L’eau qui brûle

L’eau qui ne lave plus, pourtant bien claire mais ne peut plus rien faire, elle coule, laisse faire, ne blanchira rien. Pas mieux que l’eau qui stagne à en moisir, cette eau propre qui ne peut plus te nettoyer, qui brûle, eau-feu sur tes écorchures vives, eau bénite évaporée, eau lustrale bien trop noircie, eau du ruisseau des insouciances du Continuer la lectureL’eau qui brûle

prologue : eau de vie

A Cheylins, l’eau de la retenue EDF était une eau stérile, domestiquée pour tourner dans les turbines. Elle avait l’aspect menaçant de neige toxique fondue. Là-bas, en Chine, l’eau du Huangpu était chargée de loss, épaisse comme du café con lecce, des centaines de cargos chargés de sable et de d’acier remontaient le fleuve sans discontinuer de l’embouchure vers le Continuer la lectureprologue : eau de vie

Ainsi va la vie.

Je suis une femme fontaine. C’est ainsi. J’ai la vie qui déborde. Le long de mes doigts, très souvent. Je crois qu’elle ne sait pas rester tranquille. Alors j’ai appris à laisser couler. Même si, la nuit, je l’entends qui clapote sur des touches et ça m’empêche de dormir. Et quand je suis (enfin) seule dans le noir, je la Continuer la lectureAinsi va la vie.

#0 prologue | déferlante

eau fastueuse autour du corps, eau enveloppant le corps, le corps dans la nage parti il y a déjà une heure de la plage en direction du large dans un rythme puissant, allongement sous la surface liquide et regard au fond sans se fixer, toujours vagues en fonction de l’heure et du vent (le corps le sait), en fonction de Continuer la lecture#0 prologue | déferlante

Orð vatnsins*

Coule l’eau, coule le long de la lave alanguie. Mille fluides roulent lentement et foulent le sol brûlant. L’eau calme les brûlures et console la flore orpheline. Émotion de l’eau éplorée qui coule et lave les plaies de la glèbe. Eau turbulente, flots rebelles de l’océan, flux et reflux aux confins de la glace bleutée, eau gelée, cristallisée, flottant au-delà Continuer la lectureOrð vatnsins*

#P Des-verres-ement des eau-berges

Au-delà des avenues bruissantes et des brumes matinales, se dressent des ponts entre les mondes. Ce sont des barrages où les torrents tonnent, des pierres là où les mares se reposent, des messages là où l’océan chavire. L’existence écoulée, en épanchement, entre deux tirets assèche les ruisseaux de la chair. L’eau est là. Vaste étendue dans un verre en plastique. Elle attend les mots en cascade, la Continuer la lecture#P Des-verres-ement des eau-berges

poissons volants

les mots déboulent en ordre dispersé, coulent, dégringolent, cailloux isolés, polis, nervurés, ou ébréchés, je tente de les saisir, plonge ma main dans le courant, dans les rapides, un mot passe comme un poisson brillant, lance un éclat d’écailles argenté que l’on capte du coin de l’œil, je tente de le saisir, de le porter à ma bouche, de l’écrire, Continuer la lecturepoissons volants