#L8 | TE CHERCHER

TE CHERCHER tôt le matin quand les étals du marché se remplissent que les poissonniers disposent le corps inerte des poissons luisants sur des lits de glace et d’algues brunes TE CHERCHER avant que trop de monde n’afflue pour se ravitailler TE CHERCHER avant la chaleur étouffante TE CHERCHER dans l’allée des bouchers des volaillers des charcutiers proposant tripes et Continuer la lecture#L8 | TE CHERCHER

L8 Cheminement

Elle va mieux, pas encore guérie, mais en chemin. Elle se soigne. Depuis son séjour à l’hôpital, elle se reprend. Réveil dur, froid, tout ce blanc, murs, lits, portes, tous ces tubes en métal, lumière crue, ambiance feutrée, sentiment d’enfermement, d’angoisse et cette absence, absence de tout, ce blanc dans sa tête, pas de souvenirs, pas de bruits, pas d’images. Continuer la lectureL8 Cheminement

#L8 / La petite voix qui ne chevrotait pas

Il avait une petite voix, Kleber, une toute petite voix qui ne chevrotait pas. Pas comme sa femme qui chevrotait souvent. Lui il avait la voix claire, une petite voix grave, légèrement zézayante, vaguement nasale, en tout cas pas banale. Il avait la voix du bon pépé, du petit homme qui n’a jamais flemmardé. Il n’a jamais flemmardé au lit. Continuer la lecture#L8 / La petite voix qui ne chevrotait pas

#L8 et prendre le bateau

le coup de téléphone et prendre le bateau, cabine, elle n’en sort pas de la cabine, pas de promenade sur le pont, dans les coursives, les étages, la grande salle bleue où boire un café, un verre sous les étoiles près du piano-jazz – pas cette fois, cette fois elle ne peut pas, ne peut rien faire tandis que le Continuer la lecture#L8 et prendre le bateau

#L8. Fantômes d’encre et de larmes

D’abord il ne voit rien, les ténèbres ont envahi ses yeux, recouvrant de leur voile d’ébène ce qui luisait il y a quelque temps encore mais dont la bougie intérieure s’est éteinte à jamais, solitude implacable et sans nom, et le froid qui s’empare de lui alors que c’est l’été, d’où vient-il ce fantôme gelé qui le traverse, suaire liquide Continuer la lecture#L8. Fantômes d’encre et de larmes

#L8 | Sur le port de Saint-R.

Dans le hall de la gare de curieux vitraux placés sur le haut plafond incurvé filtrent la lumière de l’extérieur, les motifs rappellent les écailles d’un crocodile dans lesquels se mélangent des couleurs allant du vert menthe à l’eau au rouge sanguin en passant par des teintes sable et safran. Un écran lumineux semblable à une pupille animale aux origines Continuer la lecture#L8 | Sur le port de Saint-R.

#L8 | La voix de la prose

Ses pieds chaussés de sandales venaient de heurter une lauze dans le dallage inégal de la terrasse, instinctivement il recula, le corps déséquilibré dans ce mouvement furtif, et de sa main gauche, effleura la table au plateau de marbre blanc, installée là, sous la treille. La caresse de la pierre froide, le gel dans ses doigts et sous son front Continuer la lecture#L8 | La voix de la prose

#L8 | Solstice la suite / Traversée

Elle sait que cette rencontre ne peut qu’être inoubliable – après tout, elle change de vie et ce n’est pas rien de quitter un pays où on a vécu, travaillé, aimé même s’il n’est pas le sien, un pays qu’on quitte, qu’on fuit parce qu’il est temps, parce qu’il y fait tantôt trop froid tantôt trop chaud, parce qu’il y Continuer la lecture#L8 | Solstice la suite / Traversée

#L8 | les voix des morts

Elle avance, portée par elle ne sait quel courant, sûrement un courant souterrain, mince filet d’eau putride qui sent la mort ; c’est cette odeur de mort qui l‘entraîne jusqu’ici, un parfum puissant qui l’enveloppe entièrement et dont elle a conscience sans savoir d’où il provient ; est-ce d’elle, de lui ou de tous les autres qu’il s’échappe pour l’assiéger où qu’elle Continuer la lecture#L8 | les voix des morts