#enfances #06 | la voix de l’absence

Si l’absence était une voix ce serait la sienne. C’ était celle de ses disparus, partis en fumée C’ était celle des cris rauques venus d’autres ventres affamés  C’ était celle prisonnière de ses entrailles, à laquelle en un cri primal j’ai tenté de mêler la mienne, mes oreilles ont tremblé Sa voix une souffrance échappée d’une bouche craquelée du Continuer la lecture#enfances #06 | la voix de l’absence

#enfances #09 | Où l’on s’endort

Dans cette grande pièce, carré parfait, le papier peint strié pourrait évoquer les barreaux d’une prison ; des lignes verticales brun foncé bordées de bleu, courant du plafond jusqu’à une sorte de main-courante ou de plinthe arrondie, débordant des quatre murs à environ un mètre du sol ; sous ce léger relief, le bas des murs est peint en gris jusqu’au plancher Continuer la lecture#enfances #09 | Où l’on s’endort

#enfances #09 | nuit américaine

Les fenêtres étaient couvertes d’une épaisse peinture bleue pour ne pas être vus des avions. On disait que c’était les allemands occupants qui avaient décidé ça pendant la guerre mais quelqu’un l’avait grattée dans le coin en bas à droite juste à hauteur de mes yeux et les soirs de tempête je regardais la mer déchaînée, le phare et ses Continuer la lecture#enfances #09 | nuit américaine

#enfances #09 | La chambre de derrière

Une porte palière, une autre, condamnée, au bout du mur de droite, aurait pu ouvrir sur la chambre voisine. Deux lits bretons d’une personne, recouverts d’une courtepointe grenat, leurs têtes de part et d’autre d’une cheminée désaffectée, la partie supérieure de son manteau noir en petit granit poli peut servir de table de nuit surélevée, y sont posés un réveil Continuer la lecture#enfances #09 | La chambre de derrière

#enfances #04 | pleins et vides

Dans la lumière blanche du petit matin, ça vous tombe dessus comme un jour de fête. 38°4, tu restes à la maison je vais appeler le docteur. La porte refermée, pelotonné dans des draps moites, malgré la toux la fièvre les courbatures on apprécie la bonne nouvelle. Songer aux camarades qui à cette heure préparent leur cartable avant de s’engouffrer Continuer la lecture#enfances #04 | pleins et vides

#enfances #08-01 | Ma mère au Rami

C’est à Poperinge(1) surtout, chez la mère de ma mère, en Flandres, que nous jouions à de nombreux jeux inconnus de nous. Cela se passait lors des grands rassemblements de Noël. Nous y jouions l’après-midi, dans la salle à manger où plusieurs tables couvertes de nappes blanches avaient été alignées perpendiculairement à la grande baie qui donnait sur le jardin. Continuer la lecture#enfances #08-01 | Ma mère au Rami

#enfances #09 | Chambre du boulevard Jamin

Le couloir moelleux mène tout droit à la pièce des enfants, en vacances là chacun leur tour. Un long tapis masque le plancher. Craquements effacés. En-dessous : la pharmacie. Dernière porte à gauche : la chambre du fond donne sur des arrière-cours en contre-bas, une grisaille douce, vue du premier étage. Le boulevard est à l’opposé, pas de bruit.  Lourd lit-bateau en Continuer la lecture#enfances #09 | Chambre du boulevard Jamin

#enfances #09 | Chambre passante

Depuis la porte d’accès de la chambre, les lits s’appuient le long d’une poutre brune sur la cloison de gauche. Les meubles tiennent à droite. Au centre, un tapis peut-être. La chambre, conçue pour deux enfants, est passée à l’étage et se dédouble. Deux lits bateaux, lits jumeaux. Deux armoires qui enserrent un secrétaire. Sous les lits, les tiroirs aux Continuer la lecture#enfances #09 | Chambre passante

#enfances #09 | … d’enfance

Oubliée la couleur des murs. Oublié le petit paravent; le renfoncement avec le lavabo. Oubliées la suspension à franges et sa lueur jaune; l’ombre en piste de cirque et le cheval à bascule; oubliées la chaise à hauteur d’enfant, la poupée sans yeux. La cour sombre en fond de fenêtre. 3m50/4m50. Cette fenêtre. Une porte. Le lit superposé je le Continuer la lecture#enfances #09 | … d’enfance

#enfances #09 | chambre pour deux enfants

On y entre par une porte qui sonne creux à battre le châssis et qui, mal ajustée, laisse passer un filet de lumière en haut et en bas, bruit et rais bien reconnaissables et rassurants, mais on ignore à quel moment la chambre a commencé à exister dans la configuration dont on a gardé mémoire ni quel âge avaient alors Continuer la lecture#enfances #09 | chambre pour deux enfants