#enfances #03 I Voler ou presque

Postée sur la plate-forme surplombant la grange pleine de foin, elle regarde vers le bas, les yeux écarquillés. Le dénivelé est énorme. Se pencher. Pourquoi ? Tête en avant, le reste du corps basculé vers l’arrière, elle s’arrime au plancher, jupe rouge coincée entre les jambes, genoux verrouillés. Le vide représente cinq fois la hauteur de son corps. Calculer. Ma taille multipliée Continuer la lecture#enfances #03 I Voler ou presque

#enfances #03 #02 | Cela n’arrive pas

Perdue. Cela n’arrive pas. Bien plutôt, j’aurais cherché à me perdre, prise de colère ou de peine ou de prière, m’en allant, courant parfois, revenant, découragée, dégoûtée de n’avoir pu aller jusqu’à la vraie aventure, se perdre, être perdue et qu’on la retrouve à la nuit tombée. A la nuit enfin tombée. Que son nom s’élève porté par des voix Continuer la lecture#enfances #03 #02 | Cela n’arrive pas

#enfances #00 | Les jumelles

La lanière autour du cou, une main de chaque côté pour la stabilité, et pour bien les tenir, l’index sur la molette pour faire la mise au point et les yeux bien collés au milieu des œilletons. Les jumelles, il les a eues pour Noël, alors, faire bien attention, suivre les consignes de son père qui a fini son petit discours Continuer la lecture#enfances #00 | Les jumelles

#enfances #03 | Action ou vérité

Saute. Ils ont tous sauté. La peur me donne envie de pisser. Je peux pas sauter. Je sais pas sauter, ni glisser sur un toboggan, ni… faire claquer le soutif des filles, ni les éclabousser à la rivière… quand elles se fâchent, je crois que c’est pour de vrai. Sauter, s’écraser. Où ça s’arrête quand on tombe ? Je vois bien Continuer la lecture#enfances #03 | Action ou vérité

#enfances #03 | Le préau

Escalader. Pourquoi ? Dès mon plus jeune âge, j’ai su qu’escalader serait ma vie. J’escaladais les talus abrupts et escarpés, je grimpais évidemment aux arbres. Si on m’avait demandé pourquoi j’escaladais, j’aurais été bien en peine de répondre. J’étais incapable de mettre des mots sur ce qui se produisait. Un jour, j’ai escaladé plusieurs murets de différentes hauteurs et me suis Continuer la lecture#enfances #03 | Le préau

#03 enfances Perdue, apeurée et pourtant…

Pourquoi, là, maintenant, gravit-elle les marches serrées, glissantes de cet escalier bleu et blanc, tel un tourbillon, un maelstrom qui l’attire vers le ciel incandescent ? Elle doit atteindre le sommet. Pourquoi, se dit—elle, tenter l’impossible ? Elle ne pourra pas le faire, elle le sait, ce grand saut dans le vide. Trop perdue, apeurée. Je la vois pourtant qui s’agrippe à Continuer la lecture#03 enfances Perdue, apeurée et pourtant…

#enfances #03 | s’enfoncer dans l’arbre

Perdue. Sensation familière puisque connue depuis l’enfance, ça vient de loin, ça vient du cœur de l’été quand déjà le soir mange un peu de lumière au jour. Perdue, pourtant je ne m’en rends pas compte — même si j’ai la vague intuition qu’on va s’inquiéter pour moi —, peu à peu glissant pénétrant m’enfonçant dans le feuillage, rentrant presque dans l’arbre, Continuer la lecture#enfances #03 | s’enfoncer dans l’arbre

#enfances #03 #01 | cheveux

la perte. dis d’elle la pertec’est impossible c’est impossiblela perte inaperçuealors désigne, fais advenir   alors prie  quels cheveux  quelle est la couleur de ces cheveux    est-ce que c’est ça blond vénitienquels cheveux mais quels cheveux  et cette peau    et le bleu de ces yeux cela pleut sur elle, cette enfant, cela pleut, glisse ne dit-on les compliments pleuvent, c’est Continuer la lecture#enfances #03 #01 | cheveux

#enfances #02 I La boite à couture

Je ne sais pas jeter. Elle non plus. C’était un plaisir d’aller chez elle, d’autant plus grand qu’elle nous laissait fouiller dans ses affaires. Elle s’appelait Marie. Marie Noël. Un nom savoureux. C’était ma grand-mère. Elle aussi était savoureuse, d’une douceur de pain d’épices. La voix veloutée et claire. Comme les yeux. Elle ne savait pas jeter. Ni moi non Continuer la lecture#enfances #02 I La boite à couture