Le portail

 Un portail en fer, sur rail unique, très lourd à manier, avec ce bruit significatif de roulements qui se termine par  un claquement final vif, quand il est ouvert, un claquement sourd quand il est fermé, diffusion de bruits métalliques, assourdis, huilés, une forge rythmée/ roulements silence/roulements silence/roulements silence/ distance électrique, le mur du son. Des arabesques en fer forgé, Continuer la lectureLe portail

CROCHET TOIT



Il retient une ardoise au bord du toit, près de la gouttière. Un parmi d’autres, celui qu’on ne verrait pas sans un point de rouille à l’attache. Pointillé vertical qui dépasse en bas,  au milieu de l’ardoise, parmi d’autres pointillés bien rangés sur la longueur. Partie émergée de l’idée, de l’invention ingénieuse et nécessaire : en forme de petit saxophone dont le son serait la force de porter un petit morceau de temps rectangulaire.  Contributeur dans la couverture, signe de ponctuation incognito, entre ciel et terre, au-dessus des corps réfugiés à l’intérieur, ou des passants au-dehors, petit lien métallique entre volige et extérieur, squelette et ailleurs. Une pointe de solidité dans le grand désordre. Le  martellement dont il a fait l’objet quand le couvreur musicien du toit l’a fixé à l’endroit voulu, a laissé des traces invisibles : écho d’un galop régulier dans la lumière déclinante, ou petits pas des gouttes de pluie sur le toit. Répercussions.  S’il pouvait parler, il dirait la résistance au milieu de la tempête, la patience équitablement répartie entre tous les crochets, minuscule peuple des hauteurs scellant un pacte de protection. Il ne parlerait pas de ce qu’il voit, là où il est : rue qui descend vers les ombrages et lointain, habitant la douceur du gris-bleu dans le nid montagneux des ardoisières.  C’est de là que  vient la plaque grisée qu’il porte au-dessus de la mêlée, celle qu’il  maintient en pleine immobilité, poignée serrant fort le rectangle d’un carton à dessin qui est lui-même dessin parmi les dessins bien accrochés  formant en silence le toit.  

La frontière

C’est un mur de peu qui sépare le terrain de l’immeuble de la fin des années 70 où nous vivons d’une grande et belle cour pavée en surplomb, flanquée de deux bâtisses du début du XIX ème siècle, fermée sur le faubourg par un immeuble ouvrier de l’ère Haussmann. C’est une frontière composite entre deux siècles, un mur enduit de Continuer la lectureLa frontière

La coupole

Papillon qui s’envole, tache qui sèche, tête de girafe au long cou tacheté, caravane qui passe, étoile de mer, contours imprécis d’un pays où je ne me suis jamais rendu, silhouette d’une très belle femme, couple qui s’embrasse, fleur de lys, livre ouvert, grenouille éventrée, vol d’hirondelles, cerf-volant tournoyant dans le ciel, dans le jeu, l’écart qui s’insinue entre les Continuer la lectureLa coupole

L’aventure commence à l’arrêt de bus

TCL ligne 21, arrêt Montfort De l’arrêt de bus, il ne restait que deux piliers verticaux métalliques gris anthracite qui portaient encore les informations sur la ligne, ses arrêts et les horaires. La cage en verre et les sièges avaient disparu, juste une empreinte au sol dans le goudron du trottoir et la marque en creux des poteaux qui avaient Continuer la lectureL’aventure commence à l’arrêt de bus

ÉTÉ 2019 #04 | affinité pour la description

• résumé : dans la proposition #02, à côté d’adverbes (devant, debout etc.) sont apparus des éléments réels (murs, chaises…), mais explorés en tant que catégorie; dans la proposition #03, les objets choisis participent d’un environnement électif, qu’il soit autobiographique ou pas – l’idée, pour clore cette mini-série, c’est de se confronter à l’objectivité même d’un élément réel, son arbitraire, Continuer la lectureÉTÉ 2019 #04 | affinité pour la description