, il manque d’air pour porter ses mots : le chemin est long depuis Paris. Il craque ses doigts en s’installant sur son siège de RER. Ses yeux, happés par le paysage, fuient au-delà du présent. Les voyageurs Continuer la lecture#L1 Echappatoire de la voie F.