majorelle ou indigo

C’est ici. Une grand-porte d’un bleu délavé s’ouvre sur un porche. Au fond, on devine une cour. Se représenter la scène depuis le départ, depuis le moment où il a claqué la porte d’un chez lui parmi d’autres, depuis le moment où il s’est mis en branle, ses grandes enjambées n’affirmant rien. En longeant le canal jusqu’à l’écluse, le vivre Continuer la lecturemajorelle ou indigo

L#1 Il arrive par la mer


Il arrive par la mer. Rien ne ressemble à ce qu’on lui avait raconté, à ce qu’il avait imaginé. Il plisse les yeux pour voir mieux cette ligne verte qui grandit, l’eau boueuse qui a remplacé l’océan. Il y a ces cris d’animaux stridents, intenses sans qu’il arrive à déterminer s’il s’agit d’oiseaux, de batraciens ou d’animaux terrestres. Ça hurle, ça crie, ça barrit, ça rugit, ça meugle, ça caquette, ça geint. Des milliers de gorges invisibles dans le vert dense qui s’approche menaçant, sauvage, grouillant. A-t-il peur ? Est-il déçu ? Pas le temps de se poser la question, il faut trouver le débarcadère, un endroit où accoster et il ne voit rien. Pas une habitation, pas de quai visible, rien que ce courant chargé de boue qui le fait dériver comme s’il était pris dans le courant d’un fleuve plus fort que les vagues. Une odeur de fumée, de viande qu’on boucane. Il est dans la bonne direction. Deux silhouettes affairées. Ils l’ont vu ; vont-ils l’aider ? Amis ou ennemis ? Il a faim tout à coup et soif surtout. Il est enfin arrivé.

Le temps de l’arrivée

… cent quatorze… cent quinze.. cent seize… elle sourit, pense à Perec et se dit que, vraiment, on ne photographie pas assez les escaliers ! Elle se tient à la rampe et avance… cet escalier-ci, c’est comme la pile du pont à St-Michel, elle et lui ont quelque chose d’ancrant dont elle ne se défait pas – l’escalier, rien d’extraordinaire bien Continuer la lectureLe temps de l’arrivée

En vie

C’est la nuit, mais elle ne dort pas. Son sommeil est très léger, sans cesse interrompu. Elle est pourtant à son aise dans cette chambre aux couleurs tamisées. Elle baigne dans un cocon de calme, préservé du monde extérieur, isolée dans cette douceur pourpre. Un roulis agréable la berce, le clapotis l’aide à glisser dans l’endormissement. Recroquevillée, les jambes repliées sur Continuer la lectureEn vie

#L1 Presque un rendez-vous

Cette ville n’est pas une inconnue. L’arrivée sur ce quai au bout duquel personne n’attend, un long désir la précède. Le piétinement des voyageurs qui se suivent l’un l’autre, le roulement de leurs bagages, ralentissent l’élan sous la haute verrière où se perd l’écho des annonces, et l’oreille, ignorante d’une langue jamais entendue jusque là, est d’autant plus sensible à Continuer la lecture#L1 Presque un rendez-vous

S’en vient

L’apparition suspend sa trame filandreuse par dessus quelques aspérités rocheuses que réchauffent graduellement les premiers feux du levant. Sur la grève, le petit monde diurne des crustacés profite d’un ultime instant de fraicheur afin de regagner l’humidité protectrice des flots que rapproche la marée montante, cependant que l’écume lance avec obstination ses troupes d’ivoire à l’assaut des masses de granit Continuer la lectureS’en vient

Une arrivée

Elle pose son sac sur la table et regarde autour d’elle. C’est une chambre sobre, austère. Une table en formica, deux chaises en simili cuir et métal. Un lit double, deux tables de nuit, en formica également. Un placard. Une télé accrochée au mur. Une large fenêtre rectangulaire. Dehors la ville. C’est la nuit. Elle s’approche de la fenêtre. Elle Continuer la lectureUne arrivée

#L1 | Il arrive, c’est le matin

Il arrive, c’est le matin, la brume a recouvert la Baie, les oiseaux marins hurlent autour du ferry depuis qu’il a franchi la digue du port, la fraîcheur le surprend, il enfile sa veste et regarde la Skyline de K., sa géométrie argentée, fabuleuse, il ferme à demi les yeux comme pour imprimer cette vision en lui ou bien parce Continuer la lecture#L1 | Il arrive, c’est le matin

#L1 I Bella Vista

Un bus qui ralentit et s’arrête. Avec un bruit de soufflet une  porte qui s’ouvre sur le froid. Personne ne descend  personne ne monte. Dans le bus un gros sac qui l’empêche de s’asseoir d’aplomb. La vitre est pleine de buée. Gouttes de pluie agglutinées, noir de la rue déserte. Elle se lève, perd l’équilibre par un soubresaut du bus.  Continuer la lecture#L1 I Bella Vista

#L1 CHAPITRE DU PASSAGE DES EAUX

Ils doivent arriver à la mer. Le grand en a peur. Il a laissé entendre qu’il ne l’avait jamais vue. L’autre, non : il ressemble à Edmond Dantès. Pas le genre à trembler au bord du bassin. Pourquoi penser encore à eux ? Pourquoi ne pas les laisser filer ? Ils font face à la mer à présent. Le grand est catégorique. Sa Continuer la lecture#L1 CHAPITRE DU PASSAGE DES EAUX