Etre une main au soleil #10

Etre une main au soleil Des pieds qui veulent aller Un genou qui se plie Une oreille qui se tend Des pensees battent refluent Des yeux clos rouge dedans Personne ne dit je Etre une peau qui se mue Qui épouse qui relâche Des images qui circulent Personne veut dire je Etre tendre Corps déambulant Indemne Abandonné Contenté ? Appétant

De la nuit, à tâtons

Je me laisse surprendre par la chair qui s’invite. La réalité crue ne se laisse pas voir, seulement des fragments aux bords effilochés. Au loin, une montagne évidente posée là dans une brume légère. Un sommet que les yeux embrasent de loin, une image, un paysage. Les jambes se résignent et arpentent jusqu’à s’approcher, grimpent jusqu’à la cime dans l’illusion Continuer la lectureDe la nuit, à tâtons

Nounours

Ce nounours, pelé comme un vieux mouton galeux, borgne de son œil gauche, la paille échappée de ses pieds malgré la pièce de tissu réparatrice, ce vieux nounours, jeté des rives lointaines de son enfance oubliée, échoué sur la plage de sa maturité, recueilli par les mains potelées des ses enfants, qui, de déménagement en déménagement, pendant toutes ces années, Continuer la lectureNounours

When we were young

Un pas après l’autre, c’est ça, plus que dix kilomètres avant la fin du jour, demain ce sera l’Aubrac, cette terre humide élevée, ce sol bouleversé par les glaciers qui y ont déposé d’énormes rochers, elle avait traversé ce même lieu enfant sur le porte-bagage de son père, c’était l’hiver, les pierres du chemin écrasaient les pneus du vélo la Continuer la lectureWhen we were young

Mémoire neuve

 Au dos d’une de tes cartes de visite professionnelle, je lis ces mots griffonnés par ta mère : Mort le 7 février 1972, lors d’un entraînement, pris dans des vents violents, seul à bord de son appareil. Deux habitants ont raconté sa lutte contre la tempête pour tenter de redresser l’avion, puis ils l’ont vu tomber brusquement et s’écraser dans Continuer la lectureMémoire neuve

Toujours autre

Ce qui pousse à revenir au même endroit, toujours autre, toujours déplacé. Ce qui tient le toit, tient du toit,  et forme le toit : un assemblage de fragments serrés, dessinant  l’espace protégé  et déclenchant la présence de l’horizon, au-dehors.  Ce qui pousse hors des retranchements, comme dans la nécessité de déménager les mots qui brûlent, de les transporter avec les Continuer la lectureToujours autre

Je, fonte rapide de certaines neiges lourdes.

Voyelles brûlées d’août. Je tremble aux coins du petit froid passif d’octobre. C’était soleil d’écrire. JE est une précédente canicule. JE, la dernière CANICULE en date. Je tremble aux coins du très rien d’octobre. Je, fonte rapide de certaines neiges plus lourdes. Août avait écrit son feu en trois fois réenfantant, mais plus festive, sa consonne. Elle était née ici, Continuer la lectureJe, fonte rapide de certaines neiges lourdes.

ÉTÉ 2019 #10 | je il elle corps

• pour compléter la vidéo : j’insiste bien, sélectionner dans vos textes de l’atelier un fragment, un simple paragraphe, tout un texte, dans lequel vous avez utilisé – fréquemment ou pas – une énonciation à la première personne («je»), et c’est ce paragraphe qu’on va distendre selon le travail effectué par Dupin lui-même, je, il, et l’écriture ou le livre Continuer la lectureÉTÉ 2019 #10 | je il elle corps