#enfances #04 | Pas de chambre

En ce temps-là, pas de chambre dans la maison où me rapatriaient rougeole, oreillons, rubéole ou maladies plus banales. Pour se tenir au chaud, la cuisine et sa cuisinière à charbon. Tout, dans la cuisine ! Le petit fauteuil en rotin juste à ma taille, et aussi possible de s’y mettre debout aussi pour faire l’agent de la circulation. Les livres Continuer la lecture#enfances #04 | Pas de chambre

#enfances #04 | la distance de l’infinitif pour le corps écrivant

La chambre de l’enfant où il ne règne pas, c’est un domaine où il ne pénètre pas, c’est le territoire de la mère. Lui, passe devant la porte, encadre son corps dans l’ouverture. Le tablier blanc qui s’arrête à mi-cuisse du pantalon, avec son col en V. La chemise par-dessous, avec le col qui dépasse. Tout est en place. Tout Continuer la lecture#enfances #04 | la distance de l’infinitif pour le corps écrivant

#enfances #04 | respire

Lorsqu’on a acheté des lits aux garçons (ils étaient tous les deux dans la même chambre) pour remplacer ceux qui venaient de là-bas (qui étaient venus avec le cadre et le reste des meubles) ils n’ont rien trouvé de mieux que de se jeter dessus du haut de l’armoire – c’est ainsi qu’ils en ont cassé un – après le Continuer la lecture#enfances #04 | respire

#enfances #04 | coqueluche

Les contours d’un état. Celui qui laisse à l’intérieur une forme de coquille, un mot. De quoi rappeler tout le reste. Être malade ou avoir la maladie. Il faudrait savoir. Celle dont on parle en chuchotant. La dangereuse. Être là, à retourner dans tous les sens le mot qui vient de remonter en forant lentement un tunnel étroit. Ils l’ont Continuer la lecture#enfances #04 | coqueluche

#enfances #04 | Le lit bateau

Les paupières se soulèvent, elle se redresse sur les coudes et retombe sur l’oreiller. Le ciel s’est voilé. Elle est malade. Attendre que le souffle s’apaise pour appeler sa mère. Elle n’ira pas à l’école. Pas une rémission mais une démission, elle aime tant apprendre. Elle voudrait tout savoir. La maladie est un retrait, un refuge ou bien un piège. Continuer la lecture#enfances #04 | Le lit bateau

#enfances #04 | singulier

Ce matin, le père est parti, pas n’importe où : il est parti à la guerre qu’on n’appelle pas une guerre mais eux semblent savoir que c’en est une, ils se sont regardés, parlé bas, frôlés, évités, embrassés et il est parti. Pas une heure après, l’enfant est pris de quintes de toux bizarres, son front est chaud, de la Continuer la lecture#enfances #04 | singulier

#enfances #04 | Le corps étranger

Ne pas rester au lit quand on est malade, c’est plutôt ça l’expérience de l’enfance. Ne pas rester au chaud, ne pas avoir de pantoufles, ne pas porter de robe de chambre. Marcher pieds nus sur le carrelage. Ne pas s’enrhumer par les pieds, ne pas attraper froid, ne pas laisser la chaleur s’échapper par la tête. Ça n’existe pas. Continuer la lecture#enfances #04 | Le corps étranger

#enfances #04 | Le chien-loup

Un matin comme les autres. Son lot de rêves, leurs images persistantes ; moiteur, mollesse, bourdon d’oreilles. Passage, porte ouverte, le père, au-revoir, recommandations… l’école… debout ! Le froid, soudain, cette bouffée de sueur, le dos glacé, frissons comme une houle, des genoux au menton ; image du chien-loup sur le mur, au-dessus du radiateur, instable, oscillante. Appel de la mère « Tu vas Continuer la lecture#enfances #04 | Le chien-loup

#enfances #02 | La porte secrète

14/11/2023 La cuisine de Mémé Alice. Verte. Comment dit-on déjà…Pastel. C’est ça, vert pastel. Brillant. Ce n’est pas que je ne m’en sois jamais aperçue, je sais depuis toujours, depuis que je l’ai vu tous les matins de cette année passée chez elle, dans sa cuisine, et même avant. Mais j’ai beau tapé « cuisine années cinquante » dans Gogol Images, non Continuer la lecture#enfances #02 | La porte secrète

#enfances #04 | mâcher

Malade, c’était être mieux. Et mieux loti d’abord parce que déplacé, transporté, confié aux grands-parents qui abandonnaient leur chambre pour l’enfant fiévreux. Avoir un espace à soi, pour soi, pour n’y rien faire d’autre qu’être là, étonné et attentif aux lumières du matin, aux bruits de la rue, à l’odeur d’un lait chaud sucré de miel. Recevoir à la fin Continuer la lecture#enfances #04 | mâcher