Celui d’en haut

Sur un aplat de rocaille, il lance le pas, l’accélère. Il est entre le ciel et l’eau – au milieu d’un nulle part pour qui a besoin de repères ; ce milieu de nulle part-là est son repère à lui ; seuls lui sont mystère les chevauchements de forces souterraines qui font de ce chaos d’à-pics, de douces pentes vertes, Continuer la lecture Celui d’en haut

L’alphabet fantôme

Est-il normal ce silence ? Il n’y a plus personne dans la gare. Les quelques autres voyageurs sont montés dans des voitures qui semblaient les attendre, éparpillées dans la rue. Il faut croire que ce n’était pas des voyageurs. Un voyageur on ne l’attend pas. Elle n’a nulle part où aller. Elle laisse tomber son sac à dos à ses Continuer la lecture L’alphabet fantôme

Quelqu’un arrive quelque part

Il y a toujours, quelque part, quelqu’un qui arrive. Il y en aussi qui partent plus qu’il ne faudrait et d’autres qui n’ont jamais bougé ; il y a toujours dans ces villes du nord de grandes places vides pour être seul quand on arrive même si autour c’est déjà grand comme une famille. Ces lieux pour d’autres gens qui comme Continuer la lecture Quelqu’un arrive quelque part

#L1 Faux départ

Un bruit de foule au bout du corridor cerné de vitres. Il marche attiré, aimanté par les sons. Le bruit de foule l’oriente. Il marche dans cette direction dans ce temps gris. Le ciel gris se réfléchit sur les vitres. Il marche, le bruit de ses pas le plonge dans une sorte d’état second. Il garde ce rythme. Il marche Continuer la lecture #L1 Faux départ

#L1 | Quitter terre.

Rythme lent des bagages comme ballotés par l’hésitation des chariots sur la piste grise. Lent, si lent comparé à la vitesse du vol qui ne tardera pas à les emporter en soute. Elle les regarde trembler. Décompter les coques noires, repérer les moins classiques. Attendre une chute pour le plaisir de l’incident, égoïste plaisir : son unique bagage déjà en cabine, Continuer la lecture #L1 | Quitter terre.

# L1 Nouvelle impression

C’est un bourdonnement sourd. Un bruit inhabituel. Pas une voiture, pas un tracteur. Un deux roues. Une moto. Ça fait du bruit et ça attire. Quelques rideaux aux fenêtres frétillent de curiosité. Le bruit s’arrête, le motard descend. On attend. Il est bardé de cuir, aux mêmes couleurs que son bolide à la taille de guêpe : gris clair à bandes Continuer la lecture # L1 Nouvelle impression

majorelle ou indigo

C’est ici. Une grand-porte d’un bleu délavé s’ouvre sur un porche. Au fond, on devine une cour. Se représenter la scène depuis le départ, depuis le moment où il a claqué la porte d’un chez lui parmi d’autres, depuis le moment où il s’est mis en branle, ses grandes enjambées n’affirmant rien. En longeant le canal jusqu’à l’écluse, le vivre Continuer la lecture majorelle ou indigo

L#1 Il arrive par la mer


Il arrive par la mer. Rien ne ressemble à ce qu’on lui avait raconté, à ce qu’il avait imaginé. Il plisse les yeux pour voir mieux cette ligne verte qui grandit, l’eau boueuse qui a remplacé l’océan. Il y a ces cris d’animaux stridents, intenses sans qu’il arrive à déterminer s’il s’agit d’oiseaux, de batraciens ou d’animaux terrestres. Ça hurle, ça crie, ça barrit, ça rugit, ça meugle, ça caquette, ça geint. Des milliers de gorges invisibles dans le vert dense qui s’approche menaçant, sauvage, grouillant. A-t-il peur ? Est-il déçu ? Pas le temps de se poser la question, il faut trouver le débarcadère, un endroit où accoster et il ne voit rien. Pas une habitation, pas de quai visible, rien que ce courant chargé de boue qui le fait dériver comme s’il était pris dans le courant d’un fleuve plus fort que les vagues. Une odeur de fumée, de viande qu’on boucane. Il est dans la bonne direction. Deux silhouettes affairées. Ils l’ont vu ; vont-ils l’aider ? Amis ou ennemis ? Il a faim tout à coup et soif surtout. Il est enfin arrivé.

Le temps de l’arrivée

… cent quatorze… cent quinze.. cent seize… elle sourit, pense à Perec et se dit que, vraiment, on ne photographie pas assez les escaliers ! Elle se tient à la rampe et avance… cet escalier-ci, c’est comme la pile du pont à St-Michel, elle et lui ont quelque chose d’ancrant dont elle ne se défait pas – l’escalier, rien d’extraordinaire bien Continuer la lecture Le temps de l’arrivée

En vie

C’est la nuit, mais elle ne dort pas. Son sommeil est très léger, sans cesse interrompu. Elle est pourtant à son aise dans cette chambre aux couleurs tamisées. Elle baigne dans un cocon de calme, préservé du monde extérieur, isolée dans cette douceur pourpre. Un roulis agréable la berce, le clapotis l’aide à glisser dans l’endormissement. Recroquevillée, les jambes repliées sur Continuer la lecture En vie