#enfances #03 | Le préau

Escalader. Pourquoi ? Dès mon plus jeune âge, j’ai su qu’escalader serait ma vie. J’escaladais les talus abrupts et escarpés, je grimpais évidemment aux arbres. Si on m’avait demandé pourquoi j’escaladais, j’aurais été bien en peine de répondre. J’étais incapable de mettre des mots sur ce qui se produisait. Un jour, j’ai escaladé plusieurs murets de différentes hauteurs et me suis Continuer la lecture#enfances #03 | Le préau

#03 enfances Perdue, apeurée et pourtant…

Pourquoi, là, maintenant, gravit-elle les marches serrées, glissantes de cet escalier bleu et blanc, tel un tourbillon, un maelstrom qui l’attire vers le ciel incandescent ? Elle doit atteindre le sommet. Pourquoi, se dit—elle, tenter l’impossible ? Elle ne pourra pas le faire, elle le sait, ce grand saut dans le vide. Trop perdue, apeurée. Je la vois pourtant qui s’agrippe à Continuer la lecture#03 enfances Perdue, apeurée et pourtant…

#enfances #03 | s’enfoncer dans l’arbre

Perdue. Sensation familière puisque connue depuis l’enfance, ça vient de loin, ça vient du cœur de l’été quand déjà le soir mange un peu de lumière au jour. Perdue, pourtant je ne m’en rends pas compte — même si j’ai la vague intuition qu’on va s’inquiéter pour moi —, peu à peu glissant pénétrant m’enfonçant dans le feuillage, rentrant presque dans l’arbre, Continuer la lecture#enfances #03 | s’enfoncer dans l’arbre

#enfances #03 #01 | cheveux

la perte. dis d’elle la pertec’est impossible c’est impossiblela perte inaperçuealors désigne, fais advenir   alors prie  quels cheveux  quelle est la couleur de ces cheveux    est-ce que c’est ça blond vénitienquels cheveux mais quels cheveux  et cette peau    et le bleu de ces yeux cela pleut sur elle, cette enfant, cela pleut, glisse ne dit-on les compliments pleuvent, c’est Continuer la lecture#enfances #03 #01 | cheveux

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture

#enfances #03 | Passer

Mais par où ?  Là, c’est interdit. Trop au bord. Trop lisière. Ils ont brandi le mot. Mais c’est quoi lisière ? Ils parlent du danger et moi je ne vois pas de quoi ils parlent. Je vois forêt, avec tout du long un petit fossé séparant le sombre des branches basses et le clair des champs attenants.  En descendant dedans, pour Continuer la lecture#enfances #03 | Passer

#enfances #02 | Sans chaussures dedans

Rarement chauffée, la toute dernière chambre, au fin fond du couloir. Tante Didi, sœur aînée de ma grand-mère maternelle et de sa sœur jumelle, a traversé deux guerres comme maitresse dans l’école des garçons, un peu dans la Creuse pendant l’exode puis en pleine Beauce où nous la retrouvons chaque été en août, mon frère et moi. Elle a l’habitude Continuer la lecture#enfances #02 | Sans chaussures dedans

#enfances #03 | elle écoute aux portes

Gravissant l’escalier qui mène à l’étage, m’arrêtant à mi-parcours pour m’asseoir sur une marche, là où une fenêtre donne en hauteur sur le jardin. Jamais je ne franchirai le seuil de la porte de la cuisine. Là, assise sur ma marche, j’écoute aux portes. Je suis entre deux mondes, celui du haut, celui du bas, spectatrice auditive des bruits de Continuer la lecture#enfances #03 | elle écoute aux portes

#enfances #03 | Prendre la parole imposer sa présence ouvrir

(1) Frapper à la porte. Attendre. Attendre encore. Quand les ruines l’auront autorisé quand les ruines m’auront remarqué toléré par le silence j’ouvrirai. Attendre, attendre. Je m’imposerai. Frapper timidement caresser la porte avec précaution attendre l’apocalypse,s’éloigner enfin. (2) Frapper à la porte imposer sa présence partir, peut-être.Les murs ont grondé. Incessant le brouhaha fissure mon crâne. Les murs ont des Continuer la lecture#enfances #03 | Prendre la parole imposer sa présence ouvrir