![](http://www.tierslivre.net/ateliers/wp-content/uploads/2019/07/Crochet-toit-1.jpg)
Il retient une ardoise au bord du toit, près de la gouttière. Un parmi d’autres, celui qu’on ne verrait pas sans un point de rouille à l’attache. Pointillé vertical qui dépasse en bas, au milieu de l’ardoise, parmi d’autres pointillés bien rangés sur la longueur. Partie émergée de l’idée, de l’invention ingénieuse et nécessaire : en forme de petit saxophone dont le son serait la force de porter un petit morceau de temps rectangulaire. Contributeur dans la couverture, signe de ponctuation incognito, entre ciel et terre, au-dessus des corps réfugiés à l’intérieur, ou des passants au-dehors, petit lien métallique entre volige et extérieur, squelette et ailleurs. Une pointe de solidité dans le grand désordre. Le martellement dont il a fait l’objet quand le couvreur musicien du toit l’a fixé à l’endroit voulu, a laissé des traces invisibles : écho d’un galop régulier dans la lumière déclinante, ou petits pas des gouttes de pluie sur le toit. Répercussions. S’il pouvait parler, il dirait la résistance au milieu de la tempête, la patience équitablement répartie entre tous les crochets, minuscule peuple des hauteurs scellant un pacte de protection. Il ne parlerait pas de ce qu’il voit, là où il est : rue qui descend vers les ombrages et lointain, habitant la douceur du gris-bleu dans le nid montagneux des ardoisières. C’est de là que vient la plaque grisée qu’il porte au-dessus de la mêlée, celle qu’il maintient en pleine immobilité, poignée serrant fort le rectangle d’un carton à dessin qui est lui-même dessin parmi les dessins bien accrochés formant en silence le toit.