#enfances #08 | trois moments

Chaque fois, après m’avoir fait subir la torture du cataplasme, ma grand mère aux soins et à l’autorité de laquelle j’avais été laissée par la famille repartie à Toulon à la fin des courtes vacances de Noël dans le nord, à Paris, chez les grands parents | si ce n’était cette grosse fièvre, la fatigue et le supplice des remèdes Continuer la lecture#enfances #08 | trois moments

#enfances #08 | trois souvenirs

Parfois, le dimanche soir nous jouions aux cartes. Cela ce passait dans la cuisine, directement sur la table en Formica bleu clair. La cuisine était petite, pour les repas les rallonges de la table étaient tirées de dessous la partie principale et s’ajustaient parfaitement au plateau. Elles étaient ensuite repliées durant le reste de la journée. J’attendais avec impatience l’âge Continuer la lecture#enfances #08 | trois souvenirs

#enfances #05 | Choses qui émerveillent

Un seul pétale longiligne d’alstroméria reflète depuis quelques instants le soleil dans les pépites de poussière et soudain se détache de sa fleur pour choir très lentement un soir d’été sur le bois de la table. Montagnes de Sables toutes en tortillons friables mais à l’aspect solide dispersées sur la plage par les mystérieux travaux des dits « couteaux » ( invisibles Continuer la lecture#enfances #05 | Choses qui émerveillent

#enfances #08 | Charnières

Ils parlent de ce barbu vers la fin du repas, juste au moment où on m’envoie me coucher. Mais de la banquette où je dors, dans la maison des grands-parents, je les entends jouer dans la pièce à côté. Le barbu cela ne peut pas être quelqu’un, à certains moments ils crient « C’est elle qui a le barbu ! », « C’est lui Continuer la lecture#enfances #08 | Charnières

#enfances #07 | étrangetés

Caoutchouteux. Et ce que cela comporte d’un peu répugnant. L’odeur qui remonte. Epaisseur et dureté de la peau, qui pourrait devenir poisseuse. Un objet dont on ne sait que faire, étonnamment décevant. Et rigide. Visage. Les lèvres entrouvertes sont couvertes d’un fin trait de laque rose dont l’épaisseur forme un léger relief brillant qui détonne avec la matité du caoutchouc de la Continuer la lecture#enfances #07 | étrangetés

#enfances #08 | trois espaces

Souvent le soir, presque chaque semaine, le mercredi ou le samedi quand il n’y a pas école le lendemain, nous jouons ensemble mon petit frère et moi. Notre mère nous laisse nous amuser avec une boîte de fer blanc remplie de boutons. Je n’ai jamais su la raison pour laquelle cette mise à disposition n’est jamais permise dans la journée Continuer la lecture#enfances #08 | trois espaces

#enfances #06 | la voix de l’absence

Si l’absence était une voix ce serait la sienne. C’ était celle de ses disparus, partis en fumée C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés  C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du Continuer la lecture#enfances #06 | la voix de l’absence

#enfances #06 | Retrouver les voix

Je vois les gestes, je vois les mots, les expressions, je n’entends pas de voix. Je ne suis pas sourde, autour de moi, on aime parler, il y a discussions échanges caresses mots d’amour, disputes aussi, colères, j’écoute, j’entends, je retrouve des sons, des ambiances, des situations, des sons de clochettes ou de piano, mais je ne distingue pas, n’identifie Continuer la lecture#enfances #06 | Retrouver les voix

#enfances #07 | poupée

Oubliée. Sale. Protubérance sous une couverture. Prise pour un rat. Une poupée finalement. Poupée d’un autre temps. Héritage d’une mort sans héritage. Poupée d’un autre temps, d’un temps qui ignore plastique et matière molle, souple, douce, incassable. Des doigts ont gratté la jambe. Quels doigts, de quel enfant? Sous la peinture, une matière vitrée. Pas du verre pourtant. Les orteils Continuer la lecture#enfances #07 | poupée

#enfances #08 | Trio

Dans le bureau, côté rue, une table ronde occupait le centre de la pièce. On y servait les repas – un corridor étroit menait à la cuisine –, on installait sur cette table des ouvrages de tricot, de couture, exigeant des « patrons » de papier transparent, Suzanne préparait son cours du lendemain, le poêle de fonte ronflait. Certains après-midi pluvieux ou Continuer la lecture#enfances #08 | Trio