autobiographies #03 | l’arbre est là

Il est là, l’arbre, dans toutes ses données génétiques, dans toutes ses empreintes qu’il laisse, à l’automne, ses feuilles tombant à terre. C’est d’ailleurs à l’automne qu’on voit qu’il y avait un nid. Un nid de pigeons voyageurs qui sont venus se lover au creux des branches de ce cerisier pour s’y reproduire et donner naissance à de nouveaux pigeons. Continuer la lectureautobiographies #03 | l’arbre est là

autobiographies #09 | chemins de traverse

De cette maternité toulonnaise dont je n’ai aucun souvenir, je traverse. De ces multiples maisons d’enfance, déménagées et emménagées, brinquebalée, je traverse. De ce territoire palestinien où à chaque aube, chante et m’émeut le muezzin, je traverse. De Londres avant le Brexit, je traverse. De ce premier appartement parisien de la rue Paul Bert, avec sa petite cuisine, sa petite Continuer la lectureautobiographies #09 | chemins de traverse

autobiographies #01 | trois couleurs verre

Sur une chaise haute au comptoir de bois sombre, elle attend. Elle connaît le temps de son attente, long parfois, toujours défini. L’horaire du chemin de fer est précis. Des lampes aux globes verts, vitreux et dépolis, suinte une lumière gluante qui a du mal à trouver sa voie dans l’épaisseur de l’air ambiant. Tout le décor est imprégné de Continuer la lectureautobiographies #01 | trois couleurs verre

autobiographies #07 | en enfilade

« Laissez le groom fermer la porte », avec le dessin en pied d’un petit groom casquette à la main, sur la plaque apposée au montant central de la double porte vitrée, en bas de l’immeuble où habitait ma grand mère. Dans mon souvenir, le cadre des deux vantaux et la partie du bas est d’un brun clair, luisant, comme de l’acajou, Continuer la lectureautobiographies #07 | en enfilade

autobiographies #04 | coïncidences

Là, assis au milieu de la pièce, jambes croisées, mains jointes, sur la chaise qu’elle est allée chercher pour lui à la cuisine, une belle chaise, une Van Gogh, un bel homme aussi, tout à fait son type se dit-elle, un brun aux traits fins, à la peau claire, Kabyle peut-être ? Il paraît très tendu, le pied se balance révélant Continuer la lectureautobiographies #04 | coïncidences

autobiographies #09 | l’espace d’un instant

Lorsque Louise traversa la salle du restaurant, elle remarqua le jeune homme au regard vif qu’elle avait croisé un peu plus tôt dans le métro. Passant de table en table, il tendait aux clients une tige aux minuscules fleurs mauve-pâle, ces fleurs qui donnaient l’impression d’avoir été volées la firent sourire. L’espace d’un instant elle se retrouva devant la porte Continuer la lectureautobiographies #09 | l’espace d’un instant

autobiographies #08 | point-virgule

Escalier de 7 marches en pierres recouvertes de mousse glissante; porte en bois grise; grosse clé rouillée; sol en gravier-sable-poussière; murs épais recouverts de moisissures de champignons, odeur de renfermé; de pourri; aucune fenêtre; aucune aération; au moins 70% d’humidité; la porte en bois grise restée ouverte permet d’y voir un peu; jouets d’enfants empilés, cantines noires, grises, bleues; piles Continuer la lectureautobiographies #08 | point-virgule

autobiographies #04 | dédale

Non. Voilà bien un mot que j’aime : non. Te souviens-tu de ton premier Non ? Cette colère en moi enterrée mais pas morte, ça ressort au moment où on s’y attend le moins et c’est bon, non, un choc qui vient du ventre, de profond. Le téléphone a sonné, j’ai commis l’erreur de décrocher et depuis la phrase précédente, je continue Continuer la lectureautobiographies #04 | dédale

autobiographies #02 | Portraits félins

Elle avait la tête d’un chat angora, la Jeanne. Elle n’avait pas épousé Tarzan mais un petit maçon qui avait construit son pavillon dans les années 50. Non seulement elle avait une tête de chat angora, mais elle en avait les poses lascives quand elle prenait son thé dans la petite bibliothèque, l’ancienne chambre coincée entre la salle de bains Continuer la lectureautobiographies #02 | Portraits félins