#L4 | Tatouage(s)

On en parlait souvent avec les collègues, de l’immense difficulté à s’exprimer sur des livres aimés, l’impression féroce de se mettre à nu, et que franchement, à leur âge, on aurait vécu cette impossibilité ce refus de dire, les mensonges à débiter pour raconter ce qui était bien d’avoir goûté, investi, digéré. Et puis, il y a eu les échanges Continuer la lecture#L4 | Tatouage(s)

#L3 | Chemise blanche

Voisine.
Sa chemise est repassée. Je me demande si c’est lui qui repasse ses chemises. Oui ça se fait. Des hommes. Maintenant. On aurait pas eu idée. Impeccablement. Méticuleusement. De la même façon qu’en ouvrant le verrou, comme pour ne pas l’abimer. Venir ici en chemise blanche repassée, boutons de manchettes et tout. On n’aurait pas idée. J’ai mal aux jambes, l’infirmier doit passer, nouveaux bas de contention. Bien longtemps que je n’ai plus rien repassé. A quoi bon ?
 
Plâtrier peintre.
J’ai repeins sans poser de questions, ça se voit qu’ils ne sont pas manuels ici, m’appeler pour un mur, un seul. Oui il y avait ces tâches. J’en vois tous les jours des murs, de si près que les grosses tâches ne m’abiment plus les yeux, je reste fixé sur le grain, rouleau, pinceau, c’était rien à faire. Payé double pour un mur si petit. Sont pas bien doués, se salissent pas les mains, endimanchés tous les jours. Même ici. Mais tant qu’y a à faire, moi c’est pas mon problème. 
 
Elle.
Il ne m’a pas écouté, toujours trop pressé. Mais qu’est-ce qu’il croit ? Ah oui, Monsieur a étudié, Monsieur est plus malin que tout le monde, Monsieur ose y aller…Avoir une clé ne fait pas tout. Tu l’as eu ta clé, tu es rentré. Débrouille-toi. Habille-toi, je t’avais dit non pas comme ça.. Ces lieux endormis ne collent pas avec ton assurance. Je le sais, mais tu ne veux pas entendre les voix souterraines, les boulevards bien évidents rythment ta vie, tu t’y perds. Il ne faut pas entrer par la grande porte. C’est trop tard maintenant.
 
Bûcheron. BègueMais il pense sans heurts
 Eux… Jamais payé le bois de l’hiver dernier. Mourir d’accord, mais les autres ? Famille, héritage, je ne sais pas, va falloir que j’y aille voir.  Il ne m’a pas remarqué, c’est toujours comme ça, je sais que je me camoufle. Les bois, ça me va bien. Mais une stère est une stère. L’air trop citadin celui-là avec ses souliers vernis, sa chemise blanche et son sac en bandoulière, pas lui qui rentrerait le bois, pour sûr. 

#L4 « Selon la vie qu’on a, le vers lui emboîte le pas »

Vers d’Alexandre O’Neill, un poète portugais. On pourrait d’abord penser en lisant ses poèmes qu’il porte un regard particulier sur la ville, mais c’est de tout autre chose qu’il parle. C’est un rire en ricochet, poésie en trompe l’œil. Plus on lit, plus on lit autrement (« Défais-toi de ces rimes qui si bien terminent, brioches des sots, tords-leur le Continuer la lecture#L4 « Selon la vie qu’on a, le vers lui emboîte le pas »

#L4 | Flânerie, fadeur et farfadets

Des Mille et unes nuits : le foisonnement, le merveilleux, la cassure, l’enchevêtrement, la continuité, et le tissage, laissant en soi pour la suite le rythme et la trace du conte. D’Hoffmann, l’Homme aux sables, les Mines de Falun : parce que le marchand de sable n’est jamais celui que vous croyez et pour l’amertume, la lumière et l’obscurité au Continuer la lecture#L4 | Flânerie, fadeur et farfadets

la fabrique | Roselyne Cazanave, Partage en forme de je me souviens

J’ai travaillé pendant une vingtaine d’années comme prof de français en collège tout en animant des ateliers d’écriture en médiathèque, à Firminy d’abord, puis à La Ricamarie, deux villes de la vallée minière ,qui jouxtent Saint Etienne et sont riches du passé de la mine et des arrivées de populations venues de plusieurs coins du monde. Je me souviens que Continuer la lecturela fabrique | Roselyne Cazanave, Partage en forme de je me souviens

#P4 A la base, et puis, quand même!

À la base, j’étais partie pour parler les yeux dans la peinture blanche. Et puis la peinture est tombée à l’eau, ça a fait du Picasso. Du Picasso ou du pique-assiette, on sait plus vraiment où on en est quand même. On en perdrait un peu la tête comme se retrouver au milieu de la ligne et ne plus savoir dans quel sens Continuer la lecture#P4 A la base, et puis, quand même!

#L4 | sédimentations (sentimenthèque)

Comment ça a commencé pour moi, le goût des mots ? Comment ça a commencé, les livres dans les mains, les pages tournées avec le doigt mouillé, les mots forts en train de rentrer dans la tête, dans le corps, y déposant des particules pareilles à des limons fertiles ? Peu de livres à la maison dans mon pays pauvre, donc Continuer la lecture#L4 | sédimentations (sentimenthèque)

#L3 / voix sur voies

Celle qui partCette fois-ci, le voyage n’est pas imaginaire. Le train part, et je suis dedans. Celle qui resteEst-ce que l’odeur des quais de gare change avec le temps ? Une odeur grise de gomme brûlée et de poussière rance, où flottaient dans mon enfance les relents du fioul des michelines. Je regarde le train. La voix…éloignez-vous de la bordure du Continuer la lecture#L3 / voix sur voies

Je t’aime comme : l’atelier d’écriture

Retour d’expérience sur l’atelier d’écriture autour du livre de Milène Tournier, Je t’aime comme. Avec extraits sonores. Tout commence à l’Aître Saint-Maclou, à Rouen. Le lieu est chargé de mon histoire personnelle, précisément là où sur une table, 45 ans après mes premiers souvenirs, je vois un livre de Milène Tournier : « Je t’aime comme ». Debout, tout près, il y Continuer la lectureJe t’aime comme : l’atelier d’écriture