enfances #01 | Tante Paula et les deux anonymes

Tante Paula J’ai toujours eu l’impression que Tante Paula ne sortait pas de chez elle, ne bougeait pas de son fauteuil. Donna Corleone de la famille, la sœur de mon grand-père contrôlait le monde de son intérieur d’un simple regard. Je ne l’ai jamais vu sourire. Quand on passait lui souhaiter la bonne année, elle donnait des étrennes minutieusement équitables Continuer la lectureenfances #01 | Tante Paula et les deux anonymes

#enfances #02 | dominos

Disons les poussins du poulailler. Où d’autre aurais-je entendu cette idée de la poule les œufs les poussins, où aurais-je pris cette envie prématurée de donner vie. Les œufs sont restés longtemps au chaud dans des chaussettes de laine sur l’étagère de l’armoire. Évidemment, des poussins allaient en sortir, une fois par jour j’allais surveiller l’émergence de vie, l’armoire avait Continuer la lecture#enfances #02 | dominos

#enfances #01 | l’Oncle

écrire Blanche, son enfance, la tracer depuis l’absence de souvenirs qu’il y aurait à décrire car l’enfance n’en reste pas moins un pays, le seul peut-être, dévasté, venteux, aux portes de l’absence, de la grande invisibilité, des mondes multipliés, rauque, où elle avance sur place les yeux baissés accoudée à la fenêtre, de nuit, dans Paris, un paysage aux larges Continuer la lecture#enfances #01 | l’Oncle

#enfances #02 | dans le sac en plastique

Il y a eu ce tissu liberty que tu as sorti d’un sac en plastique. C’était un gros pochon qui venait peut-être de chez Marie Junior, Jumelle ou Monoprix. C’était un sac en gros plastique où ta mère avait emprisonné tout un tas de tissus et de cet amoncellement, tu avais sorti ce tissu liberty. Le sac en plastique était Continuer la lecture#enfances #02 | dans le sac en plastique

#enfances #02 | La boite à chaussures

La boite à chaussures était la boite à cartes postales. Ou la boite à cartes postales était une boite à chaussures. Comme il était difficile d’ouvrir cette grande boite en carton renforcé. Avait-elle un code secret ? Un secret de fabrication qui rendait son ouverture si complexe ? Il fallait la retourner ou tourner autour pour en comprendre le mystérieux mécanisme. En Continuer la lecture#enfances #02 | La boite à chaussures

#enfances #02 | sur la pointe des pieds

Il faudrait une écriture verticale pour tenter de dire l’immobilité devant. Puis le balancement du corps. Les grimaces aussi, la pitance du miroir. La sollicitation venue dont ne sait où à ouvrir ses entrailles comme celles d’un poisson. Et le corps étiré reposant sur des pointes de pied, tendues comme la main à l’approche de la clé. Au bout des Continuer la lecture#enfances #02 | sur la pointe des pieds

#enfances #00 | prologue, le jour des courses

Abandonnée sur une pile de livres, elle ouvre le plus coloré, le plus épais, le plus lisse. Un doigt sur chaque page, elle invente les dialogues, s’étonne, module des surprises et des révélations, se plaint, rit ou pleurniche devant l’aventure. Elle ne sait pas lire mais elle imagine tout, comprend les profondeurs de la psychologie gauloise. Au rayon BD du Continuer la lecture#enfances #00 | prologue, le jour des courses

#enfances #02 | Deux textes

La Boite Tout autour de moi, ça bourdonnait. Bruits de foules. Des gens indifférents à mon désir. Surtout, ce qui m’angoissait, c’était qu’il n’y en ait plus. Que tout ait été épuisé. Ma mère et ma sœur avançaient trop lentement à mon goût. Alors me précipitant, incapable d’attendre davantage, sans m’inquiéter du mécontentement de ma mère, me glissant entre les Continuer la lecture#enfances #02 | Deux textes

#enfances #02 | la travailleuse

Ces moments que je volais aux querelles familiales, à l’agonie d’une paix qui ne reviendrait pas pour n’être jamais venue, je les passais auprès de la travailleuse. Je la prenais dans mes bras, de son corps dodu en côtes de bois vernis doré doux au toucher tapissée d’une cotonnade imprimée de tiges de fleurs à inventer, elle se tenait sur Continuer la lecture#enfances #02 | la travailleuse

#enfances #02 | Naphtaline et dentelles.

Retenir sa respiration, à cause de la naphtaline…sorte de plongée en apnée dans les profondeurs du corps invisible… la main tâtonne religieusement …Comment est-ce possible que cela sente si mauvais au milieu de tissus si doux ? L’acre odeur de l’interdit…Pourquoi ses vêtements de tous les jours, ceux de l’armoire toujours ouverte, paraissent-ils si ternes à côté de cet étalage intime Continuer la lecture#enfances #02 | Naphtaline et dentelles.