#enfances #03 | La grotte

S’arrimer. S’ancrer dans la chair de la terre, sentir le poids, la tension dans les mollets, l’accroche des pieds qui glissent dans la glaise. Tenir sur ses jambes, éprouver leur matérialité. Ne pas se perdre dans la tête. J’ai un corps. Ne pas se laisser envahir par les images dans la tête. S’arrimer, s’arrimer au flan de la montagne, se Continuer la lecture#enfances #03 | La grotte

#enfances #03 | caché au hasard

Perdu. Grimpé dans l’arbre surplombant la rive là où dorment les chalands. Et il y a ce chien laissé au cou : il geint. Perdu. Caché. Par défi. Par jeu pour se fondre… On me cherchera. ( je voudrais pas )A l’heure des haleurs se terrant. Jouant être l’arbre ou né de lui, se serrant pour faire corps, humant la Continuer la lecture#enfances #03 | caché au hasard

#enfances #03 | Aveuglé par le rêve

Aveuglé. Qui me le dit. Sinon celle ou celui qui reste invisible. Imaginant, fuyant, courant parfois à perdre haleine, descendant l’escalier en colimaçon quatre à quatre pour voir le dehors, le ciel, vaste, immense et dessous les collines. La brise sur les joues sentir. Aveuglé, mais comment et pourquoi. Le repli de l’œil, le retournement, l’isolement, l’invention, le refus. On Continuer la lecture#enfances #03 | Aveuglé par le rêve

#enfances #02 | le coffre

On n’y entre qu’accompagné et avec retenue, adulte encore, la minuscule déclivité du plancher est un seuil où le pied achoppe. On demande la permission de s’avancer, même si la porte est ouverte. L’idée ne viendrait jamais de frapper à la porte fermée, ou d’y pénétrer si elle n’est pas occupée. Il y a d’abord l’ordre : l’armoire, le lit, Continuer la lecture#enfances #02 | le coffre

#enfances #01⎮ Le crémier, Joséphine D. et l’invitée

Un klaxon, une camionnette grise à la porte coulissante en bas de l’immeuble, un marchand ambulant comme aux vacances d’été chez mamie. Lui c’est le crémier, pas de nom dans la conversation, juste le crémier, pas de visage, une blouse… le souvenir du « café au lait  » saveur chocolat. Ridée, ratatinée, au bout de la table, un chignon de cheveux Continuer la lecture#enfances #01⎮ Le crémier, Joséphine D. et l’invitée

#enfances #02 | Fragrances d’enfance

Ma mère me traînait dans les magasins pour préparer cette journée si spéciale. Elle tenait la petite robe sur un cintre, la posait contre mon dos à hauteur de mes épaules, imaginant comment elle tomberait sur mon corps de sauterelle. L’achat de la tenue que je devais porter le grand jour était une affaire sérieuse. Quelques jours plus tard, je Continuer la lecture#enfances #02 | Fragrances d’enfance

#enfances #00 | Paris

Paris est grande. Paris est grise. Paris se présente sous de multiples identités : Elle est Lachaise, elle est l’Etoile. Elle est Victor Hugo, elle est Montaigne, elle est Gide (quelle imposture ! Ils sont tous morts ! Mais ça, apparemment, Paris s’en fout). Paris revient de Rivoli et jardine à Luxembourg. En réalité, Paris ne s’assume pas. Elle englouti les gens, les Continuer la lecture#enfances #00 | Paris

#enfances #03 I La crique aux oursins

1/ Perdu parmi les autres, tant de regards, que j’admire, espérant être fort pour passer l’épreuve. Alors sur les rochers rouges et coupants, presque tremblant, attendant mon tour, je regarde les oursins noirs et piquants. 2/ Il est perdu parmi les autres, perdu dans ces regards aimés, il espère être courageux. Dans cette crique de rochers rouges, il tremble un Continuer la lecture#enfances #03 I La crique aux oursins

#enfances #01 | Faire la quatrième, descendre le chien, des abeilles plein la 4L

Faire le ou la quatrième, c’est entrer dans la pièce sombre, prendre sa place là où la toile cirée colle un peu moins aux avant-bras, partager la portion de saucisson et commencer la partie de tourne ou de vache, variantes du jeu de belote. Dans ses mains, capables de tenir chacune deux gros œufs, les cartes paraissent un bien moins Continuer la lecture#enfances #01 | Faire la quatrième, descendre le chien, des abeilles plein la 4L

#enfances #01 | Lettres et Signes

Deux escaliers. L’un, de bois, dans la maison, l’autre de pierre et menant au jardin. Sur le mur intérieur au dessus des marches de bois le Vieux Juif Errant d’Epinal chemine suivant son doigt tendu, aidé d’un long bâton. Sous ses pieds des colonnes de signes encore inconnus le soutiennent, ils fourmillent juste à hauteur de mes yeux chaque fois Continuer la lecture#enfances #01 | Lettres et Signes