autobiographies #02 | elle et eux

Elle était volumineuse et ferme, roc tendre, solide et accueillant. Elle n’était pas humble, ce mot ne figurait ni à son vocabulaire, ni dans sa pensée, sa nature, elle était simple et fine. Elle ne cherchait pas à améliorer sa vie, son sort, elle l’acceptait, l’endossait. Elle l’embellissait des petites gentillesses qu’elle prodiguait et de ce qu’elle recevait parfois, souvent, Continuer la lectureautobiographies #02 | elle et eux

autobiographies #03 | lot d’arbres d’occasions

Codicille : après avoir beaucoup tourné dans la forêt du manque de temps, je m’assieds à ma table de travail. Je ne parviens pas jusqu’à cet arbre autobiographique. Je me désole. J’aime les arbres et je ne veux pas perdre de vue le groupe de mes camarades que je vois avancer sur ce sentier. D’un coup, je suis seule. Je n’irai Continuer la lectureautobiographies #03 | lot d’arbres d’occasions

autobiographies #03 | arbre à mondes

Écorce épaisse, creusée profond de rides où enfoncer le bout des doigts. Rugueuse peau reptilienne. Sous l’arbre à l’automne, ça puait l’âcre d’une fosse aux crocodiles. Le moisi des feuilles mortes chauffait l’herbe pelant par plaques. Elle sentait sous la croûte battre le sang de la terre écorchée. S’y mêlait les humeurs rances d’entre les cuisses quand elle s’accroupissait. Arbre Continuer la lectureautobiographies #03 | arbre à mondes

autobiographies #03 | avant de regarder…

avant de regarder encore d’anciennes gravures eaux -fortes lui rappelant par la même occasion l’existence de certains grands orfèvres arabes du moyen âge  il se  met à dessiner sur du papier jaune chaud des formes au fusain et au pastel à l’huile alternant les traits de silhouettes fluides de regards liquides et ceux d’une nature assez vite esquissée presque jaillie Continuer la lectureautobiographies #03 | avant de regarder…

autobiographies #02 | avant de rentrer…

avant de rentrer chez lui ce jour de juillet Felice Maniero s’embarque seul à bord du vaporetto lent s’enfile sous un pont qui alors qu’il s’en éloigne dessine un œil géant puis petit on dirait d’après réglage de focale il pense comme souvent à sa mère le yacht Lucia à qui il a donné son nom lui a valu son Continuer la lectureautobiographies #02 | avant de rentrer…

autobiographies #03 | negundo

Un arbre. Celui puissant vu récemment arbre pas arbre portrait d’arbre devenu repère modèle référence de tous ces arbres croisés depuis compagnons d’errance ou de marche forcée. Mais de l’enfance, je ne sais. Il y avait bien cet arbre au milieu du jardin. On l’appelait l’érable, on ne sympathisait pas. Nous ne soupçonnions pas qu’il avait un autre nom : Continuer la lectureautobiographies #03 | negundo

autobiographies #03 | toujours un arbre

Celui déraciné par la tempête, couché sur la route il empêche le docteur de venir assister sa naissance, scié, découpé, il devient un petit lit aux barreaux polis, doux au toucher de ses petits doigts, transformé pour la protéger, allongée elle le contemple ; celui des Landes, celui qui sent, celui qui s’appelle Pin, avant de le rencontrer elle le lit Continuer la lectureautobiographies #03 | toujours un arbre

autobiographies #03 | le cèdre de Garches

Ce cèdre-là est d’aquarelle, du Liban et de Garches. En un tour de main il a poussé sur le papier-torchon – le tour de main et le papier-torchon, c’est la règle avec l’aquarelle. Il se frotte aux vitres coulissantes de la chambre, les embrasse tout entières – comme ça qu’il s’est glissé jusqu’à l’eau du papier. La nuit, il absorbe Continuer la lectureautobiographies #03 | le cèdre de Garches

autobiographies #03 | Chercher l’arbre

« Arbre ». Je me souviens que je détestais ce mot. Pas les arbres, le mot. Les arbres, je ne pouvais pas les détester, je ne savais pas ce que c’était. De chez mes parents à l’école, il n’y en avait pas. J’en voyais dans mes livres de classe. Ils n’avaient pas d’odeur, pas de forme, pas de nom. Ils étaient tous Continuer la lectureautobiographies #03 | Chercher l’arbre

autobiographies #03 | à l’image du pin

D’immenses troncs rectilignes qui barrent la vue. On renverse sa tête en arrière pour entevoir un peu de vert. Le sol sablonneux couleur terre, les aiguilles formant un tapis, moelleux et piquant à la fois. Le craquement quand on marche sur la branche morte qui a osé faire le saut dans le vide. C’est aussi le parfum des marches d’été Continuer la lectureautobiographies #03 | à l’image du pin