LA GARDIENNE

La gardienne a pour habitude de noter toutes les allées et venues des locataires de l’immeuble, des gars des eaux qui viennent relever les compteurs, des facteurs, des livreurs, des visiteurs, des ouvriers, des démarcheurs, ça lui est venu au fil des années, l’ennui, la curiosité, un soupçon de paranoïa, un relans de délation enfantine, un goût immodéré pour les Continuer la lectureLA GARDIENNE

#L2/ ce qu’il ne sait pas

ce qu’il ne sait pas, c’est qu’elles et eux l’attendent. Toutes et tous. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il ne peut rien contre elles et eux, même avec son 9 mm parabellum. Ce qu’il ne sait d’ailleurs pas, c’est qui elles et eux sont. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est trop tard. Ce qu’il ne sait pas, c’est Continuer la lecture#L2/ ce qu’il ne sait pas

#L2 | Blackout

Devant la porte de la cabane, il hésite quelques instants avant de saisir la poignée. La porte résiste un peu et finit par s’ouvrir dans un grincement. C’est un vrai merdier là-dedans. Un matelas par terre sur lequel se trouvent trois vieilles couvertures en laine, une gazinière portable à deux feux posé sur un plan de travail étroit grossièrement bricolé, Continuer la lecture#L2 | Blackout

# L2 je suis vivant et vous êtes morts

Tout va s’arranger. La neige la neige chien la neige bâtarde la neige trainée la neige vent la neige poussière la neige sourde la neige, la neige partout la neige autour la neige au-dessus la neige, dans la bouche la neige le froid de la neige dans la bouche sur les yeux fermés le poids de la neige, la neige Continuer la lecture# L2 je suis vivant et vous êtes morts

A bout de course

S’étourdir. Ne plus penser, ne plus pleurer. S’enfermer. Ne plus écouter les sanglots qui la déchirent. Dans ce lieu animé, elle se laisse aller, foule, musique criarde, cris de joie des enfants, bruits de partout, tout autour, les manèges font le plein, tournent à toute vitesse, montent de plus en plus haut, font retomber les courageux, les téméraires, d’une altitude Continuer la lectureA bout de course

#L2 Les yeux cousus

Suite de #1 Babeuf Elle regarde l’enfant qui dort, les yeux cousus, son petit bonnet blanc sur son crâne chaud et mou, son corps candide et fragile qui repose sur le tissu tendu de la chemise blanche. Elle revoit sa blancheur perdue: le voile virginal des communiantes, ses doigts blêmes serrant le missel, ses ongles opalins, ses yeux de lait, Continuer la lecture#L2 Les yeux cousus

Loup y es-tu ?

Elle sort de la gare fatiguée essoufflée transpirante suante poussiéreuse ayant soif ayant faim ayant envie de pisser contourne les travaux sur la place par la droite en laissant à gauche la gare routière continue dos à la gare pour prendre l’avenue en direction du fleuve et de l’autre côté du fleuve les montagnes austères assombrissent le ciel, le bonhomme Continuer la lectureLoup y es-tu ?

#L2 I Ailleurs

Il lui demande de signer le registre, donne le numéro de la chambre avec vue —mer et soleil couchant — insiste sur la lumière toute particulière, il n’en a vu de semblable que sur les glaciers. Il lui souhaite bonne installation, qu’elle n’hésite pas à l’appeler si besoin, la chambre trois est au deuxième étage sur le palier à droite, Continuer la lecture#L2 I Ailleurs

Paul

Elle s’avance à petits pas, son bouquet de violettes à la main. Tête baissée sous son chapeau noir, elle trébuche un peu sur les graviers. Elle vient tous les dimanches, silhouette discrète que personne ne remarque. C’est toujours le même trajet, à l’heure où les autres s’en vont. Besoin d’être seule. Ses doigts se crispent sur les fleurs mauves alors Continuer la lecturePaul

la vie carton-pâte.

imagine si c’était la ville ça serait peut-être une avec le fleuve noir et large, ses quais de travail ou promenade, encombrés de péniches gravides (leurs vélos – leurs  vertiges profus de plantes vertes, façon jungle – les grosses lettres du nom sur la croupe arrondie – l’arrosoir métallique) – les ponts et leurs sirènes juchées sur les piles – Continuer la lecturela vie carton-pâte.