#enfances #03 | Le Chevalier à la charrette

/ Enfoui. L’univers des pages. Leur nombre énorme sous l’épaisse couverture illustrée. Je n’ai pas eu à décider. Avancé comme à tâtons, bousculé par des consonances insensées, cahoté sur des chemins ravinés ; dégel. Trottant en troïka, sautant de malle-poste en tarantass, en kivitka… Il sait qu’on l’appellera, il a confiance, on viendra le chercher. Perdu aux confins, Sibérie, Sibiria, il Continuer la lecture#enfances #03 | Le Chevalier à la charrette

#enfances #02 | le lit

Le lit, c’est s’allonger dessus, se vautrer, en grenouille, à plat ventre, pivoter, se retourner, se relever et s’effondrer dessus au risque de ruiner la literie. Le lit couine, c’est qu’il est vivant. Dessus, douillet, mais dessous, recèle des secrets, des livres en pagailles, des BD, des dessins, des images découpées dans des magazines, les magazines eux-mêmes, de la nourriture Continuer la lecture#enfances #02 | le lit

#enfances #01 | Madame P., sa fille, son gendre

Plus net que son visage qui s’est effacé avec le temps, il reste le peigne dans la chevelure épaisse, très brune, remontée sur le haut de la tête. Et un jour, sans doute de fête pour elle, le très ajouré de mantille. Plus fort que les couleurs de la nappe ou la disposition des meubles, deux odeurs persistent. Il y Continuer la lecture#enfances #01 | Madame P., sa fille, son gendre

#enfances #03 | Asie(1)

Retour de Roissy, le monde entier dans l’aéroport puis dans le RER. En à peine trente kilomètres, un voyage entre langues, couleurs de peaux, vêtements. Après, dans le métro, ces enfants, un groupe, une classe peut-être, l’œil vif, l’énergie à fleur d’oreille, clavier de téléphone alerte. Savent ils que, dans ce wagon, à quelques centimètres d’eux, quelqu’un dont l’habitude est Continuer la lecture#enfances #03 | Asie(1)

#enfances #00 | noyée dans le blanc

Perdue. Seule dans le froid et du blanc à perte de vue. Sapin à droite équivaut à sapin à gauche. Tous les sapins se ressemblent. Le blanc ressemble au blanc et elle est noyée dedans. Ce qui monte au ventre : la peur. La pente est verglacée. C’est au moins une noire, se dit-elle. Peut-être vaut-il mieux descendre en escalier, en Continuer la lecture#enfances #00 | noyée dans le blanc

#enfances #03 | sa force

Enfance 3 Perdue Perdue. Perdue pourquoi. Ou est-ce l’absence ? La disparition qui la perd. La fuite progressive. Elle, c’est une fuite. Parce que fuir c’est se perdre. Fuyant, désapprenant ce qui a été appris, balayant tout sur son passage : une certaine idée du néant. Perdue ou rebelle ? Refusant, réfutant, tête obtue de bête perdue. Niant les fondations pour Continuer la lecture#enfances #03 | sa force

#enfances #03 | une quête

Perdu… pourtant désireux de franchir l’incompréhension, s’entêtant, revenant un peu en arrière jusqu’à ces mots à partir desquels il a buté, comme prenant élan, s’arrêtant, laissant pénétrer les idées. Perdu, pourtant certain que cela lui importe, son front penché sur la page, ses yeux qui se lèvent, trouvent la lumière de la fenêtre, trouvent mes yeux, se détournent pour refuser Continuer la lecture#enfances #03 | une quête

#enfance #03 | des pentes

Perdue. Perdue pourtant. Un perdu de fille. Une fille perdue… Nous y sommes dans ce creux des divergences, expérience Perdue à explorer doucement, avec précaution. Il ne s’agit pas de pleurer, à cet instant, en pleine ville, la ville aux quartiers perchés qui affole le souffle, la ville aux inconnus à qui ne pas parler, n’avoir confiance qu’en un unique Continuer la lecture#enfance #03 | des pentes

#enfances #03 | mangement

Mangé. Dans la boîte inutile de bois gaspillé. Dans la boîte que la loi oblige, obligatoirement facturée. Conformité de la boîte, protocole respecté. Je ne sentirai pas les flammes mangeant, dévorant ce que je ne suis plus. Il est mangé de barbe, de poils, de mauvaises herbes, de chiendent, de lichens, de lierre, de mousse. Il est dévoré par le Continuer la lecture#enfances #03 | mangement

#enfances #03 | éveillée

I Éveillée. Adossée dans l’ombre striée de la chambre. Dehors, le ciel indigo et dessus, en filigrane, la découpe brune des arbres qui s’agite. Une brûlure de lumière scinde la pièce par l’entrebaillement.Éveillée, mais calme. Il n’est pas si tard. J’entends encore le bourdonnement des grands qui s’attardent dans la cuisine, le tintement des couverts, et l’ourlet de leurs bruits Continuer la lecture#enfances #03 | éveillée