#enfances #01 | Viandes

Elle pousse le battant de verre, lourd. Quand il fait chaud, la porte reste ouverte sur la rue. Mais c’est mars, l’incertain. Derrière la vitrine réfrigérée qui contient les plateaux de viande, le boucher travaille en bavardant. L’homme est maigre dans son tablier taché de sang, pâle, de minuscules veines rosées s’étalent sous l’œil. Le cou est pris dans le Continuer la lecture#enfances #01 | Viandes

#enfances #01 | Et deux font trois même quatre …

Une princesse La princesse attend dans le grand salon, annonce l’homme dès l’entrée. Une princesse : une promesse. Un livre à ouvrir. Un palais. Un joyau. J’imagine le diadème posé sur la blondeur, la pâleur, l’azur de la robe… Une vraie princesse attend d’être découverte… « Enfin ma chérie!  tire sur ta robe ton jupon dépasse ». Une camisole de volants enserre mes hanches. Continuer la lecture#enfances #01 | Et deux font trois même quatre …

#enfances #01 | A trois pattes

La grand-mère maternelle La grand-mère maternelle habite une case en bois sans eau et sans électricité posée sur quatre grosses roches. L’enfant rechigne à y aller. La grand-mère n’a pas de temps pour les enfants. Elle les embrassent avec le bout de son nez et ne leur adresse jamais la parole sauf peut-être pour demander si ils travaillent bien à Continuer la lecture#enfances #01 | A trois pattes

#enfances #01 | Un dimanche en ville, les poupées russes et le salon défendu.

Un dimanche peut-être, le chemin est toujours le même, l’enfant monte dans l’automobile, la Fiat bleu marine le modèle poche, et ils vont au marché, prendre de la viande de cheval, la moins chère, mais aujourd’hui, on va en ville sans faire le marché. Elle a mis son tailleur bleu et remonté ses cheveux en un grand chignon, ses cheveux Continuer la lecture#enfances #01 | Un dimanche en ville, les poupées russes et le salon défendu.

#enfances #01 | figures et gestes

Elle, c’est la FranceElle, c’est la France chez nous. Elle a de longs cheveux lisses. Ils ne sont pas noirs, on la dit blonde. Plus tard j’apprendrai à qualifier les châtains, j’apprendrai les nuances. À chaque visite je guette les nouveaux mots de notre langue, ça trébuche entre ses lèvres gaies. Ma grand-mère ne parle pas français, j’écoute leurs conversations Continuer la lecture#enfances #01 | figures et gestes

#enfances #01 | tourniquet

Pas loin, derrière la grille sur laquelle s’appuie le poulailler, un terrain vague où s’installe un chapiteau, un ou deux mois, repartent, reviennent. Les regarder monter l’immense tente est un grand bonheur du père. La plupart du temps nous les regardons de la grille de la maison mais soudain, n’y tenant plus il nous entraine : chèvre, cheval, rarement un Continuer la lecture#enfances #01 | tourniquet

#enfances #01 | Chez les vieux

Madame LefrançoisLe matin, quand Madame Lefrançois n’était pas là, je glissais sur la rampe en plastique doré jusqu’au rez de chaussée. Mais quand l’odeur d’alcool ménager se mêlait aux effluves de café jusqu’à l’étage, je descendais pieds nus sur la moquette, comme une bonne petite fille. Madame Lefrançois avait des yeux clairs qui ressemblaient à des fenêtres, et se plaignait Continuer la lecture#enfances #01 | Chez les vieux

#enfances #01 | Collège

Monsieur Rutabaga, Son nom exact, je l’ai oublié. Rutabaga c’était le surnom que lui donnait certains élèves car il avait écrit un livre qui s’appelait « les rutabagas ». Chaque dernier cours avant les vacances scolaires, il nous lisait un livre. Nous l’écoutions attentifs, embarqués par l’histoire et l’heure passait trop vite. Le premier c’était La planète des singes, puis Les Chroniques Continuer la lecture#enfances #01 | Collège

#enfances #01 | Trois figures près du perron

L’endroit est le même : pas très loin des quelques marches qui donnent sur la bouche de la maison, celle du premier domaine. Des pas lourds et lents : Amado. Il porte un seau et un gros sac. Dedans : peut-être ce qui le ralentit et lui pèse. Il arrive du jardin ou du bois sombre, on ne sait pas. Il vient de Continuer la lecture#enfances #01 | Trois figures près du perron

#enfances #01 | rares qui reviennent

Si de mon enfance j’ai refoulé tant de choses au point de n’en savoir rien et de continuer à vouloir n’en rien savoir, ce n’est pas pour ouvrir à présent, au prétexte d’une prétendue écriture, la boîte de Pandore que je tiens soigneusement éloignée. Cependant, non sans bonheur, reviennent et demeurent toujours… Monsieur Bonnot Des collections de pinceaux, têtes en Continuer la lecture#enfances #01 | rares qui reviennent